Turquie (1992-1993): Après la disparition d'Özal
Publié le 30/09/2020
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Turquie (1992-1993): Après la disparition d'Özal
En 1992-1993, la Turquie a consolidé sa position nouvelle de puissance
régionale, tout en se débattant, à l'intérieur de ses frontières, avec la lourde
question de l'omniprésence d'un appareil étatique tout-puissant, rechignant à
entériner les avancées démocratiques du pays.
Ainsi, alors que le pays, placé au
centre d'un cercle de feu allant des Balkans au Caucase et à la Mésopotamie, se
montrait très prudent en matière diplomatique et que le secteur privé faisait
preuve de créativité et d'initiative dans ses contacts avec les États des
Balkans et de l'ex-URSS, l'armée s'est acharnée à imposer une solution militaire
à la question kurde.
Dans le conflit arméno-azerbaïdjanais, le gouvernement
d'Ankara, décidé à ne pas donner prise à une propagande arménienne propre à
ternir son image en Occident, s'est abstenu de toute intervention directe quant
au problème du Haut-Karabakh (territoire peuplé majoritairement d'Arméniens et
situé en Azerbaïdjan), et s'il ne s'est pas caché d'avoir envoyé des
sous-officiers comme conseillers auprès du gouvernement et de l'armée
azerbaïdjanaise, il a autorisé le transit de l'aide humanitaire occidentale à
l'Arménie au travers de son territoire, apportant même une contribution.
Diplomatie: des engagements calculés
Son activité diplomatique a cependant été intense puisqu'il a apporté son
soutien au président arménien Levon Ter Petrossian contre le parti dachnak
(Dachnakoutsioum, Fédération révolutionnaire arménienne), participé aux
négociations de Rome, à partir de l'été 1992, en vue du règlement du conflit du
Haut-Karabakh et promu, en mars 1993, une initiative de médiation turco-russe
qui a échoué en juin avec la recrudescence des combats et la chute du président
azerbaïdjanais Aboulfaz Eltchibey.
En même temps, et malgré les sympathies de son opinion publique pour les
Abkhazes en conflit contre le pouvoir de la Géorgie, dont ils réclament la
séparation, il a mené une politique de rapprochement avec Tbilissi.
Les projets
économiques et culturels turcs en direction des républiques turcophones de
l'ex-URSS sont apparus nécessiter, en effet, aussi bien la pacification du
Caucase que l'entretien de meilleurs rapports avec les États des régions
concernées.
Le plus important de ces projets est celui de l'oléoduc devant
conduire vers l'Occident le pétrole et le gaz caucasiens et centre-asiatiques.
Opposée à une solution faisant aboutir oléoduc et gazoduc à un port russe de la
mer Noire (Novorossisk), Ankara a porté candidat celui de Yumurtalik qui reçoit
déjà le pétrole irakien, le golfe d'Alexandrette deviendrait ainsi une sorte de
nouveau golfe Persique.
Or cela impliquerait que l'itinéraire intègre un paysage
soit par l'Iran soit par l'Arménie; la seconde solution est apparue préférable
mais tributaire du retour de la paix dans le Caucase.
Le nouvel homme fort de
l'Azerbaïdjan, Heidar Aliev, dès son arrivée au pouvoir, en juin 1993, a annoncé
sa préférence pour un passage de l'oléoduc par l'Iran.
Cette politique de sagesse a imposé de la retenue à l'opinion publique turque,
pourtant vivement intéressée par le sort des musulmans du Caucase, - dont
d'importantes communautés sont installées en Turquie.
Cette opinion a trouvé un
exutoire avec les malheurs des musulmans de la Bosnie-Herzégovine.
Mais là.
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