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REGNIER Henri de

REGNIER Henri de 1864-1936

Après des débuts motivés par son admiration pour Hugo et de Vigny (Lendemains, 1885), il fréquente, avec son ami Viélé-Griffin, le salon de Mallarmé et écrit des vers libres (Episodes, 1888; Les Jeux rustiques et divins). Mais bientôt son goût pour la recherche plastique le rapproche du Parnasse; il épouse en 1896 l’une des filles de Hérédia et abandonne le vers libre pour revenir au sonnet et à l’alexandrin. La Sandale ailée (1906), Le Miroir des Heures (1910), Vestigiae Flammae (1921) témoignent de cette orientation vers une langue et une syntaxe sévères.

RÉGNIER Henri François Joseph de. Écrivain français. Né à Honfleur (Calvados) le 28 décembre 1864, mort le 23 mai 1936 à Paris. D une famille noble, il fait ses études à Paris au collège Stanislas, puis, pendant quelque temps, a la Faculté de droit. Dès son adolescence, il s’est passionné pour la littérature. Ses premiers poèmes, Les Lendemains (1885), sont encore sous l’influence parnassienne, mais un an plus tard il devient un des habitués les plus enthousiastes des mardis de Mallarmé. L’amitié de Viélé-Griffin, de Moréas, de La Tailhède, achève de le convertir à la nouvelle esthétique symboliste qui s’affirme dans ses Poèmes anciens et romanesques (1887-90) et dans Tel qu’en songe (1892). Mais bientôt, avec Aréthuse (1895), s’esquisse une évolution vers un néoclassicisme. Cette même année 1895, Régnier épouse la fille aînée de Hérédia, Gérard d’Houville, et il ne va pas manquer de subir l’influence parnassienne du poète des Trophées qui achève de le détacher du symbolisme, sans l’amener jamais cependant à sacrifier complètement le vers libre. La deuxième manière de la poésie de Régnier s’affirme dans Les Jeux rustiques et divins (1897), puis dans Les Médailles d’argile (1900), recueils suivis en 1902 de La Cité des eaux, en 1906 de La Sandale ailée et en 1911 du Miroir des heures, où quelque mélancolie vient traverser les évocations élégantes et sensuelles du XVIIIe siècle. Artiste extrêmement cultivé, raffiné, quelque peu maniéré, c’est ainsi que Régnier s’était également révélé comme prosateur, dès 1893, dans Contes à soi-même qui préparaient ses débuts dans le roman avec La Double Maîtresse (1900), Le Bon plaisir (1902), Le Mariage de minuit (1903), tribulations d’une charmante et pauvre jeune fille égarée dans un milieu de mœurs douteuses, Les Vacances d’un jeune homme sage (1903), Les Rencontres de M. de Bréot (1904), avec de hardis « libertins » du XVIIe siècle comme personnages, La Flambée (1909), L’Amphisbène (1912), histoire d’un yacht et d’une âme inquiète et tendre, L’Illusion héroïque de Tito Bassi (1916), La Pécheresse (1920), L’Escapade (1926), aventures de brigands et galanteries, Le Voyage d’amour (1930), qui a pour décor Venise, pittoresque et mélancolique, séjour de prédilection de Régnier qui nous y emmène encore avec ses souvenirs de l'Altana (1929). Romans d’amour, voués à l’exaltation de la beauté féminine et au désir; romans d’artiste, aussi, très riches, et presque à l’excès, alliant à la culture classique le rêve romantique, le raffinement symboliste, l’inquiétude moderne. Aussi Henri de Régnier reste-t-il un merveilleux évocateur du passé, un parfait initiateur pour qui veut pénétrer la sensibilité des siècles classiques : ce sens du passé, il l’eut, pourrait-on dire, à l’état de mélancolie, de maladie, dont il ne laissait paraître cependant qu’une discrète tristesse, qui ne trouble jamais sans charmer — celle qui convient à l’homme du monde qu’il était. ♦ « Mon gendre a plus de génie que moi, mais j’ai plus de talent que lui. » José Maria de Hérédia. ♦ « Henri de Régnier a de bonnes intentions : il croit qu’il imite mes Stances, mais ce n’est pas ça du tout. » J. Moréas. ♦ « Naturellement, sans aucun effort, ses idées s’incarnent en symboles, et c’est merveille à lui de nous les produire toujours quelque peu dans le vague et l'indéfini pour qu’en soient augmentées la simplification et la poésie. » Verhaeren.

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