SACHER-MASOCH Léopold von
SACHER-MASOCH Léopold von (Sacher-Masoch publia certains de ses ouvrages sous les pseudonymes de Charlotte Arand et Zoé von Rodenbach). Ecrivain autrichien. Né le 27 janvier 1836 à Lemberg, mort le 9 mars 1895 à Lindheim dans la Hesse. Son père occupait un poste assez important dans la police de Galicie. Pendant son enfance, Sacher-Masoch fut très mêlé à la vie du petit peuple et des paysans ukrainiens et, à partir de 1848, il reçut une éducation allemande à Prague. Il commença ses études dans cette même ville, puis à Graz où il fut reçu docteur en droit, fut « habilité » en histoire après avoir présenté une étude sur La Révolte de Gand [1857], se battit en Italie en 1859, puis revint s’installer comme professeur à Lemberg. Cependant, il résilia bientôt ses fonctions, préférant se consacrer exclusivement à son activité d’écrivain qui fut du reste considérable. En 1880 il est rédacteur des Cahiers des Belles-Lettres qui paraissent à Budapest et, de 1881 à 1891, rédacteur du feuilleton de la Neue Badische Landeszeitung à Mannheim. Parallèlement il dirige et édite à Leipzig la revue Sur les hauteurs [1881-1884]. En 1873 il s’était marié avec Aurora von Rümelin qu’il poussa à écrire et qui signa ses romans et nouvelles du pseudonyme de Wanda von Dunajew. Elle le quitta et partit pour Paris où ils divorcèrent en 1886. Elle a publié des mémoires, Les Confessions d’une vie [1906], assez mensongers, surtout en ce qui concerne son ancien mari. Sacher-Masoch fut un écrivain extraordinairement fécond et on lui doit plus de cent romans ou recueils de nouvelles. La plupart de ces œuvres ont pour fond les divers milieux qu’il a connus depuis son enfance jusqu’à sa vie de publiciste et d’homme de théâtre. Ses meilleurs « récits du monde du théâtre » constituent le recueil de vingt-quatre nouvelles, La Fausse Hermine [Falscher Hermelin, 1873 et 1879] dont l’une a pour titre : « O quelle volupté d’être battu ». Cependant le talent de Sacher-Masoch atteint à une plus grande force dans ses Histoires juives polonaises [1886] et surtout dans ses Histoires galiciennes (1876) pleines aussi d’un réalisme piquant et coloré. Le pessimisme profond qui baigne tout L ’ouvrage et qui sera poussé jusque dans ses conséquences extrêmes dans les romans suivants — dont Vénus en fourrure — donnera naissance à cette forme de sensualité morbide et de particularité caractériologique que le psychiatre R. von Krafft-Ebing qualifia de « masochisme ».