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VIE

Publié le 06/12/2021

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VIE

Si je m'efforce de classer un être et les phénomènes qui m'entourent, je distinguerai la pierre qui roule à mes pieds, et la plante qui pousse à côté. Cette dernière croit, je veux dire qu'elle nait d'une graine et se dé­veloppe selon un ordre relativement fixe ; elle se reproduit (et meurt ; elle se fane) ; elle offre des relations avec le milieu (nutrition, photo­synthèse, échanges, adaptation, etc ...). Manifestement, la pierre n'a pas des qualités. D'une certaine façon, l'animal les possède ; il est en outre capable de sensations, de motricité propre, d'apprentissage. Le langage courant nomme vivants les êtres qui ont les propriétés élémentaires manifestes dans les plantes, et que ne possède pas la matière inerte. Le concept de vie est relativement plus complexe. Il connote toujours les vivants et leurs propriétés distinctives. Mais il peut dénoter (on ne s'in­téressera pas ici aux sens figurés) une entité qui serait la cause ou le prin­cipe d'où les vivants tiendraient leur distinction d'avec la matière inerte. Etymologiquement, la biologie est la science de la vie ; cette détermina­tion abstraite est ambigüe. Une science de la vie peut avoir pour objet la description et l'explication des caractéristiques propres au vivant (par ex. construire une théorie de la reproduction ou de l'hérédité), ou la conception de cette entité mystérieuse qu'est la vie. L'histoire de la biologie concerne la philosophie. D'abord pour des raisons épistémolo­giques. Cette discipline empirique qui servit d'objet à Cl. Bernard pour produire le concept classique d'expérimentation n'est pas une science expérimentale comme la physique (limitations éthiques de l'expérimen­tation, voire limitations d'essence : on ne peut tuer l'objet). Surtout pour des raisons ontologiques : la biologie est-elle ainsi constituée qu'elle conduise à admettre la réalité d'une entité distincte de la pure matière, dont la physique apporte la connaissance ?

1.     Vitalisme et mécanisme

L'explication des phénomènes vivants par le recours à la vie ou à un principe vital parait la plus naturelle. C'est celle qu'on trouve par exemple chez Aristote : l'âme est le principe du vi‑


vant, la vie est animation de la matière. Les stoiciens éten­daient le vitalisme au cosmos : un souffle (pneuma) anime le monde. Dans ce rôle explicatif, la vie est souvent remplacée par des concepts analogues, mais construits au sein de théories plus déterminées : âme, forme organisatrice, principe vital, élan vital. Postuler une entité pour expliquer un type de phénomè­ne a quelque chose de tautologique. Ceci se voit parfaitement dans la définition que Barthez (XVIIIe siècle) donne de son principe vital : «Cause qui produit tous les phénomènes de la vie dans le corps humain«. A première vue, le gain explicatif est nul. Le vitalisme toutefois n'est pas quelque chose de tota­lement trivial. Il pose de façon absolue la spécificité du vivant (Canguilhem : il «traduit une exigence permanente de la vie dans le vivant«). C'est grâce à cette position qu'on parvint d'abord à décrire de façon fine cette solidarité des parties qui font du vivant un organisme ; bien entendu, cela a pour contre­partie l'admission de la finalité dans l'explication (par ex. pour rendre compte de la croissance ou d'une régulation globale). Comme l'a montré Canguilhem, le vitalisme a valeur de mé­thode (c'est le courant vitaliste qui a construit le concept de réflexe). Toutefois, le mécanisme aussi est une méthode ; quand Epicure et Lucrèce s'efforcent de décrire les vivants à partir de la conjonction des atomes, quand Descartes tente d'assimiler la bête à une machine (La Meltrie au XVIIIe siècle fera de même pour l'homme), au-delà des insuffisances de leurs théories, ce qu'il faut comprendre, c'est l'exigence rationnelle de construire la biologie sur les bases de la physique (1). La contre partie métaphysique du mécanisme est le maté­rialisme. A l'inverse, «le vitalisme a besoin pour survivre que subsiste en biologie, sinon de véritables paradoxes, du moins du mystère« (J. Monod, le Hasard et la Nécessité, p. 168).

2.  Le réductionnisme et ses problèmes

L'histoire de la biologie montre que cette discipline progresse d'une part en recourant à des phénomènes de moins en moins immédiats (2) (on passe de la figure externe des vivants à la cellule par ex.), d'autre part en construisant des théories locali­sées (circulation du sang, hormones, hérédité, par ex.). Toutes ces théories reposent en dernier lieu sur des bases physico-chimiques, et de façon plus générale, tout ce que nous nom­mons vivant dépend dans sa constitution du carbone et de l'oxygène (3). Pouvons-nous pour autant réduire la biologie à la physico-chimie ? Le problème se pose d'abord au niveau des


concepts. Il y a des concepts spécifiquement biologiques (par ex. : nerf, vitose, virus, hormone sexuelle mâle). On peut sou­vent les réduire à leurs composants chimiques (par ex. pour la testostérone dernière citée). C'est d'ailleurs à cela que travaille la biologie. Mais il y a aussi des lois ou des mécanismes spécifi­quement biologiques (ex. : lois de Mendel sur l'hérédité). Peut-on les déduire des lois physico-chimiques ? La question est plus confuse. De manière générale, la loi de production d'un phénomène vivant (ex. : un code génétique) s'exprime en termes physico-chimiques, mais n'est pas une loi physico-chi­mique (les réactions correspondant au code génétique ne cons­tituent pas une séquence physico-chimique nécessaire). Ce n'est pas par la déduction qu'on s'efforce de relier des phéno­mènes physiques et vivants, mais par une évolution, (voir Dar­win). C'est une question empirique. Là encore se posent des questions de finalité (qu'on s'efforce de résoudre par des mo­dèles cybernétiques). Le réductionnisme en est probablement conduit à la situation paradoxale d'affirmer que la biologie n'ajoute ontologiquement rien aux entités postulées par la physique, sans que pourtant celle-ci se déduise de celle-là.

1 . Cf. Cari G. Hempel, Eléments dEpistémologie : le mécanisme est une maxime heuristique (t. fr. Colin, p. 165).

2 . Cf. Fr. Jacob, La Logique du Vivant.

 

3 . Bien entendu, ceci conditionne les possibilités de vie sur d'au­tres planètes ; supposez que quelqu'un dise KIl peut y avoir ailleurs une forme de vie qui ne repose pas sur ces bases«, alors on ne sait pas ce qu'il entend par «vie«.

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