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PRIVATION

PRIVATION, n.f. ♦ 1° Aristote (stérêsis, Physique I, 9). Manque d'une propriété que le sujet pourrait posséder. S'oppose en ce sens à hexis. Ce concept désigne l'un des trois principes qu'Aristote analyse dans le devenir : a) La matière, ou sujet en tant qu'il reste permanent, c'est-à-dire considéré comme pur substrat, en lui-même indifférencié ; b) La privation, ce que ce sujet n'a pas ; c) La forme, propriété déterminée acquise par ce sujet au cours du changement. Ex. : un homme (matière, sujet ou substrat), d'abord ignorant (privé de connaissance) apprend une science. Au terme du processus, il possède cette propriété d'être savant (forme acquise). ♦ 2° Sens plus vague. Manque de quelque chose que l'on devrait normalement avoir. Le prisonnier subit la privation de liberté ; la cécité est une privation pour l'homme aveugle, mais une simple négation pour le minéral ou le végétal.

privation, fait d’être privé d’un bien. La privation de sommeil, de rêves ou de stimulations sensorielles a fait l’objet de nombreuses expériences. Chez l’homme, l’isolement sensoriel, dans un lieu spécialement aménagé, pendant une durée de trois à trente-six heures, produit des désordres variés : somnolence, perte du sens de la réalité, irritabilité ou anxiété pouvant aller jusqu’à la panique, phénomènes hallucinatoires visuels, auditifs, cénesthésiques. La privation de sommeil ou de rêves entraîne des manifestations du même type. En étudiant les effets de la privation précoce d’une modalité sensorielle (la vue, par exemple), des chercheurs tels que D. Hebb ont montré que l’absence de stimulation provoque, dans le cerveau, des modifications anatomiques et biochimiques dont la correction nécessite parfois plusieurs semaines.

PRIVATION (n. f.) 1. — Traduction du grec sterêsis qu’Aristote oppose à èxis, avoir ; ce que le sujet ne possède pas, bien qu’il soit fait pour le posséder (être aveugle, c’est être privé de la vue). 2. — Manque de ce qui est désiré, de ce dont on a besoin (s’imposer des privations), de ce qui normalement devrait être possédé (privation des droits civiques) ou de ce qui est habituellement possédé. 3. — Privatif: a) Se dit d’un terme qui marque l’absence d’un caractère que le sujet devrait normalement posséder, b) Syn. négatif, c) (Jur.) Dont l’usage est réservé ; opposé à commun, public.

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