RÉFORME CATHOLIQUE ou CONTRE-RÉFORME
Noms donnés au renouveau de l'Église catholique qui se réforma, en réaction contre les progrès du protestantisme, à partir du milieu du XVIe s. Au XVe s., des précurseurs, prêtres zélés comme les grands prédicateurs Vincent Ferrier, Bernardin de Sienne, Jean de Capistran, fondateurs d'ordre comme François de Paule, entreprirent la régénération de leur milieu, avec des effets partiels et éphémères. Savonarole, exaspéré par la carence et les scandales du Saint-Siège, était allé jusqu'à la révolte à Florence. Au XVIe s., la Réforme catholique se manifesta d'abord par le renouveau des ordres religieux : les capucins (1525) naquirent d'une volonté de retour intégral à la règle franciscaine. Plus importante fut l'apparition des « clercs réguliers », prêtres liés par des voeux et vivant en commun mais dispensés de l'office du chur, ce qui leur permettait de se consacrer entièrement à l'apostolat, à l'enseignement et aux soins des malades, à l'instar des barnabites (1530). Vers la même époque, l'enseignement féminin commença à se développer avec les ursulines (1535). Dans un cadre plus souple, l'Oratoire de Philippe Néri apporta une contribution importante au renouveau du clergé. Mais l'instrument par excellence de la Réforme catholique fut l'ordre des Jésuites (v.), approuvé par le pape Paul III en 1540.
Cette action dispersée des congrégations religieuses prépara l'action de la papauté, qui commença vers 1540 avec Paul III pour s'épanouir sous les pontificats de Paul IV, Pie V et Sixte Quint. L'Église se tint d'abord sur la défensive (fondation de l'Inquisition romaine, du Saint-Office, 1542/43 ; publication de l'Index, 1559), mais le concile de Trente (v.) (1545/63) fut le grand concile réformateur que la chrétienté attendait : au point de vue dogmatique, il précisa les doctrines contestées par le protestantisme (péché originel, justification, sacrements, valeur de la Tradition) ; au point de vue disciplinaire, il fit disparaître de nombreux abus, supprima le cumul des bénéfices, imposa la résidence aux évêques et des règles précises à la vie des clercs et des religieux ; il réorganisa complètement la formation du clergé par la création de séminaires ; enfin, il rétablit fermement l'autorité du Saint-Siège sur le monde catholique. La Réforme catholique fut servie par de grands évêques (Charles Borromée en Italie, Thomas de Villeneuve en Espagne, Barthélemy des Martyrs au Portugal, François de Sales en France) ; par les nouvelles congrégations religieuses, mais aussi par les anciens ordres réformés (réforme des carmes par Jean de la Croix et Thérèse d'Ávila, 1562/68) ; par les jésuites, dont l'action fut incomparable (création de collèges dans toute l'Europe ; missions dans les pays protestants ; renouveau de l'activité théologique) ; enfin, par les princes (notamment l'empereur Maximilien II et le roi d'Espagne Philippe II). L'ampleur de ce redressement se traduisit par l'expansion missionnaire aux Indes, au Japon, dans le Nouveau Monde (François Xavier, Bartholomé de Las Casas, le père Ricci et les jésuites de Chine, les « réductions » du Paraguay...). Dans la vie religieuse, il amena une participation plus étroite des laïcs à la vie de l'Église et à la haute spiritualité.
Cependant, la Réforme catholique ne parvint pas à effacer la coupure religieuse de l'Europe : en Allemagne, les efforts de Maximilien II et de Rodolphe II ne connurent vraiment de succès que dans les régions du Sud et en Autriche. En Angleterre, les persécutions de Marie Tudor (1553/58) contre les protestants facilitèrent, après sa mort, le triomphe définitif de l'anglicanisme. En France, la paix civile ne put être rétablie que par la reconnaissance légale du fait protestant (édit de Nantes, 1598). Les pays scandinaves furent définitivement coupés de Rome. En revanche, la Réforme catholique triompha en Italie et en Espagne, dans les Pays-Bas espagnols ainsi qu'en Pologne.
RÉFORME (La). Nom donné au mouvement de renouveau évangélique apparu dans le christianisme au XVIe siècle (appelé « réformation » en Allemagne), et qui donna naissance à des Églises séparées : protestantisme luthérien ou calviniste, et anglicanisme. Dès le Moyen Âge, un besoin de régénération religieuse provoqué par les abus de l'Église s'était exprimé et avait abouti soit à des réformes (Grégoire VII, saint Bernard, saint François) au sein de l'orthodoxie, soit à des hérésies (vaudois, cathares, Wyclif, Hus, Savonarole) que, dans l'ensemble, l'Église avait bien surmontées. La Réforme du XVIe siècle, la plus vaste « révolution religieuse » que le christianisme ait connue, répondit au problème religieux des chrétiens déçus de l'Église institutionnelle. Son succès s'expliqua par la sensibilité religieuse très vive de l'époque, hantée par le problème de la mort et du Salut, l'aggravation des abus dans l'Église largement dénoncés par les humanistes (train de vie scandaleux du haut clergé et des papes de la Renaissance, abus ecclésiastiques de toutes sortes, conditions misérables du bas clergé), et enfin le développement de l'imprimerie qui assura à la fois la diffusion de la Bible, considérée alors comme seule source infaillible de la foi, mais aussi la diffusion en milliers d'exemplaires des écrits réformateurs. Si la Réforme partit d'Allemagne avec Luther, elle atteignit plus ou moins profondément tous les pays d'Europe, sauf l'Italie et l'Espagne, marquées par la vigueur de la réaction catholique et plus particulièrement de l'inquisition. En dépit d'une organisation ecclésiastique différente et de certaines divergences théologiques, toutes les Églises issues de la Réforme s'accordent sur des points fondamentaux (le Salut assuré par la grâce de Dieu à ceux qui ont la foi, la Bible comme seule source de foi, l'assemblée des croyants constituant l'Église) et rejettent l'autorité du pape, le culte de la Vierge et des saints ainsi que la messe considérée comme un sacrifice offert à Dieu. Voir Calvin (Jean), Calvinisme, Contre-Réforme, Érasme (Didier), Humanisme, Lefèvre d'Étaples (Jacques), Luthéranisme, Religion (Guerres de), Zwingli (Ulrich).
Liens utiles
- Maximilien Ier de Bavière1573-1651Le jeune Maximilien fut élevé avec le futur empereur Ferdinand II par les Jésuitesd'Ingolstadt, qui en firent un catholique fervent et un farouche champion de laContre-Réforme.
- Renaissance, humanisme et réforme religieuse
- Réforme de l'adoption
- catholique adj.
- Goulument : rectification d'une anomalie étymologique (recommandation pour la réforme de l'orthographe). Le Monde.fr