Vincent VAN GOGH:PORTRAIT DE L'ARTISTE PAR LUI-MÊME.

« Vincent VAN · GOGH PORTRAIT DE L'ARTISTE PAR LUI-M ME Dans ses autoportraits, Van Gogh ne se donne pas le beau rôle.

Marqué par la vie, il paraît beaucoup plus vieux que son âge, «comme si j'avais passé dix ans en prison », disait-il.

· De toute la génération de peintres à laquelle il appartient, Van Gogh est celui qui a laissé le plus grand n ombre d'autoportraits: une bonne trentaine, dont la plupart ont été peints à Paris en 1886 et 1887, 9uand il vivait chez son frère Théo.

Bien qu ils accentuent son air traqué et son allure bohème, ils sem­ blent assez fidèles à la réalité si on les com­ pare à ceux qu'ont peints d'autres artistes (Levens, Hartrick, Russel et lautrec notam­ ment), gui donnent de lui l'image d'un « suici­ dé de la société », pour reprendre la belle expression d'Antonin Artaud.

LA TE CHN IQUE Deux ans ont suffi à Van Gogh pour évoluer considérablement dans son art.

Dans les pre­ miers autoportrai ts, on retrouve sa palette de la période hollandaise.

Influencé par Monti­ celli, il donne ensuite plus d'empâtement à ses toiles, qui se couvrent de teintes rouge-marron et vert foncé.

Enfin, au contact des néo-impres ­ sionnistes, sa touche devient plus nerveuse et ses couleurs s'enhardissent.

C'est à cette der­ nière période qu'appartient cet autoportrait.

Vincent V AN GOGH 1853-1890 • POI1nllt th ,,,_ Jltl',.,..

• Huile sur tolle 32eln x l3 aa • Peint en 1887 • Localisation : .Amsterdaln, Rijksmusewn (collection Kroller·Muller) • Expositions : Paris, 1947; Mœeou, 1971 LA TOILE Van Gogh se présente à nous le vis ag e légè­ rement tourné vers la gauche.

Ses vêtemen ts un peu guindés font ressortir son expression p réocc upée, mais sans trace d'ango isse ni d'ag ress ivité.

On le sent concent ré.

Le regard est direct, franc, traduisant une ferme volonté ou une claire interrogation pour une fois tour­ née vers les autres.

Cette in t en sité de l'âme est traduite par des coups de brosse éner­ giques et dispersés (technique em pruntée sans doute à la nouvelle ma niè re de peindre de Pissarro), qui font vibrer son vis ag e.

L'HOMM E Van Gogh, qui se prit si souvent comme modèle, comment se «voyait-il,.? Dans ses mauvais jours, il se consi­ dérait comme un «rebut de la société ».

Quand ça allait mieux, il se comparait à un joaillier «pa uvre, mais qui fait passe r entre ses mains toute la bea uté do nt est ca pa ble la nature» .

LA COTE la série des autoportra i ts continue à Arles, où Va n G~ h souffre de violentes c rises d'angoisse 9ui vont le condut re à l'asile .

«On dit -et je le crois volontiers -qu 'il est difficile de se connaître soi-même.

Mois il n'est pas aisé non plus de se peindre soi-même », écrit-il.

Les huiles, quand elles se présentent sur le marché, se négocient en centaines de millions de francs (dizaines de millions de dollars).

Les rares esquisses valent plusieurs centaines de milliers de francs (dizaines de milliers de dollars).. »