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RELIGION

RELIGION, n.f. (lat. religio « scrupule », « engagement », « obligation », « religion »). ♦ 1° Le phénomène religieux est universel. « Il n'y a jamais eu de société sans religion » (BERGSON, les Deux Sources de la morale et de la religion). Il est aussi ambigu : le meilleur et le pire s'y. côtoient, les idoles et les pratiques les plus contestables, comme les démarches les plus élevées dans la recherche de Dieu ou de l'Absolu. Les religions, dans leur diversité historique et géographique, font partie de l’histoire humaine. Elles viennent la structurer par des mythes ou des croyances, des rites, des institutions. Il y a, dans les religions, une compréhension du monde, de son origine, de son histoire, et une conception de l'homme et de son destin. Elles traitent du mystère de la vie et de la mort. Elles manifestent la relation de l'homme à ce qui le dépasse, et qu’on nomme le sacré ou le divin. ♦ 2° La complexité du phénomène en rend la définition très difficile. L'étymologie elle-même est discutée. Tantôt on rapproche religio de religare (« attacher », « lier ») et on y trouve l'idée d'un lien, d'une obligation à certaines pratiques, tantôt, à la suite de Cicéron, on retient pour étymologie religere, traduit par « relire avec soin ». Saint Thomas d'Aquin (Somme théologique IIa q. 81) reprend ces recherches étymologiques dans les termes suivants : « Pour définir la religion, Isidore adopte l'étymologie suggérée par Cicéron : "l'homme religieux, c'est celui qui repasse et, pour ainsi dire relit ce qui concerne le culte divin." Religion viendrait donc de relire ce qui relève du culte divin, parce qu'il faut fréquemment y revenir dans notre cœur ; selon Proverbes 3, 6 : "En toutes tes démarches, pense à Lui." Mais on peut aussi entendre la religion du devoir de ré-élire Dieu comme le bien suprême délaissé par nos négligences, dit saint Augustin. Ou bien encore, toujours avec saint Augustin, on peut faire dériver religion de relier, la religion étant "notre liaison au Dieu unique et tout-puissant". Quoiqu'il en soit de cette étymologie, lecture renouvelée, choix réitéré de ce qui a été perdu par négligence, restauration d'un lien, la religion, au sens propre, implique ordre à Dieu. » C'est donc, à la fois, la croyance en Dieu, son service, et le culte. ♦ 3° La religion peut être appréhendée du point de vue ethnologique, dans ses mythes et ses pratiques multiples (Dumézil, Mircea Eliade, C. Lévi-Strauss) ; du point de vue sociologique, comme phénomène social et sous l'angle des institutions (Durkheim) ; on peut en faire une approche psychologique, par analyse du sentiment religieux dans le cœur de l'homme ; une approche philosophique à partir de l'idée de Dieu qui tient une place éminente dans la réflexion des philosophes ; une approche historique et traditionnelle à partir des faits que constitue la Révélation, c'est-à-dire les manifestations de Dieu dans l'histoire et la Parole qu'il a adressée aux hommes. Dans les Deux Sources de la morale et de la religion, Bergson, se plaçant, suivant sa méthode, au point de vue de l'expérience, oppose la religion comme phénomène social, qui assure la cohérence d'un groupe, à la religion mystique qui met en relation avec le Dieu transcendant. ♦ 4° La religion naturelle dont on a beaucoup parlé au xviiie siècle, celle que l'homme trouverait dans sa raison sans avoir besoin de révélation, a été jugée par Lévy-Bruhl (la Morale et la Science des mœurs) en termes très exacts : « Loin de représenter l'essence des éléments communs à toute religion humaine, elle était un produit très spécial de la pensée philosophique, c'est-à-dire réfléchie, dans une petite partie de l'humanité, à une époque fort peu religieuse. Elle n'était, en fait, que le monothéisme européen des siècles précédents, réduit à la forme pâle et abstraite d'un déisme rationaliste » (cité par Lalande, dans le Vocabulaire technique et critique de la philosophie).

RELIGION

Étymologiquement, le mot dériverait soit du latin relegere (respecter et, par extension, vouer un culte), soit du verbe religare qui signifie relier : la religion constitue alors un lien qui unit l’homme à Dieu comme à la source de son existence, notamment selon la tradition chrétienne.

♦ La religion se manifeste d’abord sous la forme d’un phénomène intérieur, le sentiment religieux qui, s’appuyant généralement sur le sentiment du sacré, suppose, sauf exception (bouddhisme par exemple), la croyance en des êtres surnaturels ou en un Dieu personnel (grandes religions monothéistes comme le christianisme ou l’islam) avec la reconnaissance de la transcendance divine impliquant une attitude d’adoration et de soumission à l’égard de Dieu.

♦ On distingue la religion naturelle - qui prétend accéder à la connaissance de Dieu et à l’action morale qui en découle, par le seul recours à la raison (déisme) comme le professent par exemple les Encyclopédistes au xviiie siècle - de la religion révélée qui se fonde sur une révélation divine à partir de textes sacrés (Bible, Coran). Les religions révélées donnent généralement lieu à des religions instituées ou religions positives (judaïsme, christianisme, islam) dont Durkheim nous fournit la définition sociologique : « Système de croyances (dogmes) et de pratiques (rites) relatives à des choses sacrées [...] qui unissent, en une même communauté morale appelée Église, tous ceux qui y adhèrent. » Le contenu spécifiquement religieux qui vise le salut surnaturel de l’homme - et dont aucune religion instituée ne peut se passer - s’appuie sur un corps de doctrine de nature métaphysique (analyse des causes premières et finales par exemple), morale, voire politique et sociale, destiné à en assurer les moyens théoriques et pratiques.

religion, culte rendu à une divinité. La religion sert de lien interhumain et spirituel ; elle a pour fonction d’unir les individus, par des choses sacrées et des rites, dans une même croyance. Ce besoin profond, éternel et universel, correspond probablement au sentiment d’impuissance de l’être humain dans le cosmos et à son désir de sécurité. Selon S. Freud, il se rattacherait à la nostalgie de la protection paternelle. La foi religieuse, répondant aux incertitudes de la vie et à la crainte de la mort, apaise notre angoisse existentielle. Aussi, tous les hérétiques apparaissent-ils comme dangereux aux croyants, car, en discutant les dogmes établis, ils risquent de compromettre leur sécurité affective. Pour certaines personnes, la religion constitue le moyen de conserver un bon équilibre psychique. On a constaté aux Indes, où chaque individu a la possibilité de réaliser aisément des expériences-religieuses de caractère mystique, que la proportion des malades mentaux atteints de schizophrénie (sorte d’évasion morbide du réel) est moindre que dans les pays occidentaux (J. E. Dhunjibhoy).

Religion

Du latin religio, « attention scrupuleuse », « vénération » (de relegere, « recueillir», « rassembler », ou bien de religare, « lier », « attacher »). - Ensemble de croyances et de rites constituant les rapports de l’homme avec le divin ou le sacré. - Sentiment du sacré, foi. - Religion naturelle : religion de ceux qui lisent la présence de Dieu dans les lois constantes de la nature, plutôt que dans les textes sacrés.

• Toute religion est l'affirmation d'un absolu qui dépasse infiniment les hommes, qui les transcende. • Pour Kant, la religion répond à la question : « Que m'est-il permis d'espérer ? ». • La religion, selon Marx, endort les consciences en leur faisant miroiter dans un illusoire au-delà des joies qu'elles ne peuvent trouver ici-bas ; elle est « l'âme d'un monde sans âme », ou bien encore « l'opium du peuple ». • Bergson distingue la religion statique, qui remplit la double fonction d'assurer la cohésion sociale et de prémunir l'homme contre l'angoisse de la mort, et la religion dynamique, qui porte l'humanité au-delà d'elle-même.

RELIGION (n. f.) 1. — « Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c.-à-d. séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale appelée Eglise tous ceux qui y adhèrent » (Durkheim). 2. — Sentiment personnel direct portant l’individu à croire en l’existence d’un univers de valeurs qui transcende la vie quotidienne et y trouve son application. 3. — (Sens fig.) Sentiment de respect scrupuleux, d’obligation concernant une pratique quelconque. 4. —Religion positive (class.) : les rites et les dogmes existant historiquement, par opposition à la religion naturelle, ensemble des croyances provenant de la seule raison et concernant l’existence de Dieu, sa bonté et l’immortalité de l’âme. 5. —Religion révélée : celle qui repose sur une révélation.

 

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