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Philippe (Philippos)

Philippe (Philippos). 1. Philippe II, roi de Macédoine de 359 à 336 av. J.-C. Il naquit en 383 ou en 382. Il était le plus jeune fils d’Amyntas, qui régna sur la Macédoine de 393 à 369 av. J.-C. La famille royale de Macédoine remontait à Téménos d’Argos, l’un des Héraclides. Lorsque l’ancêtre de Philippe II, Alexandre Ier, concourut aux jeux Olympiques, vers 500 av. J.-C., il dut prouver aux juges qu’il n’était pas un barbare, mais de vraie souche grecque. La mère de Philippe, Eurydice, était liée à une autre famille royale de Macédoine, les Lyncestes, qui descendaient de Bacchis. Philippe réunit les conditions de l’hégémonie macédonienne en Grèce.

1. Les années de Jeunesse. Enfant, Philippe fut envoyé à Thèbes pendant trois ans, comme otage garantissant le maintien de l’influence thébaine en Macédoine. À Thèbes, il rencontra le grand général Épaminondas, qui lui apprit beaucoup. Il prit en main le gouvernement de la Macédoine en 359, l’année de ses vingt-quatre ans. Son frère, Perdiccas III, venait de se faire tuer dans une bataille. Il fut peut-être au début régent pour le compte de son neveu Amyntas. Durant les premières années de son règne, il s’employa à consolider sa position, à réorganiser l’armée macédonienne sur le modèle de la phalange et à écraser les Péoniens, et les Illyriens, qui avaient vaincu son frère. En combinant diplomatie et agression militaire, Philippe, en 357; parvint à s’emparer d’Amphi-polis, une cité indépendante et de grande importance stratégique, qu’Athènes avait longtemps désiré posséder. En 356, il prit Pydna, une possession athénienne sur le golfe Thermaïque. Potidée tomba aux mains de Philippe en 356 et Méthoné en 354 (il perdit un œil lors de la bataille). Athènes perdit progressivement toutes ses positions dans la région, et le contrôle des mines d’or de Macédoine et de Thrace a sans doute permis à Philippe d’ajouter la corruption à la diplomatie, a une grande échelle. Ces mines à l’époque lui fournissaient plus de 1000 talents par an. Il avait alors écarté son neveu et prit le titre de roi. Il épousa Olympias, sa troisième femme, une princesse Molosse venue d’Epire où là famille royale retraçait sa généalogie depuis le héros grec Néoptolème; leur fils Alexandre (le Grand) naquit en 356. Par la suite, Philippe eut sept épouses — la polygamie, était jugée souhaitable pour un roi dont le devoir était d’engendrer des héritiers. Seuls deux des fils de Philippe lui survécurent.

2. Intervention en Grèce, 353-346. En 353, Philippe avait écarté toute menace de l’Illyrie, de la Péonié et de la Thrace contré la Macédoine ; il était lié à l’Epire par son mariage; il s’était assuré des débouchés sur le nord de la mer Égée, et s’était allié à la puissance grecque qui se maintenait dans cette région, Olynthe et la Ligue chalcidienne. La même année, là Ligue thessalienne demanda son aide contre les tyrans de Phères (où Lycophron contrôlait désormais la situation) et leurs alliés les Phocidiens. Après une première défaite, la seule de sa carrière, Philippe vainquit et massacra Onomarchos, le chef des Phocidiens, et ses alliés, lors de la bataille du Champ de Safran (nom moderne), prés de la côté méridionale de Phères, en 352. Cela lui donna la maîtrise de là Thessalie, il supprima la tyrannie à Phères et prit possession du port thessalien de Pagasae. Seule la rapidité d’action d’Athènes l’empêcha de s’emparer des Therrhopyles pour porter la guerre en territoire phocidien. Il commença à construire une flotte et harcela les navires de commerce d’Athènes. Revenant vers le nord, il marcha contre la Thrace et obligea ses trois rois, l’un après l’autre, à accepter sa suzeraineté. Son contrôle du rivage de la mer Égée s’étendait à présent au nord et à l’est, des environs des Thermopyles à la Propontide, à l’exception de la Chérsonèse de Thrace et de la Chalcidique. Les intérêts d’Athènes se trouvaient gravement menacés, et Démosthène (2, 4), dans un discours connu sous le nom de Première Philippique, exhorta les Athéniens à se préparer au combat. Mais la politique athénienne, était à l’époque menée par Eubule, homme d’État prudent et-partisan de la paix (bien qu’il ait commandé les forces qui arrêtèrent Philippe aux Thermopyles). En 349, Philippe attaqua là Chalcidique, et Olynthe demanda et obtint une alliance avec Athènes. Mais l’Eubée, peut-être encouragée par Philippe, rejeta la domination athénienne, forçant Athènes à partager ses efforts entre ces deux régions. Philippe réduisit les cités l’une après l’autre. Olynthe, réservée pour la fin, tomba eh 348, fut rasée jusqu’aux fondations, et ses habitants furent vendus comme esclaves. La Chalcidique fut intégrée à la Macédoine et Athènes dut reconnaître l’indépendance de l’Eubée. Le Trésor athénien était vide, À cela s’ajoutait la nouvelle que Philippe, à la demande de Thèbes, se préparait à marcher vers le sud et à pénétrer en Grèce pour assujettir les Phocidiens. Tous ces facteurs imposèrent aux Athéniens la nécessité de la paix avec Philippe, qui la souhaitait également. Connue sous le nom de paix de Philocrate (du nom de l’un des négociateurs athéniens), elle fut conclue en 346 et stipulait qu’Athènes et la Macédoine conserveraient les territoires qui étaient alors en leur possession respective. (Sur l’histoire des ambassades qui négocièrent la paix) Ainsi Athènes conserva la Chersonèse de Thrace, mais abandonna sa revendication de longue date sur Amphi-polis. Philippe s’opposa à une tentative de dernière minute des Athéniens pour inclure la Phocide dans la paix. Philippe semble avoir voulu une, alliance avec Athènes, ayant peut-être besoin de la flotte athénienne en vue d’un projet de guerre contre les Perses. Mais toute possibilité d’entente amicale entre les deux camps aurait suscité l’opposition véhémente de Démosthène, même si Eubule l’aurait volontiers acceptée. Par. cette paix, Athènes abandonnait en réalité les Phocidiens à leur sort. Philippe fit route vers le sud, les Therrriopyles lui furent livrées par la garnison phocidienne, les Phocidiens furent chassés de Delphes, et la Macédoine remplaça la Phocide au Conseil amphictyonique. Philippe montra à tous sa nouvelle position en présidant les concours Pythiques la même année, en 346.

3. Nouvelles conquêtes de Philippe, sa mort (345-336). Dès 346, Démosthène essaya par tous les moyens de mettre fin à la paix de Philocrate. En 344, il persuada l’assemblée de repousser une proposition de renouvellement. Pendant ce temps Philippe était étroitement impliqué, dans les affaires d’Eubée et faisait campagne en Thrace. En 342, il fit de cette dernière une province de la Macédoine, payant tribut, et y fonda plusieurs cités, notamment Philippopolis. Cette extension de sa zone d’influence au voisinage immédiat de la Chersonèse de Thrace fut une autre menace pour les intérêts athéniens, et Démosthène, dans sa Troisième Philippique (prononcée durant l’été 341), insista sur la nécessité de préparatifs, militaires. Divers actes d’hostilité en 341 débouchèrent sur une guerre ouverte en 340. Philippe attaqua Byzance, qui s’était révoltée et avait quitté l’alliance macédonienne. Cette opération, conduisit Athènes à envoyer la flotte, car son approvisionnement en blé se trouvait menacé. Quelques mois plus tard, Philippe abandonna le siège et se retira en Thrace. Il décida d’affronter Athènes là où elle, était le plus vulnérable : sur terre. Le prétexte lui fut fourni par le Conseil amphictyonique, qui décida d’entreprendre une action contre les Locriens d’Amphissa pour avoir, de manière sacrilège, cultivé la plaine sacrée, et, en 338, invita Philippe à diriger- une nouvelle fois une guerre sacrée. Philippe aussitôt se mit en route, traversa les Thermopyles et prit possession d’Elatée, en Phocide, qui contrôlait tes passages, vers la Grèce du Sud. Il n’est pas certain qu’il ait eu réellement l’intention d’envahir l’Attique. Mais la menace qu’il le fasse et sa tentative pour gagner tes Thébains à son camp conduisirent Démosthène à proposer une alliance entre Athènes et Thèbes en dépit de l’hostilité traditionnelle des deux cités: car l’assujettissement d’Athènes par Philippe aurait constitué une menace pour. Thèbes elle-même. Cette alliance donna aux hoplites grecs une force à peu près équivalente en nombre à la phalange macédonienne lors de la bataille décisive de Chéronée (le 22 août 338). La bataille fut remportée par Philippe qui simula une retraité et mit alors en déroute les Athéniens. lancés à sa poursuite; on dit que son fils Alexandre prit le commandement de la cavalerie macédonienne. ■ La position dominante, en Grèce, revint à la Macédoine, mais Philippe désirait encore la coopération de ses adversaires. Il n’essaya pas d’imposer des régimes promacédoniens dans les cités (où, en réalité, les partis promacédoniens étaient en pleine ascension, sans l’intervention de Philippe), sauf à Thèbes, qui dut accepter une garnison macédonienne (et abandonner Oropos). Il n’à pas dissous les confédérations locales dans les Etats grecs, bien qu’Athènes ait perdu la majeure partie de sa ligue navale. En 337, un congrès hellénique fut réuni à Corinthe, lors duquel les Grecs firent la paix avec Philippe. La ligué de Corinthe fut instituée pour engager une guerre grecque contre la Perse, avec Philippe comme général. On fit les préparatifs de l’invasion et Parmiénion, le commandant de Philippe, fut envoyé pour créer une base en Asie Mineure. Mais tandis qu’il marchait dans une procession, lors du, mariage de sa fille avec le roi d’Epire, Philippe fut assassiné par Pausanias, apparemment pour des motifs d’ordre privé, bien que l’on ait évoqué un complot mené par Olympias, sa femme à présent répudiée, complot dont son fils Alexandre aurait été informé. La succession échut en douceur à ce fils, âgé de vingt ans. Les fouilles d’Aigai (Vergina) en Macédoine ont révélé les tombes de Philippe et de sa famille, avec .des offrandes funéraires et des peintures murales magnifiques. Les analysés des ossements ont permis l’identification du corps de Philippe de manière presque certaine.

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