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PROSE - VERS (étymologie)

PROSE - VERS

: « Tout ce qui n 'est point vers est prose et tout ce qui n'est point prose est vers» enseignait à M. Jourdain son maître de philosophie (Molière, le Bourgeois gentilhomme). Prose et vers sont en effet les deux moyens d'expression de la parole. Prose vient du latin prosa oratio d'après prorsus (pro + versus = «tourné vers l'avant», «qui marche en droite ligne»). La prose va «tout droit». En revanche le vers (latin versus) est « ce qui tourne, ce qui revient selon un rythme constant». Cette régularité soutient la mémoire. Aussi le vers a-t-il précédé la prose dans l'expression durable de la pensée. La prose ne se développe qu'avec l'écrit car rien ne guide la mémoire quand l'expression progresse constamment, «droit devant elle », sans repère. Sur le mot prose ont été formés : prosateur, prosaïque, prosaïsme. Sur le mot vers : verset, versifier, versification, versificateur. VERS nom masc. - Ensemble de mots qui forment l’une des unités du poème en accord avec les règles de la versification. ÉTYM. : du latin versus = « sillon ». On distingue : 1. Le vers syllabique dont le rythme est déterminé par le nombre de ses syllabes. C’est le vers français, défini en outre par la rime et dans certains cas par la césure, qui se divise lui-même en plusieurs classes selon le nombre des syllabes du vers : a) le monosyllabe b) le dissyllabe c) le trisyllabe d) le tétrasyllabe e) le vers de cinq syllabes f) le vers de six syllabes g) l’heptasyllabe h) l’octosyllabe i) l’ennéasyllabe j) le décasyllabe k) l’endécasyllabe l) l’alexandrin Ces vers sont d’une fréquence d’utilisation très différente dans la poésie française. Les plus courants sont l’alexandrin - qui, depuis la Pléiade, domine -, l’octosyllabe et le décasyllabe, qui est le vers épique. On trouve cependant des exemples de tout, les poètes ayant expérimenté toutes les formes imaginables. Ainsi Victor Hugo dont le poème « Les Djinns » joue successivement de tous les mètres. Verlaine, pour sa part, a recommandé dans son Art poétique le mètre impair et il lui est arrivé de pratiquer le vers de cinq syllabes qui, avec le retour très fréquent de la rime, produit pour l’oreille un effet très musical et obsédant. Certains poètes enfin, comme Aragon, ont écrit des vers dont la longueur dépasse celle de l’alexandrin. 2. Le vers rythmique dont le rythme est déterminé par la place et le retour des syllabes accentuées. Il s’agit du vers anglais par exemple. 3. Le vers métrique dont le rythme est déterminé par sa division en mesures. Il s’agit des vers grecs et latins. Il suppose une langue dans laquelle il existe des syllabes longues et des syllabes brèves. 4. Le vers libre qui existe sous deux formes très différentes : a) le vers libre classique tel que le pratique par exemple La Fontaine et dans lequel, si le vers reste régulier, sa longueur varie ainsi que la disposition des rimes. b) Le vers libre moderne qui, à partir du symbolisme, n’a d’autre rythme que celui qui lui est imposé librement par le poète et qui ne se signale au lecteur que par le retour à la ligne. Son unité, dès lors, n’est plus rythmique mais graphique. —► Versification



prose. 1. Grecque. La prose comme moyen d’expression littéraire s’est développée en Grèce, comme dans d’autres pays, bien après la poésie. Aux époques les plus anciennes, lorsque l’écriture en était à ses balbutiements et que les oeuvres littéraires survivaient en se gravant dans la mémoire, les textes composés en forme métrique étaient plus faciles à mémoriser (en Grèce, l’écriture fut réintroduite à la fin du viiie siècle). Les premiers prosateurs grecs semblent avoir été les chroniqueurs et les philosophes d’Ionie, au VIe siècle av. J.-C. À partir de cette époque, le développement de la prose fut rapide. Héraclite, vers 500 av. J.-C., écrit déjà en prose avec un style subtil. Vers le milieu du Ve siècle av. J.-C., une prose technique s’était développée : elle se prêtait à exprimer tout ce que pouvait exiger un traitement scientifique ou philosophique. Démocrite (v. 460-v 357 av. J.-C.), à en juger d’après ses fragments, fut un prosateur compétent, et les oeuvres les plus anciennes du corpus hippocratique témoignent au moins de la capacité de formuler des observations précises et concises. Les Histoires d’Hérodote (v. 429-347) sont la première oeuvre en prose pleinement développée qui nous soit parvenue dans son intégralité. La prose attique a atteint son point culminant avec les dialogues de Platon (v. 429-347 av. J.-C.) et les discours de Démosthène (384-322 av. J.-C.). Le sophiste Gorgias (v. 483- v. 385) développa un style oratoire très maniéré qui n’eut pas une influence très durable. Isocrate (436-338) exerça à travers son école une influence profonde sur la prose grecque ultérieure, et l’orienta vers une plus grande élaboration et plus d’ornement. Avec la fin du IVe siècle se termina la période classique de la littérature attique, le dialecte d’Athènes céda alors la place à un dialecte grec commun, la koiné , moins subtil, moins varié et d’une expression moins précise. La prose grecque fut influencée par l’«asianisme», le style fleuri si apprécié des rhétoriciens du IIIe siècle av. J.-C. Il y eut une réaction énergique contre cette tendance, et une renaissance attique, à Rome à l’époque d’Auguste ; Denys d’Halicamasse en est le meilleur exemple. Au IIe siècle apr. J.-C., Lucien imitait parfaitement la prose attique classique dans ses écrits. 2. Latine. La prose latine se développa, dans ses traits les plus caractéristiques, à partir du langage public, même si elle trouve une partie de ses origines dans les Annales des pontifes (où ils consignaient le rituel traditionnel et les événements ayant une importance religieuse). Ces Annales furent à l’origine de l’historiographie à Rome. La loi romaine, publiée et souvent apprise par coeur, eut aussi une influence dans la formation de la prose. La prose latine, à la différence de la poésie, ne subit que faiblement les influences grecques, car avant même que celles-ci ne se fassent sentir, elle possédait déjà ses qualités essentielles de clarté, de précision et de concision. Dans une communauté comme Rome, où la politique jouait un rôle si important, ces qualités furent naturellement appréciées dans l’éloquence. Appius Claudius Caecus et Caton le Censeur nous sont signalés comme des orateurs remarquables ; et Gaius Gracchus développa encore davantage l’éloquence et il en diversifia considérablement les attraits. La prose latine atteignit son sommet dans les discours et les écrits de Cicéron. Après, elle eut tendance à devenir artificielle, épigrammatique, et poétique, sous l’influencé des poètes et de l’enseignement alors dominant de la rhétorique et à travers la pratique de la déclamation. La prose de Sénèque est typiquement épigrammatique; celle de Tacite est marquée par un caractère excessivement compact et ses expressions poétiques. Pline le Jeune témoigne aussi de l’influence des écoles de rhétorique. Quintilien a combattu les artifices de style en vogue de son temps et écrivit dans une langue dépourvue d’affectation et d’effets recherchés. Mais bien qu’il fût un disciple déclaré de Cicéron, il ne réussit pas à retrouver l’ampleur et la symétrie de la prose de son modèle.



vers

. Outre le sens de poésie en général, le «vers» dans la poésie grecque et latine désigne généralement un hexamètre, pentamètre ou trimètre iambique (les plus employés chez les Grecs et les Romains) et exceptionnellement une strophe.

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