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Polycrate, tyran

Polycrate, tyran (Samos ?- Magnésie du Méandre 522 av. J.-C.).

Il était le fils d’Aiakês et s’était enrichi par la fabrication de couvertures et de vaisselle de bronze. Vers 533, aidé par ses frères Pantagnotos et Syloson, il s’empara de la tyrannie en renversant le gouvernement oligarchique qui dominait Samos. Il tua un de ses frères, exila l’autre et resta seul maître de l’île. Contrairement aux autres tyrans, il eut une politique agressive, dota sa patrie d’une armée et d’une flotte redoutables, battit les vaisseaux de Milet et de Lesbos, et domina toutes les Cyclades. Allié avec Amasis, roi d’Égypte, et avec Arcésilas III de Cyrène contre les Perses, il renversa ses alliances pour s’allier en 526 à Cambyse contre Amasis. Les aristocrates bannis appelèrent à l’aide les Spartiates, qui assiégèrent en vain Samos (524). Bien que vassal des Perses, Polycrate leur parut dangereux, et ils voulurent se débarrasser de lui. Appelé par le satrape Oroitês, il vint à Magnésie du Méandre pour y recevoir de l’or destiné à l’aider à prendre l’hégémonie sur l’ensemble des Grecs, mais il fut pris et mis en croix. Polycrate resta célèbre pour sa fortune et sa magnificence; il embellit et agrandit Samos, l’alimenta en eau grâce à un aqueduc construit par Eupalinos de Mégare, fortifia son port et la cité elle-même, termina la construction de l’Héraion. S’il contraignit Pythagore à s’exiler, il appela à sa cour le poète de Téos Anacréon et Ibycos de Rhégion.

Polycrate (v. 538-522 av. J.-C.) ; tyran de Samos.

La conquête du royaume de Lydie par Cyrus II marque pour le monde grec le début d’une époque nouvelle. Les riches cités commerciales d’Asie Mineure doivent se soumettre au souverain perse, lui payer des impôts et lui fournir des soldats pour ses guerres. Lorsqu’on 539, avec sa victoire sur Babylone, Cyrus prend le contrôle la flotte phénicienne, les îles grecques sont à leur tour menacées, surtout Samos, proche des côtes, qui a perdu ses possessions continentales. P. et ses frères, fils d’Alakès, un riche habitant de Samos, savent exploiter ce moment de crise. En 538, apparemment en accord avec le peuple, ils éliminent les chefs des familles aristocratiques régnantes (Géomores) au cours d’une fête d’Héra, occupent la citadelle et établissent leur tyrannie. Agissant en souverain absolu, P. ne tarde pas, grâce à sa flotte considérable de corsaires (150 rameurs et de nombreuses trières), à imposer une sorte de blocus continental aux cités côtières ioniennes et à profiter ainsi de leurs relations commerciales étendues -surtout de celles de Milet. Maître de l’Égée, P. conclut des alliances avec Cyrène et l’Égypte. Cependant, vers 525, il se détache du pharaon Amasis pour offrir à Cambyse II, plus puissant, son soutien à l’occasion de son expédition à la conquête des pays du Nil. L’alliance avec les Perses semble avoir enlevé à P. les revenus qu’il retirait des courses de ses corsaires contre les cités ioniennes, sujettes du Grand Roi, et rendu plus difficile le financement de sa flotte, de ses mercenaires et sa superbe cour, fastueuse. Cela peut l’avoir poussé - malgré les avertissements - à accepter l’invitation du satrape perse Oroïtès qui lui avait promis la moitié de sa fortune contre sa participation à un complot - fictif - contre Cambyse. En 522, P. se rend donc à Magnésie du Méandre, est emprisonné, crucifié et écorché vif. La chute de celui que la chance avait toujours favorisé a marqué la mémoire des Grecs (cf. l’histoire de l’anneau d’or jeté à la mer). La tyrannie de P. est pour Samos une époque de très grand épanouissement scientifique et culturel : des poètes et des savants vécurent à sa cour (Anacréon, Ibycos). Parmi les ouvrages gigantesques mentionnés par Hérodote, ne datent probablement de cette époque que la conduite d’eau passant dans un tunnel à travers la montagne Ampélos, une oeuvre de l’architecte mégarien Eupalinos, et le magnifique aménagement du sanctuaire d’Héra, dont la mise au jour a révélé la richesse de l’art de Samos.

Bibliographie : Cl. Mossé, La Tyrannie dans la Grèce antique, 1969.

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