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Roman d’aventures Roman des origines Roman-feuilleton Roman historique Roman noir Roman picaresque Roman policier

Roman d’aventures. Roman où l’intrigue faite de péripéties saillantes est particulièrement importante. «Leurs histoires sont pleines de feu, de passion, de pittoresque et de rebondissements et ils n’ont aucun préjugé contre le surnaturel », écrit Stevenson à propos des auteurs des romans de ce type. Les événements y sont plus importants que les personnages et l’imagination l’emporte sur le réalisme. Le roman d’aventures est un roman d’évasion, qui peut prendre différentes formes : roman noir, roman policier, roman d’exotisme, roman de la mer, roman de guerre, roman de voyage, etc. Les épreuves y sont souvent importantes et l’amour peut y tenir une place non négligeable. Le roman d’aventures existe depuis l’Antiquité. Les romans de chevalerie du Moyen Age, le roman picaresque, le roman historique du XIXe sont des romans d’aventures, mais le roman d’aventures au sens strict, pourrait-on dire, naît à la fin du XIXe siècle en Angleterre avec Stevenson, Conrad, Jack London ou Kipling. En France, on peut citer Jules Verne, et au XXe siècle des auteurs comme Blaise Cendrars, Pierre Benoît ou Mac Orlan. Dans la mesure où il n’existe plus de contrée inconnue à découvrir au prix de toute une série d’actions prodigieuses, le roman d’aventures se réfugie souvent dans la science fiction. Roman des origines. Concept forgé par Marthe Robert à partir du concept freudien de «roman familial», apparu en 1909, qui caractérise le mode fantasmatique sous lequel l’enfant vit les relations familiales. Lorsqu’il s’imagine être un enfant trouvé, il nie la réalité et s’évade dans un monde chimérique; s’il se croit un bâtard, il est alors mû par une volonté de revanche et éprouve le désir d’agir sur le réel. Ces deux types de fantasmatique constituent, pour Marthe Robert, le «roman des origines». Elles seraient, selon elle, à l’origine des deux orientations majeures de la littérature romanesque : le merveilleux, qui transporte le lecteur dans un monde autre, et le réalisme, qui veut rendre compte de la réalité. Si le concept freudien est d’une pertinence indéniable en psychanalyse où il rend compte de la réalité clinique, l’utilisation qu’en fait Marthe Robert en littérature, réductrice, est sujette à caution.
Roman-feuilleton. Roman à épisodes qui paraissent dans des journaux ou des revues. Le roman feuilleton naît au XIXe siècle avec la création en 1836 de La Presse d’E. de Girardin et du Siècle d’A. Dutacq, journaux quotidiens à prix réduit, qui vont utiliser le succès de ces romans pour s’attirer un public. Le roman-feuilleton est donc lié au développement et à la libéralisation de la presse sous la monarchie de Juillet. Il est ainsi nommé parce que les tranches de romans publiées périodiquement sont d’abord insérées dans le feuilleton du journal, c’est-à-dire dans un espace réservé en bas du journal, d’où elles vont peu à peu chasser les autres rubriques qui y figuraient. Les premiers romans-feuilletons sont des romans historiques ou des romans de mœurs. La plupart des romans du XIXe siècle sont d’abord publiés sous ce mode, et il faudra attendre le xxe siècle et le développement des collections populaires pour que le livre supplante le feuilleton. Dans la première période Balzac et G. Sand, mais surtout Eugène Sue (Les Mystères de Paris, 1842-1843), Dumas (Le Comte de Monte-Cristo, 1844), Paul Féval (Les Mystères de Londres), puis Dumas fils, Ponson du Terrail (Rocambole), enfin Xavier de Montépin (La Porteuse de pain), Zévaco (Pardailhan), Emile Gaboriau, Georges Leroux, Maurice Leblanc, Gustave Lerouge, Arthur Bemède (Judex et Belphégor) sont les grands noms du roman-feuilleton. Si la veine historique reste toujours représentée, la veine sentimentale, qui aboutira aux romans de Delly ou Max du Veuzit, se développe peu à peu. Surtout, sous l’influence de la presse à faits divers, on assiste au développement du roman criminel et policier (Arsène Lupin de Leblanc, Rouletabille de Leroux). Dans les années 15, le roman-feuilleton est lié au cinéma auquel il procure un grand nombre de scénarios. Ces cinéromans déclineront après 1920. Les romans-feuilletons, du fait de leur support et de leur mode de parution, recherchent l’effet dramatique comme dans le mélodrame et sont souvent sensibles à l’actualité. Même s’ils ne sont pas toujours rédigés au jour le jour, leur écriture s’en ressent également. Dans tous, le rôle du héros est prédominant, qu’il s’agisse d’un criminel, repenti ou non, ou d’un innocent persécuté, comme dans le roman noir qui l’a influencé. Roman historique. Type de roman dont l’intrigue est empruntée à l’histoire, ou dans lequel les événements historiques jouent un rôle important. Le roman historique ne relate pas nécessairement des événements réels, il peut être entièrement de fiction, mais sur fond d’une trame historique réelle. Il exprime, à travers des destinées individuelles exemplaires (c’est en ce sens qu’il est romanesque) les problèmes d’une époque (c’est en ce sens qu’il est historique). Il apparaît en France après l’Empire en même temps que le romantisme à un moment où se développent des travaux historiques liés à une philosophie de l’histoire. Walter Scott (Ivanhoé, Quentin Durward) constitue le grand modèle du genre : dans une époque de crise, des hommes ordinaires sont aux prises avec des conflits qui les dépassent parce qu’ils sont ceux de la société. Ils sont alors représentatifs des tendances et des cultures qui s’affrontent. La conception dramatique du roman de W. Scott servie par les dialogues, la création de types incarnant les forces à l’œuvre dans l’histoire influencent profondément les romanciers du xixe siècle. Mais alors que, chez lui, le roman historique manifeste surtout la volonté de comprendre les faits, chez les écrivains français, il s’agit avant tout de réfléchir et de tirer des leçons politiques et morales des événements. Vigny dans Cinq-Mars (1826) qui relate les luttes des nobles contre Richelieu sous Louis XIII veut donner «le spectacle philosophique de l’homme», Hugo, dans Notre-Dame de Paris (1831), comme beaucoup plus tard dans Quatre-vingt-treize (1874) cherche à atteindre la grandeur de l’épopée, Mérimée (Chronique du règne de Charles IX, 1828) à mettre en évidence des vérités générales à travers une relation d’« anecdotes ». Balzac, dont le premier roman, Les Chouans, est un roman historique, substituera à l’étude du passé celle de son époque avec des romans de mœurs, qui au vrai sont des romans de l’histoire présente du romancier. Au xixe siècle, le roman historique est très populaire grâce à sa diffusion dans les feuilletons (cf. Dumas père). Après la révolution de 1848, le roman historique se transforme, la conception de l’histoire se modifiant. Flaubert, avec Salammbô (1862), cherche surtout l’exotisme et le pittoresque et l’histoire n’est pour lui qu’un prétexte à s’éloigner de la bêtise de son époque. Ce roman est symptomatique de l’évolution du genre : monumentalisation décorative, réduction de l’histoire à la vie privée. Au xxe siècle, le succès du roman historique ne s’est pas démenti, avec par exemple Aragon (La Semaine Sainte), ou Marguerite Yourcenar (Les Mémoires d’Hadrien).
Roman noir. Type de roman d’aventures effrayantes, où les événements sont souvent surnaturels. Il naît en Angleterre au xviiie siècle et célèbre l’imagination, contre le réalisme. Le roman noir met en scène des innocents en proie à des brigands, des monstres, des criminels. Il baigne souvent dans une atmosphère surnaturelle de fantômes ou de démons qui hantent des lieux horribles, châteaux hantés, cimetières, forêts et landes désolées, etc. Les principaux auteurs de romans noirs en Angleterre sont Horace Walpole (Le Château d’Otrante), Nathan Drake (The Abhey of Clunedale), Clara Reeve (Le Vieux Baron anglais), Ann Radcliffe (Les Mystères d’Udolphe), et Lewis (Le Moine). En France, à côté d’écrivains comme Ducray-Duminil (Victor, ou l’enfant de la forêt, 1796) ou Révéroni Saint-Cyr (Pauliska, ou la perversité moderne, 1799), le roman noir au XVIIIe siècle a plus subtilement exercé son influence sur Rétif de La Bretonne ou Sade. Au XIXe siècle, celle de Melmoth, de Maturin, est énorme, y compris sur les poètes, comme Baudelaire. Hugo, Gautier, Balzac, Barbey d’Aurevilly, pour ne citer qu’eux, ainsi que tous les auteurs de « contes cruels » comme Villiers de l’Isle-Adam sont également les héritiers du roman noir. S’il décline malgré tout dès le milieu du xixe siècle dans la grande littérature, il se perpétue dans la littérature populaire, avec le développement du roman-feuilleton.
Roman picaresque. Roman d’aventures qui tire son nom de son personnage principal, le picaro, mauvais sujet, gueux, valet ou brigand. Le roman picaresque naît dans l’Espagne du milieu du XVIe siècle, en réaction contre les romans idéalistes et la morale aristocratique de l’honneur. Le picaro, sans naissance, sans argent, sans morale est l’envers de l’hidalgo. Après le texte précurseur de La Vie de Lazarillo de Tormes, les grands romans picaresques sont La Vie de Guzman d’Alfarache, de Mateo Alemàn (1599), et le Buscôn de Quevedo (publié en 1626). Cervantès, s’il n’a écrit aucun roman picaresque, a abordé les thèmes picaresques dans plusieurs de ses Nouvelles exemplaires. Les romans picaresques espagnols se caractérisent par un certain nombre de constantes : ils se présentent comme des autobiographies fictives, avec des récits librement insérés, et un ton ironique. Ils proposent l’itinéraire, tant géographique que social et moral, d’une vie. Ce sont donc des romans d’apprentissage, où le héros, qui est souvent le valet de plusieurs maîtres, connaît toute une série d’épreuves, dont l’amour et la prison. Au-delà de la trame faite d’aventures, ils ont une portée philosophique, et s’interrogent sur le sens de la destinée et la liberté de l’homme. Ils comportent plusieurs topoi baroques, comme le theatrum mundi et le thème du déguisement. Le roman picaresque est imité hors d’Espagne, avec en Allemagne Les Aventures de Simplicius Simplicissimus (1668) de Grimmelshausen, et en Angleterre au XVIIIe siècle Moll Flanders de Daniel Defoe (1722), Roderick Random de Smollett (1748), Tom Jones de Fielding (1749) et le tardif Barry Lindon de Thackeray (1844). En France, le seul roman vraiment picaresque est Gil Blas de Lesage, publié en plusieurs étapes de 1715 à 1735, mais l’influence du roman picaresque se fait sentir sur plusieurs œuvres comme Jacques le Fataliste de Diderot (1765) ou Le Paysan parvenu de Marivaux (1734-1735). Par ses thèmes comme par son ton ironique et souvent satirique, le roman picaresque a largement contribué à la création du roman réaliste.
Roman policier. Forme de roman qui naît au xixe siècle avec le développement de la civilisation urbaine, de la police, de la science positiviste et des techniques nouvelles d’investigation comme l’anthropométrie fondée par Bertillon (1853-1914). Il prend la suite des romans-feuilletons centrés sur le criminel, dernier avatar du héros romantique maudit et déplace son intérêt vers le policier. Balzac, avec le personnage de Vautrin dans Splendeurs et misères des courtisanes, fait donc figure de précurseur. Le roman policier met souvent en scène une énigme à résoudre, l’énigme d’un ou de plusieurs meurtres, comme chez Edgar Poe, le grand fondateur du genre. Dans le roman policier classique (Conan Doyle, Agatha Christie, Emile Gaboriau, Gaston Leroux, Maurice Leblanc), le rôle du détective est fondamental et le roman se présente comme un problème. Chez des écrivains comme Simenon, Boileau-Narcejac ou Frédéric Dard, le roman policier est avant tout un roman d’atmosphère où l’enquête est souvent prétexte à une analyse psychologique. Aux Etats-Unis, le développement du roman policier au xxe siècle est lié à celui du gangstérisme, et à l’influence du behaviorisme, qui fait que le comportement du criminel et des policiers importe plus que leurs motivations psychologiques (cf. Dashiel Hammet). C’est sous son influence que se crée en 1945 la Série noire. Depuis les années 1980, il semble que l’on assiste à un renouveau du roman policier, sans doute sous l’influence des techniques cinématographiques.

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