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Yang Kouei-Fei

Publié le 16/05/2020

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« Yang Kouei-Fei Non loin de Si Ngan-fou, parmi les hauts lieux de la civilisation chinoise (la ville des Han, le tombeau de Ts'in che houang-ti), le voyageurne manque jamais d'aller voir le Houa ts'ing tch'e, le Marly, ou le Trianon des princes T'ang.

On y découvre aujourd'hui des thermes auxeaux limoneuses, que fleurissent pourtant diverses plantes aquatiques.

D'autant plus frappante, alors, la pureté de l'eau qui, dans labaignoire "en forme de fleur de pivoine", invite le visiteur à songer aux formes de la belle Yang Kouei-fei dont la légende veut qu'elleaimât tant ce Houe ts'ing tch'e. S'il permet à sa rêverie de recréer un instant le fantôme de la morte, l'Occidental se dira sans doute que l'importance de cette femmedans la légende chinoise et extrême-orientale dépasse de beaucoup sa réputation en Europe et aux États-Unis.

Sans doute AlexandraEtheldred Grantham produisit en 1923 The Twilight hour of Yang Kuei-fei, poème dramatique en un acte, mais c'était à Changhaï ; sansdoute, l'année suivante, paraissait à New York Mrs Wu Lien-teh, The most famous Beauty in China, The Story of Yang Kuei-fei, maisl'auteur était un Chinois, M.

Huang Shu-Ch'iung ; comme aussi M.

HoJu, à qui nous devons un texte valéryen édité à Paris, chez Messein,en 1935 Yang Kouei-fei, poème.

Enfin, ce sont les Japonais qui viennent de diffuser un film sur la favorite, et de la révéler au public (onne peut même pas dire au grand public) français.

En revanche, le livre de Soulié de Morant sur La Passion de Yang Kouei-fei, favoriteimpériale, d'après les anciens textes chinois (Piazza 1924), quoiqu'il ait été favorisé d'une traduction anglaise, n'atteignit jamais qu'unnombre modeste de lecteurs, alors que nos Du Barry, nos Pompadour sont d'un rapport toujours sûr pour les spécialistes des travaux delibrairie.

Il est vrai que nous ne manquons pas de royales maîtresses, par ici, dont certaines périrent durement.

C'est en vain que M.

HoJu assimile dans sa préface Yang Kouei-fei aux héroïnes valéryennes, et propose une jeune femme aspirant à l'immortalité ; en vainqu'avec son titre ambigu, la longue, tendre, exotique, sanglante et voluptueuse histoire contée par M.

Soulié de Morant essaye d'inscrirele nom de la belle au Panthéon des dieux morts (comme si la passion de Yang Kouei-fei, ce fût à la fois l'amour qu'elle vécut, celuiqu'elle inspira, mais aussi, et peut-être, surtout, son martyre en pleine jeunesse, au comble des faveurs et de la faveur, quand le prince,déchiré lui-même, doit l'immoler au salut d'un empire chancelant) : la plupart de nos dictionnaires et encyclopédies ne connaissent pasYang Kouei-fei. Douze siècles après la mort brutale de la favorite, ce destin exemplaire continue d'émouvoir les Chinois.

Un concours de circonstancesfavorisait là-bas la légende, voire la divinisation des amants impériaux : sixième empereur de la dynastie des T'ang, Hiuan-tsong (712-755) composait des poèmes et sa maîtresse nous a laissé, elle aussi, des œuvres légères, de sorte que le mythe du poète assassiné,toujours si vigoureux (voyez, en France, Chénier, Apollinaire, Péguy), ajoute son prestige noir à celui de la femme encore jeune ettoujours belle qu'un prince fou d'amour sacrifie néanmoins à la raison d'État (invitus invitam...

mais en beaucoup plus cruel).

Ajoutez que,du vivant même des héros, les plus fameux poètes de la dynastie des T'ang, Tou-Fou (712-770) Wang Wei (701-761) Mong Hao-jan(690-740) célébrèrent à l'envi la favorite, ceux même comme Li Po (705-762) qui avaient à se plaindre d'elle (l'histoire légendaireenseigne en effet que les eunuques attachés à Yang Kouei-fei intriguèrent pour éloigner celui-ci des charges auxquelles il pouvaitprétendre ; mais, sans parler de son indépendance et de son goût peut-être immodéré pour les boissons fortes, la seule liberté de sespropos aurait pu le disqualifier dans l'esprit de plus d'un fonctionnaire).

Rien donc d'étonnant si la belle des belles, celle pour qui, quandelle vivait, on chantait "l'Habit d'arc-en-ciel et la robe de plumes", devint, sitôt morte, la proie des poètes et de l'imagination populaire.

Undemi-siècle environ plus tard, Po Kiu-yi (772-846) perpétua leur légende et ce fut le Chant des regrets infinis.

En 1655, le dramaturgeHong Cheng fit représenter une pièce historique (Tch'ang cheng-tien) dont quelques tableaux se jouaient encore au XXe siècle. Mais de quoi s'agit-il, au juste ? Fille d'un officier appartenant à une famille Yang, et qui avait exercé de hautes fonctions au ministère dela Guerre, ce qui lui avait valu d'être anobli par l'empereur Jouie-tsong, le père de Hiuan-tsong, la future favorite naquit en 720.

Depuishuit ans, Hiuan-tsong régnait.

Comme pour réagir contre la cruauté qui avait marqué son enfance, quand Wou-heou, la souveraine deterrible mémoire, tyrannisait l'empire, il transforma sa capitale en une façon d'académie bienveillante aux lettrés, peintres et musiciens.Dès l'âge de quinze ans, mademoiselle Yang devint l'une des concubines du prince Cheou, le dix-huitième des fils de l'empereur.

Elleséduisait, dit-on, par un corps grassouillet, plutôt rare chez les beautés chinoises.

Pour l'honneur de Hiuan-tsong, les historiens chinoisfeignent pourtant que, trois années durant, cette beauté d'exception n'ait jamais retenu le regard ni occupé les loisirs de Cheou.

Favoriséeenfin, en 738, du choix impérial, la jeune fille, alors âgée de dix-huit ans, entra au service intime de sa Majesté.

Dix ans plus tard, elleobtenait le rang de Kouei-fei, "précieuse épouse impériale", et le titre de t'ai-tchen kong-tchou, princesse de la vérité suprême.

Entre-temps, elle avait su placer les siens ; ses trois sœurs, concubines, obtinrent d'être anoblies.

Quant à son fameux cousin Yang Kouo-tchong, tout débauché qu'il était, ivrogne et joueur, il se haussa par la cabale et le crédit de sa belle parente jusqu'aux postes les plusélevés.

La légende veut que Yang Kouei-fei, dix-huit années durant, demeurât maîtresse absolue des sens, de l'esprit et du cœur de sonmaître : Et les printemps succédaient aux printemps ; les nuits s'écoulaient, faisant place aux nuits nouvelles, comme disait Po Kiu-yi ; Dans le secret des Palais, trois mille beautés se trouvaient délaissées, et les trois mille faveurs de l'amour impérial étaient pour son seulcorps . Gouverné par un homme si heureux, comment l'empire eût-il résisté à la révolte de 755-756, quand, après avoir franchi des passes maldéfendues, Ngan Lou-chan se rua dans la capitale et s'installa sur un trône qu'avaient fui à temps, escortés de certaines troupes, lesamants impériaux et leur suite.

Mais, quand le cortège arriva au village de Ma Wei, les soldats se révoltèrent, exigeant qu'on mît à mortces pelés, ces galeux d'où venait tout le mal, toute la famille Yang.

Sans attendre la permission du prince, ils avaient déjà tranché la têtede Yang Kouo- tchong.

Ils hurlaient à la mort de la favorite, que Hiuan-tsong dut leur abandonner.

Certains prétendent qu'elle obtint dese suicider, et se pendit elle-même ; selon d'autres versions, elle fut étranglée par l'eunuque Kao Li-che.

L'année suivante, Ngan Lou-chan fut détrôné par Sou-tsong, un des fils de l'empereur, et massacré par la populace.

L'empereur abdiqua en faveur du princevictorieux.

La rumeur déjà voulait que la plus belle de tous les temps se soit changée en poirier ; déjà les pèlerins cheminaient vers MaWei pour y adorer les reliques : un bas de la favorite.

Voilà pourquoi sans doute, en 1957, au Houa ts'ing tch'e, j'eus la faiblesse decueillir quelques fleurs de jong bien houa (albizzia julibrissin), qui, à quelques pas de la baignoire que la légende attribue à Yang Kouei-fei, jonchaient le sol.

Délicates de forme et de couleur, imprégnées d'un parfum subtil, qui me parut digne de la plus belle des femmes,ces fleurs, depuis lors, je m'imposai de les jeter : aux légendes, et les plus belles, sachons préférer les bribes de vérité.. »

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