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« Un personnage n'est jamais qu'un morceau intime de nous-même, et toute oeuvre, quelle qu'elle soit, est une confession qui subit une métamorphose ». Pierre Jean Jouve, Commentaires, Mercure de France, 1950.

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : « Un personnage n'est jamais qu'un morceau intime de nous-même, et toute oeuvre, quelle qu'elle soit, est une confession qui subit une métamorphose ». Pierre Jean Jouve, Commentaires, Mercure de France, 1950.. Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Dans ce propos, Pierre Jean Jouve énonce un propos général sur la création artistique : d'après lui, toute production littéraire n'est que la métamorphose, c'est-à-dire la modification de la forme, d'une  expérience intime. C'est ainsi qu'un personnage, par exemple, est un « morceau de l'individu », c'est-à-dire une objectivation d'une part de l'intériorité de celui qui écrit : nous pouvons rappeler a ce propos le mot fameux de Flaubert « Madame Bovary, c'est moi » qui met en évidence que la créature de l'artiste entretient une relation spéculaire avec sa propre intériorité, de sorte que nous pouvons dire que la créature est en quelque sorte le reflet et l'expression de son créateur. En ce sens, toute production littéraire, considérée à grande ou petite échelle (celle de l'oeuvre dans son ensemble, ou de ses composantes, telles que les personnages mis en scène par l'oeuvre en question) est toujours « quelle qu'elle soit », construite a partir d'un matériau intime, qui subit un travestissement suffisant pour brouiller les pistes, peut-être, mais qui n'empêche pas au demeurant que cette oeuvre soit l'expression masquée d'une vérité intime concernant le sujet écrivant. Cependant, ne pouvons-nous pas opposer à la thèse de Pierre Jean Jouve, aussi forte et puissamment vraie qu'elle puisse nous apparaitre dans l'ensemble, que son propos est peut-être trop généralisant et qu'il est faux d'affirmer que toute oeuvre, en général et sans distinction aucune, est cette « confession qui subit une métamorphose dont il parle ». Nous pouvons penser en effet que certaines oeuvres littéraires ne sont pas enracinées dans le terreau intime dont parle Pierre Jean Jouve, de sorte que la littérature n'est pas réduite a l'expression masquée de l'intériorité d'un individu, au travestissement plus ou moins complet de ce qu'il est, et peut au contraire se tourner vers l'expression d'une idée qui transcende toute dimension intime du sujet écrivant. Mais nous verrons dans un dernier temps que toute production littéraire, si elle ne peut être qualifiée de « confession intime » comme le fait Pierre Jean Jouve qu'au prix d'une exagération, ne laisse pas moins de produire un discours implicite sur l'auteur lui-même : nous proposerons donc de lire les oeuvres littéraires en général, non comme une « confession qui subit une métamorphose » mais comme le théâtre d'un double discours ou, implicitement, l'auteur a beau nous parler de quelque chose d'extérieur a lui-même et a son expérience intime d'individu empirique, il n'en laisse pas moins de nous parler implicitement de ce qu'il est.

« « Un personnage n'est jamais qu'un morceau intime de nous-mêmes, et toute œuvre, quelle qu'elle soit, est une confession qui subit une métamorphose ».

Pierre Jean Jouve, Commentaires, Mercure de France, 1950. Dans ce propos, Pierre Jean Jouve énonce un propos général sur la création artistique : d'après lui, toute productionlittéraire n'est que la métamorphose, c'est-à-dire la modification de la forme, d'une expérience intime.

C'est ainsiqu'un personnage, par exemple, est un « morceau de l'individu », c'est-à-dire une objectivation d'une partde l'intériorité de celui qui écrit : nous pouvons rappeler a ce propos le mot fameux de Flaubert « Madame Bovary,c'est moi » qui met en évidence que la créature de l'artiste entretient une relation spéculaire avec sa propreintériorité, de sorte que nous pouvons dire que la créature est en quelque sorte le reflet et l'expression de soncréateur.

En ce sens, toute production littéraire, considérée à grande ou petite échelle (celle de l'œuvre dans sonensemble, ou de ses composantes, telles que les personnages mis en scène par l'œuvre en question) est toujours« quelle qu'elle soit », construite a partir d'un matériau intime, qui subit un travestissement suffisant pour brouillerles pistes, peut-être, mais qui n'empêche pas au demeurant que cette œuvre soit l'expression masquée d'une véritéintime concernant le sujet écrivant.Cependant, ne pouvons-nous pas opposer à la thèse de Pierre Jean Jouve, aussi forte et puissamment vraie qu'ellepuisse nous apparaitre dans l'ensemble, que son propos est peut-être trop généralisant et qu'il est faux d'affirmerque toute œuvre, en général et sans distinction aucune, est cette « confession qui subit une métamorphose dont ilparle ».

Nous pouvons penser en effet que certaines œuvres littéraires ne sont pas enracinées dans le terreauintime dont parle Pierre Jean Jouve, de sorte que la littérature n'est pas réduite a l'expression masquée del'intériorité d'un individu, au travestissement plus ou moins complet de ce qu'il est, et peut au contraire se tournervers l'expression d'une idée qui transcende toute dimension intime du sujet écrivant.Mais nous verrons dans un dernier temps que toute production littéraire, si elle ne peut être qualifiée de« confession intime » comme le fait Pierre Jean Jouve qu'au prix d'une exagération, ne laisse pas moins de produireun discours implicite sur l'auteur lui-même : nous proposerons donc de lire les œuvres littéraires en général, noncomme une « confession qui subit une métamorphose » mais comme le théâtre d'un double discours ou,implicitement, l'auteur a beau nous parler de quelque chose d'extérieur a lui-même et a son expérience intimed'individu empirique, il n'en laisse pas moins de nous parler implicitement de ce qu'il est.

I.

Toute production littéraire est enracinée dans l'expérience individuelle du sujet qu'elle modifie plus ou moins complètement a.

Petite échelle : le personnage est l'expression d'une part de l'intériorité du sujet écrivant Nous commencerons par adhérer à la thèse de Pierre Jean Jouve, selon laquelle toute production littéraire s'enracinedans l'expérience individuelle du sujet.

En effet, cette dimension intime et personnelle, ce caractères de révélationde ce qui dans le sujet ecrivant le concerne le plus directement, est une constante de l'œuvre littéraire et prendplusieurs formes distinctes, au sens ou elle se manifeste a différents degrés.

Par exemple, nous pouvons dire quetout personnage d'une œuvre de fiction est en quelque sorte une extériorisation d'une part de la personnalité et despenchants de l'auteur.

Affirmant cela, nous ne nous livrons pas a une conjecture sans fondements, mais noustenons un discours qui peut-être appuyer sur les écrits metacritiques ou la correspondance des écrivains eux-mêmes.

Par exemple, Bourdieu lit a la lumière de la correspondance de Flaubert le personnage de Fréderic Moreaudans « L'éducation sentimentale » comme une extériorisation de ce que Flaubert lui-même redoutait de devenir, asavoir un velléitaire incapable d'achever quoi que ce soit dans sa vie.

Une œuvre littéraire est donc enracinée dansle terreau de l'expérience auctoriale, d'abord parce que les personnages de cette œuvre représentent en partie cequ'est l'auteur lui-même.

b.

Grande échelle : toute œuvre est enracinée dans l'expérience de celui qui écrit Mais si nous considérons l'œuvre a plus grande échelle, c'est-à-dire dans sa totalité et non dans la seuleperspective du personnage, nous pouvons adhérer a la thèse de Pierre Jean Jouve, a savoir que toute productionlittéraire est en définitive une confession déguisée, l'expression d'une vérité intime concernant l'auteur lui-même, quinous parle de lui-même lorsqu'il prétend parler d'autrui.

Par exemple, nous pouvons affirmer que dans un roman telque « Gatzby le Magnifique », Francis Scott Fitzgerald à beau nous parler d'un personnage fictif, il évoqué en vérité. »

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