RÉVOLUTION RUSSE
RÉVOLUTION RUSSE
Fille de la guerre, comme aiment à le rappeler les historiens, la révolution de Février (23 février selon le calendrier julien - « ancien style » - alors en vigueur en Russie ; 8 mars pour le calendrier grégorien) qui ouvre, douze ans après la révolution de 1905, l’année 1917 par la chute du tsarisme, résulte d’un mouvement spontané, largement improvisé, de mécontentement populaire lié aux difficultés d’approvisionnement de la capitale, Petrograd (Saint-Pétersbourg). Tandis que les autorités font appel à l’armée pour réprimer les manifestations, les régiments fraternisent, pour la plupart, avec le peuple. Perdant tout contrôle de la situation, Nicolas II accepte, depuis l’État-Major de Pskov où il se trouve, d’abdiquer en faveur de son frère (2-15 mars) qui refuse, le lendemain, de prendre la couronne. Dès l’annonce de l’abdication du tsar, les libéraux de la Douma (assemblée) forment un Gouvernement provisoire qui annonce la convocation à venir d’une Assemblée constituante élue au suffrage universel, laquelle se porte garante des libertés politiques et de l’égalité civile et se prononce pour la poursuite de la guerre jusqu’à la victoire. La création parallèle (2-15 mars) du soviet de Petrograd conduit à une situation de double pouvoir. Malgré le compromis passé avec le gouvernement, l’orientation plus radicale de ce soviet - il est animé par divers représentants des partis révolutionnaires et présidé par un menchevik - devient source de difficultés et de conflits.
Dès le printemps, le gouvernement est pris à partie pour son absence d’action en faveur des grandes réformes de fond attendues. Les revers accumulés sur le front favorisent le rejet massif de la guerre et la popularité croissante des bolcheviks qui, orchestrant cette contestation, font l’objet de répression (juillet). Face à cette situation chaotique, certains libéraux et conservateurs préconisent l’instauration d’un pouvoir fort dans le pays. Sous prétexte de remise en ordre face au danger révolutionnaire, le général Lavr Gueorguievitch Kornilov (1870-1918) tente un putsch (25 août-7 septembre), dont le seul effet est d’accroître brutalement le désaveu affectant l’équipe du Gouvernement provisoire dirigée depuis le 19 juillet (1er août) par Alexandre Fedorovitch Kerenski (1887-1970), suspectée d’avoir partiellement soutenu l’initiative du général. Tandis que la position des dirigeants libéraux semble de plus en plus fragile, les bolcheviks se préparent à la prise du pouvoir, se ralliant finalement aux vues de Lénine qui, malgré l’état d’« immaturité » politique et sociale de la Russie, a fait valoir, dès mars 1917, l’opportunité historique qui se présentait pour engager le pays dans une nouvelle révolution après celle, échouée, de 1905.
La création d’une milice révolutionnaire, après la tentative du général Kornilov, et le soutien de matelots et soldats gagnés à la cause de Lénine, permettent aux bolcheviks de passer à l’offensive, en occupant, dans la nuit du 24 au 25 octobre (6-7 novembre du calendrier grégorien), tous les points stratégiques de la capitale. La résistance insignifiante opposée par l’adversaire - le palais d’Hiver était défendu par un bataillon féminin - assure la victoire quasi immédiate de l’opération. Dès le lendemain, un nouveau gouvernement est constitué, composé presque exclusivement de bolcheviks, les autres partis révolutionnaires ayant condamné le coup de force. Les premiers décrets sur la paix et sur l’abolition de la propriété de la terre (27 octobre-9 novembre) soulignent le caractère radical de la rupture opérée par le nouveau pouvoir. Il faudra cependant plusieurs années de lutte acharnée, à travers une guerre civile sanglante, pour que les bolcheviks se rendent véritablement maîtres du pays.
RÉVOLUTION RUSSE DE 1905. Ensemble de manifestations populaires, de grèves dans les villes, de jacqueries dans les campagnes, d'attentats et de mutineries qui ébranlèrent la Russie en 1905. La révolution de 1905 fut, selon Trotski, la « répétition générale » de la révolution d'octobre 1917. Aggravée par les défaites de la guerre russo-japonaise, la révolution de 1905 s'inscrivit dans un contexte de crise économique et sociale frappant les ouvriers des usines et les paysans. Après le « Dimanche rouge » de Saint-Pétersbourg (9 janvier 1905) au cours duquel l'armée tira sur les manifestants, les troubles gagnèrent l'ensemble du pays. Révoltes paysannes, grèves, mouvements nationaux de libération et mutineries - dont la plus connue fut celle du cuirassé Potem-kine - se multiplièrent. Le gouvernement de Nicolas II, à l'instigation de Witte, fut contraint d'annoncer, par le manifeste du 17 octobre 1905, la création d'une douma législative élue au suffrage universel. Cette concession, cependant, qui instituait en Russie une monarchie constitutionnelle, ne désarma pas l'opposition révolutionnaire. L'agitation paysanne, les mutineries (marins de Kronstadt) mais surtout l'apparition spontanée de soviets de marins et d'ouvriers à Saint-Pétersbourg (soviet dirigé par Trotski) et à Moscou, qui tentèrent d'organiser un pouvoir politique et d'obtenir la journée de 8 heures, marquèrent la fin de l'année 1905. L'insurrection fut cependant impitoyablement réprimée. La grève générale et la révolte de Moscou furent brisées par l'armée (décembre 1905). Par le système électoral, la pratique des élections et les dissolutions, la douma perdit progressivement ses droits, et les libertés proclamées en 1905 (libertés d'opinion, de réunion et d'association) furent soumises à un contrôle policier. Le régime revenait à l'autocratie. Les révolutionnaires tireront les leçons de cette sanglante répétition générale en attendant que soient plus tard réunies les conditions du succès d'une révolution prolétarienne. Voir Révolutions russes de 1917.
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