PITIÉ
PITIÉ, n.f. Sentiment de compassion ou de sympathie à la vue des souffrances d'autrui. Critiquée par Spinoza (l'homme raisonnable ne devant pas s'apitoyer), elle est au contraire tenue par Rousseau pour un sentiment moral essentiel, car elle s'oppose à la cruauté et à l'égoïsme, et elle porte à agir indépendamment de tout calcul et de toute réflexion. Pour Schopenhauer, en présence du malheur que constitue l'existence, la pitié est la règle la plus sûre de la conduite morale.
PITIÉ
Sentiment de commisération en présence du malheur d’autrui.
♦ Rousseau, qui définit la pitié comme « un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l’activité de l’amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce », lui confère un statut philosophique : à l’état de nature, elle tient lieu de lois et de vertu, constitue avec l’instinct de conservation le fondement de la vie morale et sociale, et répond à la maxime : « Fais ton bien avec le moindre mal d’autrui qu’il est possible. »
♦ Dans son Mémoire sur Le Fondement de la morale (1840), Schopenhauer, après avoir dénoncé dans le système de Kant l’influence inavouée de la théologie, réaffirmera à sa façon que « la pitié, étant le seul motif pur d’égoïsme, est aussi le seul vraiment moral... avec elle, il n’est pas besoin de casuistique ».
Pitié Du latin pietas, « piété », d'où « clémence », « compassion ». Sentiment de sympathie qu’inspire le spectacle des souffrances d’autrui. • Pour Rousseau, la pitié est un « sentiment naturel », antérieur à toute réflexion, qui modère en tout individu la force de l'amour de soi.
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