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PERCEPTION

PERCEPTION, n.f. ♦ 1° Acte par lequel l'esprit humain reçoit une connaissance des choses. Chez Descartes, désigne l'acte de connaissance distingué de l'acte de volonté. Chez Spinoza, l’entendement perçoit (la réalité des choses). ♦ 2° Perception interne. Conscience immédiate des actes et des états du sujet par lui-même. ♦ 3° Perception externe, et souvent, surtout en psychologie, simplement perception. Réception d’une impression sensorielle qui permet à l'intelligence de connaître les choses extérieures ; est alors synonyme de «sensation».

PERCEPTION

Au sens ancien, s’applique chez Descartes à tous les actes de l’intelligence. Elle constitue l’une des deux façons de penser, l’autre étant la détermination par la volonté. On a nommé perception interne la connaissance consciente que le moi prend de ses états. Pour la psychologie, c’est l’acte par lequel l’esprit organise ses sensations et reconnaît un objet extérieur. Désigne aussi le résultat de cet acte.

perception, conduite psychologique complexe par laquelle un individu organise ses sensations et prend connaissance du réel. La perception est faite de ce qui est directement donné par les organes des sens (sensibilité extéroceptive), mais aussi de la projection immédiate dans l'objet de qualités connues par inférence : je perçois l'effort de l'haltérophile car je mets dans la masse métallique qu’il soulève ma propre sensibilité proprioceptive. La perception est un rapport du sujet à l’objet ; celui-ci a ses caractéristiques propres, mais c'est avec ma subjectivité que je le perçois. Si je marche dans la forêt, je ne perçois pas les mêmes choses selon que je chasse bu que je me promène aux prises avec une multitude de stimuli, je fais une sélection en fonction de mon attente. D'une façon générale, l'être vivant n'est sensible qu'aux objets qui l'intéressent directement, à ceux qui constituent son monde propre et qui ont une signification pour lui. Le lézard fuit au moindre bruissement, mais il ne réagit pas à la détonation du fusil éclatant près de lui. Des auteurs américains (R. Levine, I. Chein et G. Murphy), étudiant l’influence de la faim sur la perception, remarquent que des personnes à jeun voient surtout des aliments dans les dessins dépourvus de signification qu’on leur présente, tandis que d'autres, prises après avoir mangé, n'ont pas les mêmes réactions. Toute perception est donc une interprétation qui implique la personnalité tout entière. Plus qu’un simple phénomène sensoriel, c’est une conduite psychologique complexe qui se rapporte (importance de la mémoire et des apprentissages) à un cadre de référence particulier, élaboré à partir de notre expérience personnelle et sociale. C’est ce qui explique qu’un objet déterminé n’aura jamais tout à fait la même signification pour deux individus, qui ont, chacun, leur système de référence particulier. Le Dayak de Bornéo voit dans le sourire d'autrui le dédain ; le Japonais, l'embarras ; l’Occidental, la bienveillance. Ces critères de référence, que nous utilisons inconsciemment, nous sont indispensables car ils nous permettent de structurer le milieu dans lequel nous vivons et nous donnent un minimum de sécurité sans lequel aucune action n’est possible. La plupart de nos malentendus proviennent du fait que nos perceptions sont différentes, car les systèmes de référence des hommes ne sont pas identiques.

perception, représentation d'un objet réel. — Elle s'oppose à l'image, qui est la représentation d'un objet irréel. Si nous analysons la nature de nos perceptions, nous voyons qu'elles comprennent un élément affectif (une sensation), un sentiment d'extériorité, enfin un élément de connaissance qui nous permet de nommer, de déterminer l'objet. Si l'on considère l'objet de la perception, on peut distinguer les perceptions externes d'un objet hors de nous et les perceptions internes d'un état de sujet; et entre ces deux types de perceptions (externes et internes) se situent les perceptions proprioceptives, qui se rapportent à notre corps. Si l'on considère la genèse des perceptions, on peut distinguer les perceptions acquises (par exemple, discerner par la vue si une surface est lisse ou rugueuse) et les perceptions naturelles (par exemple, des différences de couleur). Les philosophes et les psychologues du XVIIIe siècle opposaient volontiers la « perception » (qui est la représentation d'un objet précis) et la « sensation » (qui est indéfinissable). La théorie moderne de la forme, ou Gestalttheorie, a supprimé cette opposition en découvrant que la perception n'est pas un « composé » de sensations élémentaires mais elle-même une sensation globale : « Nous ne percevons pas d'abord les feuilles, puis l'arbre; nous n'entendons pas d'abord des notes, puis la mélodie; c'est l'ensemble de l'arbre ou de la mélodie qui est d'abord perçu; et c'est en lui que nous apprenons à distinguer des feuilles ou des notes » (Guillaume). La perception est donc l'appréhension immédiate de « structures » dans la réalité. Les psychologues modernes (par exemple, Merleau-Ponty) opposent plus volontiers la « perception » naturelle à la « représentation », qui implique l'analyse et la réflexion. Enfin, si l'on considère les conditions de la perception, l'on doit reconnaître que l'on ne perçoit que ce qui nous intéresse. C'est ce qu'on nomme la « loi d'intérêt ». C'est en ce sens que la perception est liée à l'action : « Percevoir un fauteuil, écrit Janet, c'est se préparer à s'y asseoir. » Bref, si la perception est le point de départ de notre connaissance du monde, elle est aussi l'instrument de notre action sur lui.




Perception Du latin percipere, « saisir par les sens », « recueillir », « comprendre ». Faculté par laquelle le moi se forme, à partir de ses sensations présentes, une représentation des objets extérieurs à lui. • Contrairement à la sensation, qui peut être brute ou confuse, la perception nous permet d’appréhender des objets déjà constitués comme tels : bien que je ne voie que trois de ses faces, c’est un cube que je perçois (Alain). • Pour Leibniz, il existe des perceptions accompagnées de conscience (les aperceptions) et d'autres dont le sujet n'a pas conscience (les petites perceptions, comme le chant des oiseaux à la campagne). • Pour les partisans de la psychologie de la forme (ou Gestalt-Theorie), la perception n'est pas la synthèse d'une mosaïque de sensations élémentaires, mais l'appréhension globale d'un ensemble déjà structuré, appelé forme (Gestalten allemand).


PERCEPTION (n. f.) 1. — (Class.) Toute affection de l’âme par laquelle celle-ci prend conscience de ses états et de ses représentations. Rem. : Leibniz définit la perception comme affection de la substance, la distingue de l’aperception et peut alors parler de « petites perceptions » inconscientes. 2. — (Auj.) Fonction psychique par laquelle le sujet acquiert une connaissance immédiate, ou paraissant telle, des objets externes. 3. — Exercice ou résultat de cette fonction.

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