PENSER - PESER (étymologie)
PENSER - PESER: le verbe penser comme le verbe peser descendent tous deux du verbe bas latin pensare, fréquentatif (un verbe qui marque la répétition de l'action) du verbe classique pendere = «laisser pendre les plateaux d'une balance», d'où: «peser»; «peser le métal pour payer», d'où : «payer»; «peser des idées», d'où «penser». On pressent la richesse et la variété des sens qui peuvent apparaître dans le sillage d'un tel verbe. Le groupe ns de pensare n'avait déjà plus qu'une valeur graphique en latin. Les Latins écrivaient pensare mais prononçaient pesare. On trouve même fréquemment dans les inscriptions des mots comme cosul pour consul. Il s'ensuit qu'en français, penser est un doublet savant pour peser. Dans peser on notera que le é latin de la syllabe initiale passe à e sourd en français et que le s entre voyelles est descendu à la sonore correspondante z écrite s. Sur penser ont été faits les mots penseur, pensif, pensant, impensable, repenser, bien-pensant, etc. Sur peser : pesant, pesanteur, apesanteur, appesantir, peson, pesage, soupeser et les composés comme pèse-bébé, pèse-lettre, etc. Note : on écrira pèse-grains avec un s à grains. Ce n'est pas tout. On n'a pas oublié que peser était aussi la manière dont on mesurait la quantité de métal destinée à payer. La monnaie de bronze était lourde à Rome. Le mot livre qui est en usage en Angleterre et qui l'a été en France rappelle que notre unité monétaire correspondait à une livre de métal. A Rome, la livre était de 327 grammes et, comme unité monétaire, elle se nommait as, que nous traduisons par «sou» : un sou pesant 327 grammes ! Nous ne serons donc pas étonnés de retrouver dépenser dans la famille du verbe peser. Mais le verbe simple pendere a directement donné, avec son participe passé pensus, le substantif pensio (« pesée » puis « dépense ») qui est devenu pension en français avec le sens de «paiement», «gages», puis «somme versée pour l'entretien d'un enfant» et «maison où cet enfant est élevé». D'où les mots: pensionner, pensionnaire, pensionnat, demi-pension, demi-pensionnaire. Le pensum (neutre du participe passé passif de pendere) est « ce qui a été pesé », c'est-à-dire le poids de la laine que la matrone (maîtresse de maison romaine) donnait à filer chaque jour à ses servantes. Le mot passé tel quel en français a signifié « tâche » puis « punition ». Revenant à la physique (et à l'équilibre de la balance romaine), nous trouvons le verbe latin perpendere composé de pendere = «peser soigneusement». L'instrument inventé pour vérifier l'exacte position d'équilibre s'appelait perpendiculum (fil à plomb), qui a conduit à l'adjectif perpendicularis, devenu en français perpendiculaire. C'est évidemment un mot de formation savante comme son dérivé perpendicularité. Enfin une variante orthographique du verbe penser, la forme panser (qui remonte au Moyen Age) a été appliquée aux soins à donner aux chevaux. D'où le sens de «soigner» qui s'est ensuite mais ensuite seulement, monture oblige rapporté aux soins à donner aux gens. Dérivé : pansement. Le terme pansage reste consacré au vocabulaire du cheval.
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