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RÉVOLUTION DES ŒILLETS

Coup d’État militaire du 25 avril 1974, qui a mis fin à quarante-huit ans de dictature salazariste au Portugal. Dans la liesse populaire, une femme a donné un œillet rouge à un soldat, qui l’a gardé dans le canon de son fusil. Cette image est devenue l’emblème d’un putsch révolutionnaire qui s’était donné pour mission de rétablir la démocratie et de mettre un terme à la guerre coloniale en Afrique. Le Portugal était alors un pays anachronique. L’effort de la dictature pour maintenir le dernier empire colonial du monde occidental condamnait chaque jeune homme portugais à effectuer un service militaire de trois ans, dont deux passés à combattre en Afrique sur l’un des trois fronts de guerre coloniale (Angola, Guinée-Bissau et Mozambique). Toute opinion critique à l’égard du régime était sévèrement réprimée par un appareil policier et une censure implacables. Les libertés fondamentales étaient bafouées ; un retard économique et culturel persistant aggravait les injustices sociales. Une ébauche de révolte éclate parmi les jeunes officiers de l’armée en juin 1973 pour des raisons corporatistes. Mais, très vite, ce Mouvement des capitaines évolue clandestinement vers une réflexion en profondeur et conclut, en février 1974, à la nécessité d’une solution politique à la guerre coloniale. Quelque trois cents capitaines décident de mettre fin au régime dictatorial. Le mouvement entre alors dans la phase de conspiration en préparation du coup d’État. L’opération militaire Fin-Régime est déclenchée avec succès le 25 avril 1974 à minuit, sous le commandement de Otelo Saraiva de Carvalho. Quelques heures plus tard, le Mouvement des capitaines devient le Mouvement des forces armées (MFA). En effet, sa nature change avec le programme dont il s’est doté, connu sous le nom de « programme des trois D » : décoloniser, démocratiser et développer. La naissance du MFA annonce en fait l’intervention de l’institution militaire dans la sphère politique pendant une période de transition devant aller jusqu’à l’élection d’une Assemblée nationale constituante en 1976. Mais l’euphorie des premiers temps cède le terrain à une radicalisation idéologique baptisée PREC (Période révolutionnaire en cours) en 1974-1975. La fracture entre les partisans d’un modèle socialiste révolutionnaire et les défenseurs d’une démocratie à l’occidentale traverse aussi l’armée. Tout se termine le 25 novembre 1975 par une tentative de putsch gauchiste dirigé par O. de Carvalho, qui sera incarcéré trois mois. L’armée retourne ensuite dans ses casernes.

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