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PYTHAGORE

PYTHAGORE. Penseur et mathématicien grec du VIe siècle av. J.-C., dont la vie et l’œuvre ne sont connues que par des allusions plus ou moins légendaires. Il a certainement fondé une école de caractère religieux, où n'entraient que des initiés. Cette école a développé la science des nombres, l'élevant en même temps jusqu'à une sorte de théologie numérologique qui expliquait toutes choses par la puissance des nombres, qui avaient ainsi une dimension métarationnelle, certains nombres ayant une valeur symbolique très haute (par exemple, la décade).

Pythagore, célèbre philosophe et mathématicien grec, est né à Samos entre 592 et 583 avant J.-C. Après avoir parcouru l'Égypte, la Grèce, la Phénicie, la Chaldée pour s'initier aux leçons des maîtres, il vient en Italie fonder, à Crotone, l'école italique. Regardé par ses disciples comme un homme merveilleux et presque surnaturel, il les astreint à des règles sévères, parmi lesquelles celle de mettre leurs biens en commun. Sa philosophie a pour base que « Dieu est l'unité absolue et primordiale, la monade des monades ; l'âme change d'enveloppe et passe d'un corps dans un autre ; le monde est un tout harmonieusement ordonné (cosmos) ; le soleil en est le centre, et les autres corps célestes se meuvent autour de lui ». Telles sont les principales parties de ses données philosophiques. Il attribue une grande puissance aux nombres et surtout au nombre 10 ou décade... On lui attribue les éléments de l'arithmétique, de la géométrie, de la musique et de l'astronomie, la découverte de la proportion du carré de l'hypoténuse et des Vers dorés, résumé de sa philosophie, peut-être rédigés par l'un de ses disciples. La table dite de Pythagore ne doit probablement pas lui être attribuée. Une révolte des Crotoniens détruit son école ; nombreux sont ses disciples qui périssent par le fer ou par le feu. Le maître est épargné mais il doit, à l'âge de 80 ans, errer de ville en ville et atteint Tarente, où il meurt dans l'indifférence vers 490 avant J.-C.

» Vers dorés (extrait)

— Révère les dieux immortels, c'est ton premier devoir. Honore-les comme il est ordonné par la loi. — Respecte le serment. Vénère les héros dignes de tant d'admiration, et les génies terrestres ; rends-leur le culte qui leur est dû. — Respecte ton père et ta mère, et tes proches parents. Choisis pour ton ami l'homme que tu connais le plus vertueux. — Ne résiste point à la douceur de ses conseils, et suis ses utiles exemples. — Crains de te brouiller avec ton ami pour une faute légère. — Si tu peux faire le bien, tu le dois : la puissance est ici voisine de la nécessité. — Prends l'habitude de commander à la gourmandise, au sommeil, à la luxure, à la colère. — Ne fais rien de honteux en présence des autres ni dans le secret. Que ta première loi soit de te respecter toi-même. —- Que l'équité préside à toutes tes actions, qu'elle accompagne toutes tes paroles. — Que la raison te conduise jusque dans les moindres choses. — La fortune se plaît à changer ; elle se laisse posséder, elle s'échappe. Éprouves-tu quelques-uns de ces revers que les destins font éprouver aux mortels, sache les supporter avec patience, ne t'indigne pas contre le sort. Il est permis de chercher à réparer nos malheurs ; mais sois bien persuadé que la fortune n'envoie pas aux mortels vertueux des maux au-dessus de leurs forces. — Il se tient parmi les hommes de bons discours et de mauvais propos. Ne te laisse pas effrayer par de vaines paroles : qu'elles ne te détournent pas des projets honnêtes que tu as formés. — Tu te vois attaqué par le mensonge ? Prends patience, supporte ce mal avec douceur. — Observe bien ce qui me reste à te prescrire ; que personne, par ses actions, par ses discours, ne puisse t'engager à rien dire, à rien faire qui doive te nuire un jour. — Consulte-toi bien avant d'agir : crains, par trop de précipitation, d'avoir à rougir de ta folie. Dire et faire des sottises est le partage d'un sot. — Ne commence rien dont tu puisses te repentir dans la suite. Garde-toi d'entreprendre ce que tu ne sais pas faire, et commence par t'instruire de ce que tu dois savoir. C'est ainsi que tu mèneras une vie délicieuse. — Ne néglige pas ta santé : donne à ton corps, mais avec modération, le boire, le manger, l'exercice. La mesure que je te prescris est celle que tu ne saurais passer sans te nuire. — N'abandonne pas tes yeux aux douceurs du sommeil avant d'avoir examiné par trois fois les actions de ta journée. Quelle faute ai-je commise ? Qu'ai-je fait ? À quel devoir ai-je manqué ? Commence par la première de tes actions, et parcours ainsi toutes les autres. Reproche-toi ce que tu as fait de mal ; jouis de ce que tu as fait de bien. [...] Ainsi, quand tu auras quitté tes dépouilles mortelles, tu monteras dans l'air libre, tu deviendras un dieu immortel, incorruptible, et la mort n'aura plus d'empire sur toi. (Vers dorés.)

Pythagore, philosophe et mystique (Samos v. 580 av. J.-C.-Métaponte ? v. 500). Il quitta son pays sous le tyran Polycrate et on lui attribue une série de voyages en Ionie — ce qui est possible —, en Égypte, à Babylone, voire aux Indes, où naturellement, il aurait reçu le secret de la sagesse de cette nation ; il revint en Crète, puis s’établit en Grande-Grèce, à Crotone; on n’a de certitude que sur ce dernier point, car il y ouvrit une école vers 530. On ne sait comment il devint un des chefs du parti aristocratique, qui régnait sur cette cité, à laquelle il aurait donné une partie de ses lois. Son école était comme une sorte de couvent. Pendant deux années de noviciat, les nouveaux adeptes devaient rester silencieux et n’entendaient le maître qu’à travers une cloison, sans le voir; ils exerçaient leur mémoire, recevaient les bases de la morale du maître et des éléments de connaissances mathématiques qui apparaissaient comme une ascèse purificatoire. Après ce noviciat, les disciples entraient dans la confrérie pythagoricienne, dont le caractère religieux était très accusé, et conservaient secrets l’enseignement de la secte et ses découvertes mathématiques. Ils étaient soumis à un régime végétarien et observaient des interdits sévères, refusant même de se couvrir avec tout vêtement d’origine animale. Les dogmes fondamentaux étaient la croyance en la transmigration des âmes, qu’on abrégeait par la purification et l’ascèse, dans la recherche scientifique, et la conception de l’unité du monde, dans lequel la matière est un accident et où seul revêt quelque importance le principe formel qui est régi par des proportions mathématiques, l’univers étant dans son essence une harmonie géométrique dirigée par des lois intelligibles. Après trois ans d’études, certains disciples allaient fonder ailleurs de nouvelles confréries où était dispensé l’enseignement du maître. À Crotone, le parti démocratique ayant pris le pouvoir avec un certain Cylon, la populace détruisit le « couvent » des pythagoriciens, dont plusieurs furent massacrés. Selon diverses traditions, Pythagore périt dans ces émeutes, mais il est plus certain qu'il se réfugia à Métaponte, où il mourut peu après au milieu de ses disciples.

PYTHAGORE. Philosophe grec. Né entre 580/70 av. J.-C., probablement à Samos. Son père se nommait Mnésarque. Pythagore fut le fondateur de cette école de philosophie dite italique, qui devait exercer une influence considérable sur les doctrines philosophiques postérieures, surtout sur la philosophie platonicienne et néo-platonicienne. Nous ne savons presque rien de la période de Samos; on pense qu’il eut pour maîtres Phérécyde et Anaximandre. C est à cette période qu’il convient de rattacher les voyages d’études qu’il accomplit en Perse, en Gaule, en Crète, en Egypte; revenu à Samos, il trouva sa patrie sous le joug de Polycrate et la quitta, à quarante ans, pour l'Italie, où, à Crotone, en Grande Grèce, il fonda une école qui ne tarda pas à prendre un grand développement et vers laquelle affluaient un nombre considérable de disciples, lucaniens, messapiens et romains; ceux-ci fermaient autour du maître une espèce de confraternité dont les buts étaient plus mystiques que proprement philosophiques; les femmes y étaient admises, la plus célèbre de l’école fut Théano, épouse et disciple de Pythagore; les postulants devaient, avant de paraître devant le Maître, observer une période de silence qui durait cinq ans; ils étaient tenus en outre à garder le secret le plus absolu sur les doctrines enseignées et l’autorité du maître était souveraine, car il se considérait comme le seul dépositaire de la vérité. Par la suite, l’école pythagoricienne de Crotone devint une hétairie politique de tendance aristocratique, qui connut un grand succès à Crotone et eut de nombreuses ramifications à Sibaris, Rhégion et en Sicile; c’est sous cet aspect que l’école pythagoricienne provoqua de vives réactions de la part des démocrates, qui devaient aboutir à l’incendie de l’édifice où les pythagoriciens se trouvaient tous réunis et tous, sauf deux, y perdirent la vie, y compris Pythagore (suivant une autre tradition ce dernier serait parvenu à s’échapper mais aurait péri pour s’être refusé à traverser un champ de fèves, plantes que la secte tenait pour sacrées). Pythagore s’habillait de blanc, s’abstenait de rire et de plaisanter, il avait une figure austère et pleine de dignité et de majesté, si bien que ses disciples pensaient qu’il était Apollon incarné. Tout ceci est tout ce que l'on peut retenir comme probable des divers récits qui nous sont parvenus de sa vie; la légende s’empara de lui sans tarder — jusqu’à Empédocle, qui vécut cinquante ans plus tard et qui pensait que Pythagore était un être surhumain, et Hérodote qui rapproche Pythagore du Thrace Zalmoxis, personnage légendaire. On prétendit que Pythagore était fils d’Apollon ou d’Hermès (le philosophe lui-même l’aurait déclaré) dont il aurait reçu le don de garder le souvenir de ses précédentes réincarnations; c’est ainsi qu’il se souvenait d’avoir été auparavant Euphorbe (il reconnut son bouclier, suspendu parmi bien d’autres, dans le temple d’Apollon), puis Ermotime, enfin Pyrrhus avant d’être Pythagore; on disait également qu’il avait un fémur d’or, qu’il possédait des dons prophétiques, celui de l’ubiquité, qu’il était descendu aux Enfers, où il avait vu l’âme d’Hésiode enchaînée à une colonne de bronze et celle d’Homère, suspendue à un arbre et entourée de serpents, pour avoir parlé des dieux comme ils l’avaient fait. Il ne nous est rien resté des écrits de Pythagore. Sa doctrine, en ce qu’elle a d’authentique, correspond d’une certaine manière à l’image idéale de l’homme telle que nous pouvons la reconstruire d’après les données, légendaires ou non. Pour lui le nombre est l’origine de toutes choses et le monde est harmonie et nombre, l’âme immortelle est enfermée dans le corps comme dans une tombe et transmigre dans des animaux d’espèces différentes, dans les plantes elles-mêmes (métempsycose); il donne à tous les êtres animés une même origine et affirme que la fin de l’homme est d’être en rapport avec le divin et de suivre Dieu. Il compare la vie présente à une grande foire où les uns se rendent pour gagner de l’argent, les autres — les meilleurs — pour jouir du spectacle; ainsi, dans la vie, certains naissent esclaves de la gloire et de la richesse, d’autres — les philosophes — recherchent la vérité. En ce sens, Pythagore pouvait répondre à Léonte, tyran de Phlionte, qui lui demandait ce qu’il était, « je suis un philosophe » ; ce fut la première fois que fut prononcé ce mot. ♦ « Il y a une espèce d'animal raisonnable qui est le Dieu; une autre est l'homme; Pythagore est un exemple de la troisième. » Formule de l’école pythagoricienne. ♦ « Il semble donc que les plus anciennes et les plus récentes indications s'accordent à représenter Pythagore comme... une sorte de « guérisseur. » J. Burnet.




Pythagore (582-500 av. J.-C.) Philosophe et mathématicien grec, né à Samos (Asie Mineure). Ayant émigré à Crotone (Italie du Sud), il y fonde une communauté religieuse et donne un enseignement de caractère initiatique. ♦ Pythagore est essentiellement le philosophe de l’âme - immortelle et d'essence divine - conçue comme la vraie substance, radicalement distincte d'un corps périssable où elle se réincarne successivement pour subir le châtiment de ses fautes. La pratique de la vertu, considérée comme une purification, délivre l'âme de cette « roue des naissances » (cf. la première partie du Phédon de Platon). Elle est inséparable de la science que Pythagore nomme - pour la première fois - philosophie, et qui trouve son achèvement dans la connaissance de l’harmonie gouvernant l'univers, dont l’expression est le nombre, capable de rendre toutes choses intelligibles. ♦ Pythagore ramène, en fait, toute réalité au nombre - ce que semble justifier l'ordre qui règne dans l'immuable révolution des astres : il fonde d'ailleurs la science du nombre, découvre, outre le théorème qui porte son nom, la table de multiplication et le système décimal, et fait de l'arithmétique une discipline théorique. Quant au monde « sublunaire » des choses périssables, partiellement soumis au désordre, il contredit l'harmonie des nombres et recèle de l'irrationnel, bien que continue d'y briller la flamme immortelle de l'âme toujours en mouvement. Le pythagorisme représente le premier effort philosophique pour pénétrer le monde de l'esprit, au-delà du sensible, et il revit, non seulement dans le platonisme, mais aussi chez ceux qui, tel Descartes, veulent soumettre l’univers à la loi du nombre mathématique.

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