Tycho Brahé

« Tycho Brahé L'évolution de l'astronomie théorique pendant la Renaissance est l'Oeuvre de trois hommes : Copernic, Kepler etGalilée ; mais leurs travaux auraient été incomplets, sinon impossibles, sans les observations d'un quatrième, qui futTycho Brahé.

C'est à celui-ci, en effet, que Kepler doit les données expérimentales qui lui permirent d'exprimer lesvraies lois planétaires sous la forme qu'elles ont encore conservée de nos jours. Tycho Brahé, né à Knudstrup en 1546, appartenait à une vieille famille de la noblesse danoise ; alors qu'il faisait sesétudes de Droit à Copenhague, il fut frappé d'admiration par une éclipse de soleil qui, prévue pour le 21 août 1550,avait effectivement eu lieu à la date indiquée ; ce fait décida de la carrière du jeune Danois car, abandonnant leDroit, il devait se consacrer à l'astronomie jusqu'à la fin de ses jours.

Après un séjour en Europe qui lui permit devisiter les principaux observatoires existant alors, il revint se fixer au Danemark, où le roi Frédéric lui fit don de l'îlede Hveen et d'une somme d'argent suffisante pour lui permettre de construire à son tour un observatoire ; Tychoput ainsi faire bâtir, en 1574, le château d'Uranienborg (palais d'Uranie).

De toute l'Europe, des astronomes serendaient dans l'île pour travailler avec le maître, et les travaux qu'ils y accomplirent constituent la base del'astronomie moderne. Les principales innovations de Tycho Brahé sont d'abord la grande dimension de ses instruments, destinée à enaugmenter la précision ; ensuite son procédé perfectionné de graduation, appelé méthode des transversales ; etenfin son habitude de procéder à des observations systématiques et de déterminer aussi exactement que possibleles erreurs de ses instruments.

Ses travaux les plus remarquables comportent, outre une foule d'observations sur laposition des corps célestes, bien plus précises que toutes celles qui avaient été faites auparavant, la premièreobservation de l'effet de réfraction atmosphérique sur les positions apparentes, la découverte des troisième etquatrième inégalités dans la rotation de la Lune, et la fluctuation de l'inclinaison de l'axe de rotation de la Lune sur leplan de l'écliptique. Tycho se souciait généralement moins d'interpréter ses observations que de les faire, ce qui devait faire dire plustard à Kepler : "Tycho est chargé de richesses, dont, comme la plupart des riches, il ne fait pas usage." On peutégalement lui reprocher de n'avoir pas su choisir nettement entre le système de Ptolémée et le système deCopernic, sa théorie personnelle constituant en effet un compromis plutôt bizarre entre ces deux conceptions.

Enfinil croyait fermement à l'astrologie ; il est vrai qu'à cette époque l'astrologie était considérée comme une science fortrespectable, et seuls des hommes exceptionnels comme Copernic ne semblent pas y avoir ajouté foi.

Quoi qu'il ensoit, les travaux de Tycho Brahé impliquent une conception nouvelle de la méthode scientifique, ou, pour mieux dire,la création de cette méthode ; c'était un changement aussi radical, en son genre, que la réforme introduite parCopernic quelques années auparavant ; en effet, au XVIe siècle, si étrange que cela paraisse aujourd'hui, onn'accordait qu'une part presque nulle à l'observation des faits, et l'on ne se préoccupait guère de chercher àconnaître les phénomènes aussi exactement que possible avant d'en rendre compte par une théorie.

Tycho futabsolument moderne, et presque unique en son temps, en ce qu'il comprit l'importance des observationssystématiques d'une part, et de la précision dans les mesures d'autre part. Malheureusement la grande Oeuvre d'Uranienborg s'acheva tristement ; en 1597, à la mort du roi Frédéric II, TychoBrahé, obligé de quitter le Danemark où il s'était fait de nombreux ennemis, se réfugia d'abord à Hambourg, puis, en1599, à Prague auprès de l'empereur Rodolphe II ; mais il ne devait pas survivre longtemps à son exil, et mourut en1601, en faisant promettre à l'un de ses jeunes disciples, Johannes Kepler, de continuer l'Oeuvre commencée.Comme l'avenir devait le montrer, cette Oeuvre était remise entre bonnes mains.. »