Vigny

« L'empreinte des origines A lfred de Vigny est né à Loches, en Touraine, le 27 mars 1797.

Les circonstances historiques et familiales de sa jeunesse ont des répercussions immédiates dans l'éla­ boration de sa pensée.

La nostalgie de l 'Ancien Régime et le mépris de ] 'Empire et de ses parvenus, ressentis par ses parents, l'influen­ cent très fortement.

Son didactisme doloriste fondé sur la poésie de l'échec et sur l'injuste souffrance découle des malheurs endurés par ses proches, nobles exclus, durant la Révolution et ] 'Empire.

Seul survi­ vant de quatre garçons, il est plus que protégé par une mère exclusive et envahissante.

Il éprouvera d'ailleurs tout au long de sa vie un intense besoin de protection, mêlé à une profonde aversion contre l'autorité.

Le culte des armes et de ] 'honneur, son rêve de gloire militaire et la fierté de sa noblesse l'entraînent à préparer l 'École polytechnique.

Il est nommé à dix-sept ans sous-lieutenant des Compagnies rouges, formées uni­ quement de gentilshommes.

Mais, chétif et frêle, il sera réformé en 1827 pour une maladie de poitrine.

Un poète romantique D ès 1816; afin de combattre l'ennui de son service, il se pas­ sionne pour la Bible, puis il découvre André Chénier, Homère, Chateau­ briand et Byron.

En 1820, il est introduit auprès de Victor Hugo, alors rédacteur en chef du Conser­ vateur littéraire, qui publiera dans sa revue son premier article consacré aux œuvres de Byron.

En 1822 paraît de sa plume un recueil ano­ nyme de dix Poèmes qui devien­ dront, en 1826, les Poèmes antiques et modernes.

Grâce à la poésie, il s'est constitué un univers intérieur où il trouve tendresse, force et sécurité.

Sa conception de la poésie, marquée par les teintes du xvme siècle, se Alfred de Vigny à 17 ans, en tenue de sous-lieutenant aux mousquetaires rouges Vigny éprouva une passiÔn douloureuse pour la comédienne Marie Dorval Vigny écrit dans le Journal d'un poète:« La vérité sur la vie, c'est le désespoir.

Il est bon et salutaire de n'avoir aucune espérance.» Le Cénacle est un salon littéraire parisien qui se constitua, de 1823 à 1828, d'abord chez Charles Nodier, ensuite chez Victor Hugo, pour définir les idées du romantisme naissant et lutter contre le formalisme classique.

Louis Ratisbonne, l'exécuteur testamentaire de Vigny, rassembla en 1864, dans un recueil intitulé Les Destinées, les poèmes parus dans la Revue des Deux Mondes depuis 1834, et ceux qui étaient restés inédits.

De même, les impressions écrites des dix dernières années de la vie de Vigny ont été regroupées dans le Journal d'un poète.

x1x• s1t :cu : Alfred de Vigny a vécu avec une singulière intensité sa mission quasi sacerdotale de poète.

dégage d'une œuvre alliant au rêve d'un paradis des sentiments et des formes une crainte profonde de l'enfer.

Vigny, contraire­ ment à la plupart des roman­ tiques, tente par le symbole de refléter, dans une figure, une attitude humaine.

Moïse, par exemple, symbolise la soli­ tude de l'homme de génie.

Ce premier recueil traduit la situation paradoxale de Vigny : s'identifiant à la noblesse par tradition et par sens de ] 'hon­ neur, il refuse d'approuver les valeurs présentes qu'elle défend tant sur le plan poli­ tique que religieux.

En 1823,_ il compose Éloa, épopée dans laquelle il amplifie sa situa­ tion de victime.

On retrouve dans tous ses poèmes une protestation contre la finitude et le malheur de l'être humain.

Il est alors introduit au Cénacle, où il se lie d'amitié avec Delacroix et Sainte-Beuve.

En 1825, installé à Paris avec sa femme Lydia Bunbury, il se consacre entièrement à son œuvre.

Il publie en 1826 Cinq­ Mars , roman historique qui évoque la noblesse humiliée par la monar­ chie absolue.

Dans les années 1830,. »