« Une charogne » de la section Spleen et Idéal de Les Fleurs du Mal

« E.L CHAROGNE Introduction La thématique de la fuite du temps est un topos sans cesse convoqué aussi bien dans la littérature que dans l’art.

Le Memento mori , locution latine qui signifie « Souviens-toi que tu mourras » , renvoie à des créations artistiques de toutes sortes dont le but est de rappeler aux hommes leur finitude et la vanité de leur vie.

Le poème à analyser « Une charogne » de la section Spleen et Idéal de Les Fleurs du Mal qui constitue l’œuvre majeure de Baudelaire reprend pour le revisiter ce motif topique.

Structure : ce poème s’articule autour de 3 mouvements Mouvement 1 : Une promenade galante insolite strophe : Mouvement 2 : La description de la charogne strophes : Mouvement 3 : Une réflexion sur l’art et la mort strophes : Axe de lecture : Il serait intéressant de voir comment à travers une poésie renouvelée Baudelaire revisite de façon originale le motif baroque du memento mori pour célébrer la poésie à travers une réflexion sur la vie.

Développement Mouvement 1 Une promenade galante insolite Le couple poète femme aimée Comme dans la tradition de la poésie galante, le poème met de prime abord en place le couple poète/ femme aimée.

En effet l’injonction « Rappelez-vous » dans le premier hémistiche de l’alexandrin inaugural convoque d’emblée la femme en sollicitant son souvenir.

Cette injonction à fonction conative place le poème sous le signe d’ une situation de communication intime entre le poète et la femme aimée qui se trouve d’ailleurs unis dès le second hémistiche par le biais du pronom inclusif « nous » « nous vîmes » .

Le poème s’adresse à la femme en la mettant sur un piédestal en atteste le vouvoiement et la caractérisation méliorative « mon âme » qui donne à voir cette femme de façon idéalisée.

Cette figure de la femme sublimée se prolongera d’ailleurs dans le poème à travers des métaphores laudatives telles que « Vous mon ange et ma passion » « Etoile de mes yeux, // soleil de ma nature » Cette première strophe évoque, en quelques mots , les éléments d’un cadre bucolique comme le donne à voir le champ lexical de la nature formé par les mots « sentier, caillou » .

Le caractère idyllique de la promenade est souligné dans le premier octosyllabe « Ce beau matin d'été si doux » où le mot « matin » est doublement qualifié par l’épithète mélioratif antéposé « beau » et le superlatif post-posé « si doux ». »