VILLEHARDOUIN

« VILLEHARDOUIN GEOFFROY DE VILLEHARDOUIN est un seigneur champenois.

Au moment où se décide la quatrième croisade, il faitpartie de la mission envoyée à Venise pour régler les conditions du transport des troupes (1200).

Il laisse dévierl'expédition.

Au lieu de se rendre en Terre-Sainte, les croisés aident les Vénitiens à conquérir Zara.

Puis ils prennentConstantinople et y fondent l'empire latin d'Orient.

Dans la suite, Villehardouin joue un rôle de médiateur entrel'empereur Baudouin et son rival Boniface de Montferrat.

Il avait obtenu en récompense de ses services le fief deMessinople en Thessalie.

Il y meurt vers 1213, sans avoir revu la France. La Conquête de Constantinople. — Retiré en 1207 dans son château de Messinople, Villehardouin compose ce récit pour justifier son action dans la quatrième croisade.

L'oeuvre a été dictée à un secrétaire sans doute chargéde la mettre en forme.Cette chronique s'étend sur les années 1198 à 1207.

Elle conte l'ambassade à Venise, les négociations avec le dogeDandolo, la conquête de Zara, la prise de Constantinople pour le compte d'Alexis Commène, fils de l'empereurdétrôné, le couronnement d'Alexis, l'intervention de l'usurpateur Murzuphle, l'assassinat d'Alexis, la secondeconquête de Constantinople, la fondation de l'empire d'Orient, l'élection de Baudouin comme empereur, la rivalité deBaudouin et de Montferrat, la défaite d'Andrinople, la mort de Baudouin, la retraite des croisés jusqu'àConstantinople, la mort de Montferrat. ▪ UN PLAIDOYER Villehardouin entreprend de légitimer cette étrange croisade qui avait abouti à la conquête et au pillaged'États chrétiens.

Il montre que le changement d'objectif fut imposé par des causes fortuites, que d'ailleursConstantinople pouvait servir de base pour conquérir la Terre-Sainte et que le jugement de Dieu donna finalementraison aux croisés.

Caractère rude et courageux, homme de guerre, diplomate, Villehardouin est trop engagé dansl'action pour se montrer vraiment impartial.

« Il a dit la vérité, mais il ne l'a pas toute dite...

Il a reconstitué unesuite plausible des faits, dont les points délicats étaient éliminés.

» (Albert Pauphilet) • UNE CHRONIQUE INTELLIGENTE Il s'efforce d'apporter le maximum de clarté dans l'exposé d'événements confus.

Sans dédaigner le pittoresque, il nele recherche pas.

Il ne s'attarde pas• sur les détails.

Il utilise parfois les formules et le ton de l'épopée.

C'était inévitable à son époque.

Mais son styléest sobre, d'une noble gravité.

Cet écrivain vigoureux s'adresse à l'intelligence beaucoup plus qu'à l'imagination.. »