RÉFLEXE / RÉFLEXIF / RÉFLEXION
- RÉFLEXE. n.m. (lat. reflectere « replier », « revenir en arrière »). « Réflexe » n'est pas à rapprocher de « réflexion ». C'est tout le contraire. ♦ 1° Sens propre. Une réaction nerveuse, caractérisée par l'automatisme et une apparente finalité, à une excitation organique donnée (réflexe de défense). ♦ 2° Réflexe conditionné. Une liaison, obtenue par apprentissage, entre un stimulant et une réponse organique automatique. Ex. : le réflexe de Pavlov (des chiens, habitués à recevoir leur repas dès qu'une cloche sonne, salivent en entendant la cloche). ♦ 3° Sens large, un peu abusif mais usuel. L'automatisme acquis de certaines habitudes motrices. — Un comportement psychologique spontané qui semble déterminé par l'ensemble de ce qu'est la personne : son caractère, ses habitudes, ses engagements fondamentaux (réflexe de politesse). — Le comportement du conducteur d'automobile comprend des réflexes dans les trois sens.
- RÉFLEXIF, adj. Il ne faut pas confondre, dans l'usage, réfléchi et réflexif. Ce dernier adjectif a un sens philosophique spécial. Il désigne une attitude philosophique qui implique un retour de l'esprit sur son activité propre, pour remonter aux principes qui l'expliquent ou la constituent. Les Méditations de Descartes sont un exemple de philosophie réflexive. Dans la Monadologie, Leibniz donne des exemples d'« actes réflexifs » : « En pensant à nous, nous pensons à l'Être, à la Substance, au simple et au complexe, et à Dieu même ; en concevant que ce qui est borné en nous est en lui sans bornes. » La réduction phénoménologique qui remonte au sujet pur est une démarche réflexive.
- RÉFLEXION, n.f. (lat. reflexio « action de fléchir en arrière, de détourner »). On retrouve ce sens en physique : c'est le changement de direction des ondes lumineuses, sonores ou calorifiques, qui tombent sur une surface réfléchissante, c'est-à-dire qui les renvoie. ♦ 1° Psychologie, a) Retour de la vie psychique sur elle-même, effort pour maintenir le passé présent dans la conscience, pour en analyser les composantes et les aspects, pour en discerner les causes, pour en prévoir les conséquences et les effets. C'est l'introspection ; b) Suspension du jugement et de l'action dans une intention critique, en vue d'un meilleur discernement. Cette pause avant la décision ou l'action a pour but de les éclairer, de les rendre rationnelles. Elle peut avoir des effets inhibiteurs. ♦ 2° Métaphysique. Démarche par laquelle l'esprit fait retour sur son activité propre pour remonter aux principes qui l'expliquent et la constituent, à des notions fondamentales comme moi, l'Être, Dieu. Ainsi conçue, la réflexion est un aspect fondamental de la philosophie. ♦ 3° Kant (Critique de la Raison pure, « Analytique transcendantale », Appendice). « Tous les jugements et même toutes les comparaisons ont besoin d'une réflexion, c'est-à-dire que l'on distingue à quelle faculté de connaissance appartiennent les concepts donnés » (les uns procèdent des sens, d'autres de l'habitude, ils ne procèdent pas tous de l'entendement). ♦ 4° L’empirisme de Locke distingue les idées de sensation (qui proviennent des sens) et les idées de réflexion (qui proviennent de l'expérience intérieure). Ainsi employé, réflexion signifie « conscience psychologique ».
- réflexe, phénomène nerveux consistant en une réponse déterminée, immédiate et involontaire de l’organisme à une excitation particulière. Un choc sur la rotule provoque l’extension de la jambe (réflexe rotulien), un souffle sur l’œil entraîne le clignement de la paupière (réflexe palpébral), etc. Ces réflexes sont naturels, chaque homme les possède à la naissance ; on les appelle « innés » ou « absolus » pour les distinguer des réflexes conditionnels, qui sont acquis. Un chien salive lorsqu’on introduit dans sa gueule un morceau de viande (réflexe inné), mais si l’on associe à la nourriture, régulièrement et pendant un assez long temps, un léger choc électrique, on remarque que celui-ci suffit pour produire la même réaction salivaire : cette réponse est dite « conditionnelle ». Elle correspond à un apprentissage par liaison entre un réflexe absolu et un nouveau stimulus. Les applications du conditionnement varient du dressage des animaux à l’accouchement sans douleur.
- réflexe, réaction involontaire et automatique de l'activité nerveuse à une excitation extérieure (contraction musculaire, sécrétion). — On distingue : les réflexes spontanés, naturels, inconditionnés ou innés, qui sont ceux que possède un organisme dès sa naissance, en vertu de la conformation de son système nerveux; et les réflexes conditionnés, qui sont créés artificiellement par un certain « conditionnement ». Le réflexe conditionné fut étudié en premier lieu par Pavlov, qui découvrit que les réflexes salivaires normaux, provoqués par le contact de la nourriture avec la muqueuse buccale du chien, pouvaient être provoqués par la simple vue de la nourriture. Il associa à cette vue une sonnerie, et bientôt la sonnerie suffisait à déclencher la salivation. Tel est le principe du dressage animal, de l'apprentissage et des habitudes. Les applications du conditionnement chez l'homme peuvent susciter une maîtrise parfaite des réflexes en principe involontaires (accouchement sans douleur, réaction automatique à des signaux lors des vols spatiaux). La réaction réflexe s'oppose à l'activité réfléchie.
- réflexion, attitude mentale de celui qui évite la précipitation dans ses jugements, l'impulsivité dans sa conduite. — La réflexion désigne, plus particulièrement, la concentration par laquelle l'esprit éclaircit ses idées, analyse ses sentiments. La réflexion psychologique, ou analyse de soi, se nomme introspection. Les philosophes de la réflexion, Fichte et Hegel en Allemagne, Lachelier et Lagneau en France, pensent que la réflexion permet à l'individu de se saisir dans son unité spirituelle, en deçà du changement et de toute action dans le monde : la réflexion nous permettrait de dégager, au-delà de nos sentiments particuliers, de nos émotions et de nos expériences individuelles, leur signification humaine universelle; en ce sens, la réflexion nous permettrait d'accéder à une certaine expérience de l'éternité (Fichte); Hegel a nommé cet état celui de la « vie spéculative », et Bergson l'a identifié à l'expérience de la « durée ». La notion de réflexion peut donc avoir un sens psychologique et un sens métaphysique comme intuition de la réalité profonde du « moi » et de l'Esprit universel en nous.
- REFLEXE (n m.) 1. — (Stricto) Phénomène physio. consistant en ce qu’une stimulation donnée produit automatiquement une certaine réponse. 2. — (Lato) Toute réaction automatique qui ne suppose pas une intention consciente. 3. —Réflexe conditionné : réflexe au sens 1, dans lequel le stimulus initial Sj a été remplacé lors d’un conditionnement par un stimulus S2 (cf. Pavlov, Watson, Skinner).
RÉFLEXE Réaction automatique de l’organisme à une excitation (par exemple, un choc sur la rotule provoque l’extension de la jambe). Les expériences de Pavlov ont montré la possibilité de substituer un stimulus artificiel au stimulus originel.
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