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RHODES

Île grecque de la mer Égée, près de la côte sud-ouest de l'Asie Mineure. Après avoir été marquée par la civilisation mycénienne, elle fut colonisée par des Doriens aux Xe/IXe s. av. J.-C. L'île fut partagée entre les cités de Lindos (à l'E.), Ialysos (au N.) et Camiros (au N.-O.). Les Rhodiens fondèrent des colonies, non seulement près de leur île, en Lycie et Cilicie, mais également en Italie (Elpiai, en Apulie), en Sicile (Géla), dans les îles Lipari et en Espagne (Rhodê). Au cours du Ve s. av. J.-C., Rhodes fit d'abord partie de la Confédération athénienne, puis elle rompit avec Athènes (412) et ouvrit ses ports à la flotte lacédémonienne. En 408, à la pointe nord de l'île, fut fondée la nouvelle capitale, Rhodes, construite sur un plan régulier attribué à Hippodamos de Milet. Au cours du IVe s., Rhodes vécut sous la domination tantôt de Sparte, tantôt d'Athènes, tantôt des dynastes de Carie (Mausole). Après avoir fait sa soumission à Alexandre le Grand (332), Rhodes expulsa la garnison macédonienne à la mort du conquérant, et elle résista au siège de Démétrios Poliorcète (305/304). C'est en souvenir de cette résistance que les Rhodiens édifièrent près de leur port le fameux Colosse de Rhodes, statue d'Hélios (vers 283 av. J.-C.), en bronze, qui fut abattue par un tremblement de terre vers 228 av. J.-C. Le Colosse de Rhodes était compté parmi les Sept Merveilles du monde. Rhodes se tint à l'écart des conflits entre les États hellénistiques, s'attachant seulement à s'assurer la liberté des routes maritimes et dominant le trafic maritime de la Méditerranée orientale. Alliée des Romains, elle conserva longtemps une indépendance prospère, mais Rome la punit de son attitude ambiguë dans la seconde guerre de Macédoine (168) en créant le port franc de Délos qui attira désormais l'essentiel du trafic. Le grand tremblement de terre de 155 de notre ère accentua son déclin. Cependant, Dioclétien fit de la ville de Rhodes le chef-lieu de la province romaine des Îles. Rhodes fut également un foyer intellectuel et artistique : ses écoles de peinture et de sculpture étaient renommées, et plus encore peut-être ses écoles de rhéteurs, dont le plus connu, au Ier s. av. J.-C., était Apollonios Molon, le maître de Cicéron. Passée dans l'Empire byzantin, l'île connut plusieurs invasions arabes aux VIIe/VIIIe s. Des marchands italiens (surtout vénitiens) s'y établirent à partir de la fin du XIe s. Les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, chassés de Palestine, s'emparèrent de Rhodes en 1309 ; ils repoussèrent les attaques des Turcs en 1444 et 1480, mais, en 1522, assiégés par Soliman le Magnifique et des forces turques considérables, ils durent accepter une capitulation honorable. L'île passa désormais sous la domination ottomane et connut un long déclin. Les Italiens s'en emparèrent en 1912 et en firent la capitale de leurs possessions du Dodécanèse. En 1947, ils durent céder Rhodes à la Grèce.




Rhodes (Rhodos). La plus orientale des îles de la mer Égée, proche des côtes de la Carie en Asie Mineure. Rhodes fut colonisée par des Grecs doriens qui fondèrent trois cités-États, Ialysos, Lindos et Camiros. Lindos à son tour fonda Géla en Sicile, Phasélis en Lycie et Soles en Cilicie. En 408 av. J.-C., les trois cités rhodiennes fusionnèrent pour former un seul État, avec une capitale fédérale qui prit le nom de Rhodes comme l'île elle-même. Cette nouvelle cité fut construite sur un plan en damier dessiné par l'architecte et urbaniste Hippodamos de Milet. Au Ve siècle, Rhodes est membre de la confédération de Délos et paie tribut à Athènes; les Rhodiens se trouvent alors obligés de combattre contre Syracuse et Géla, mais en 412 av. J.-C. Rhodes fait défection et prend le parti des Pélopon-nésiens. Èlle devient membre de la seconde confédération athénienne mais se révolte en 375 av. J.-C. (voir Athènes 2, iv). Au IIIe siècle, Rhodes est devenue une puissance navale importante; elle promeut la liberté du commerce et combat la piraterie. Dans les luttes qui suivent la mort d'Alexandre en 323 av. J.-C., elle s'efforce de maintenir une politique de neutralité, mais Antigone Ier, inquiet de l'amitié qui lie Rhodes à Ptolémée, roi d'Égypte, envoie son fils Démétrios Poliorcète («preneur de villes») soumettre l'île. En 304 av. J.-C., la capitale subit un siège long et fameux; Démétrios (qui y gagne son surnom) est finalement obligé de traiter avec les Rhodiens. C'est à la suite de cet épisode glorieux que fut dressé à l'entrée du port le célèbre Colosse de Rhodes, gigantesque statue du dieu-soleil. Au début du IIe siècle av. J.-C., Rhodes s'associe à Pergame pour mener une politique d'amitié avec Rome au moment de la deuxième guerre de Macédoine et de la guerre contre Antiochos III (le roi séleucide qui contrôle l'Asie Mineure). Après la défaite d'Antiochos, Rhodes reçoit sa récompense : la partie de la côte de Carie et de Lycie qui fait face à l'île; mais bientôt Rome s'irrite de son attitude indépendante, surtout dans la troisième guerre de Macédoine (172-168 av. J.-C.), et lui ôte ses nouvelles possessions. En outre le port franc que les Romains établissent à Délos fait grand tort au commerce rhodien, qui finit par péricliter. En 43 av. J.-C., la capitale est conquise et pillée par Cassius. Rhodes cultivait les arts, les lettres et la philosophie; c'est la ville natale de Panétius, et le lieu où son disciple Posidonius établit une école de philosophie. Le mathématicien Hipparque a sans doute passé à Rhodes une partie de sa vie. La ville fut détruite par un tremblement de terre en 225 av. J.-C., puis de nouveau vers 155 apr. J.-C.; après sa reconstruction, le rhéteur Aelius Aristide la décrit comme la plus belle des cités grecques. Le droit maritime de Rhodes était célèbre ; certains de ses éléments sont peut-être passés plus tard dans le droit maritime de Venise. La septième Olympique de Pindare célèbre la victoire du pugiliste rhodien Diagoras.

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