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période

La période désigne une phrase. Cette présentation lapidaire ne doit pas faire illusion : on est en effet victime d’une stratification de conceptions hétérogènes, dont les plus troubles concernent en fait la notion de phrase. Si l’on accepte, ce qui est à la fois historiquement et théoriquement indispensable, une approche large de ce concept, pour en avoir une définition réellement opératoire, on admettra qu’il s’agit d’une unité de développement thématique, pourvue d’une certaine cohésion grammaticale et tendant à un englobement sous une unique architecture mélodique. On voit la prudence, mais aussi les tenants, de la conception : elle permet de transcender les déterminations éventuelles de ponctuation et les enfermements grammaticaux, tout en désignant des lignes de tendances plus que des états de fait, toujours variables. Le terme historiquement le plus employé pour désigner cette réalité discursive est celui de période. Une inclination comme atavique de la pratique oratoire a entraîné à l’amplification des phrases, ce qui a débouché sur leur grossissement matériel, avec expansions diverses, enchaînements de dépendances et de parallélismes, phénomènes complexes d’attente, de résolution et de relance : on aboutit alors au sens le plus dérivé de la période. Mais, même dans cette acception-limite, la période peut être constituée de plusieurs composantes qui seraient, en grammaire scolaire du siècle 1870-1970, appelées phrase : c’est le cas dans le style coupé. Le vrai problème de la vaste période est celui de son statut de réalisation orale, s’il s’agit vraiment d’éloquence, par subdivision de souffle. D’un point de vue plus historique, la période est parfois envisagée en termes assez logiques ou argumentatifs : on en vient alors à considérer le nombre et l’identification de ses membres surtout comme des parties représentant les phases du raisonnement. Le type d’organisation périodique a également fait l’objet de diverses réflexions, concernant la question du rythme et du nombre, les clausules, la quantité de membres (idéalement de deux à quatre), le mode de réunion et de présentation de ces membres entre eux. La tradition latine utilise souvent deux termes différents pour caractériser deux formes de périodes l’une et l’autre syntaxiquement fermées : ambitus et circuitus. La première, qui est une sorte de circuit ou de mouvement circulaire, est moins forgée, moins resserrée, moins cadenassée : elle est donc plutôt utilisable dans le style moyen ou dans les passages point trop tendus; la seconde, qui est une sorte de boucle ou de chaîne fermée, se développe sur des ligatures, sur des parallélismes et sur des appels ou des dépendances syntaxiques totalement verrouillés : elle est donc plutôt utilisable dans le style élevé et dans les passages particulièrement sensibles.

PERIODE nom fém. — Phrase longue à la construction complexe et harmonieuse. ETYM. : du grec periodos = « circuit ».