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PERVERSION

PERVERSION, n.f. ♦ 1° Sens primitif et classique. Changement en mal (la conversion étant le changement en bien). Ainsi, Kant voit dans le penchant de l'homme à l'immoralité une «perversion du cœur» {la Religion dans les limites de la simple raison, I, § III) et non une méchanceté définitive, absolue («diabolique», ibid.). La conversion est donc possible, et la volonté peut être bonne, la nature humaine étant cependant fragile (et non pas sainte). C'est pourquoi nous portons des jugements de valeur morale {cette conduite est bonne, telle autre est mauvaise — même si c'est une conduite du sujet lui-même qui juge). ♦ 2° Les psychanalystes appellent perversion toute conduite sexuelle anormale (recherche du plaisir en dehors de l'accomplissement naturel de la fonction). Freud a cru que l'enfant commence par avoir des activités sexuelles déréglées, et il a proféré la célèbre formule : «L'enfant est un pervers polymorphe» (c'est-à-dire qu'il aurait en lui le germe encore non développé de toutes les perversités ; jugement qui dépasse les données de l'observation, mais qui a rapport à ce que Kant appelait la fragilité humaine et la théologie chrétienne l'état de «péché originel»). Certains contemporains tentent de mettre les perversions au rang des manières originales (voire distinguées) de se conduire, confondant malignement l'excellence vraie (sans doute rare) avec son contraire.

PERVERSION

En psychopathologie : comportement anormal traduisant une anomalie pathologique des tendances, aussi bien physiologiques que morales ou affectives. Plus précisément, la psychanalyse définit la perversion par rapport à la seule sexualité. Elle consiste dans ce cas à obtenir le plaisir sexuel avec des objets inhabituels (bestialité, pédophilie) ou dans certaines conditions qui paraissent aberrantes aux sujets « normaux » (fétichisme, voyeurisme, exhibitionnisme, sadomasochisme...).

♦ L’étude systématique des perversions commença indépendamment de Freud avec les travaux de Krafft-Ebing et Havelock Ellis. Mais l’originalité de Freud consiste à montrer dans les perversions des variantes d’une vie sexuelle elle-même conçue comme non naturelle, beaucoup plus que des déviations par rapport à une norme. Les perversions peuvent avoir pour origine la fixation ou la régression de la libido du sujet sur un stade infantile : en définissant la sexualité infantile comme « disposition perverse polymorphe », Freud souligne sa soumission au jeu des pulsions partielles et la multiplicité des zones érogènes qui la sollicitent. La perversion chez l’adulte consiste ainsi dans la réapparition d’une donnée partielle antérieure de la sexualité. Dans cette optique, il n’y a pas lieu de la soumettre à un jugement moral, contrairement à ce qui se pratique couramment, comme le révèle la connotation négative de l’adjectif « pervers ».

perversion, perturbation des instincts, qui conduit l'individu à jouir de la souffrance d'autrui. — La perversion est caractérisée par une absence ou une déviation des sentiments généraux des hommes. Cette absence de la conscience du bien et du mal explique qu'on l'ait nommée folie morale. La perversion — lorsqu'elle n'est pas occasionnelle mais permanente ou « constitutionnelle » — s'accompagne d'une grande lucidité intellectuelle, et ses corollaires sont l'inadaptation au milieu familial, scolaire, professionnel et enfin social. Le pervers, qui trouve de la joie à faire souffrir, se distingue du psychopathe, qui, lui, par sa conduite, fait systématiquement souffrir autrui, mais sans le vouloir et même le plus souvent inconsciemment; il s'oppose au névrosé, qui, dans toutes les relations humaines, est toujours celui qui souffre, le perpétuel « persécuté ».

voyeurisme, perversion caractérisée par la recherche de la jouissance sexuelle dans le spectacle des relations intimes. Le voyeur cherche à surprendre les ébats sexuels auxquels il n’ose se livrer par suite d’une crainte inconsciente de la castration. PERVERSION, n.f. (du latin pervertere, littéralement : «faire tourner de travers; renverser»). 1° Sens fonctionnel (moderne) : altération; dénaturation d’une réalité, d’une relation, d’un système politique ou social. La consommation excessive de télévision conduit l'enfant à voir le monde comme un simple reflet du petit écran : c'est là une perversion de son rapport à la réalité. L’excès des consultations électorales pervertit l’action des gouvernants, qui n'agissent plus qu "en fonction de leur cote dans l'opinion. 2° Sens psychologique : déviation, développement anormal d’une tendance, d’un instinct, en raison de troubles psychiques. Perversions sexuelles en particulier : exhibitionnisme, fétichisme, sadisme, masochisme. À noter que selon Freud, ces tendances perverses existent à l’état latent («L'enfant est un pervers polymorphe », car ses pulsions ne sont pas fixées). Leur manifestation devient perversion lorsqu’elles ne sont pas disciplinées par le sujet (voir Sur-moi}, ce qui est supposé être la normalité. 3° Sens moral (classique) : conduite immorale, dépravation, corruption. La perversion des mœurs dans la Rome décadente. Action de pervertir, par désir de faire le mal ; ou d’être perverti, corrompu. Ce livre qui fait l'éloge de la perversion est susceptible de pervertir la jeunesse actuelle. La perversion, dans ce sens, est le résultat de la perversité (goût de faire le mal, malignité, perfidie).

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