Tupac Yupanqui
Publié le 16/05/2020
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Tupac Yupanqui?-1493
Le dixième empereur inca, Topa Inca ou Tupac Yupanqui, succéda en 1471 à son père Pachacuti ou Pachacutec quiavait régné trente-trois ans.
Lui-même demeura jusqu'en 1493 à la tête du "Tahuantinsayu", mais en fait il avaitdéjà été étroitement associé au pouvoir sous le règne de son père.
Il est souvent difficile de distinguer entre lesréformes de Tupac Yupanqui et celles qu'avait réalisées son prédécesseur.
C'est sous ce double règne decinquante-sept ans que l'État incasique, petite monarchie guerrière, est devenu l'empire le plus vaste et le pluspuissant de l'histoire sud-américaine.
Le royaume de Cuzco avait mené, depuis sa fondation au début du XIIIe siècle par le couple mythique que formaientManco Capac et sa sœur-épouse Mama Ocllo, une existence obscure.
À la fin du règne du huitième souverain,Uiracocha Inca, le royaume rival des Chanca lança une attaque si puissante que la capitale même sembla perdue.Seuls le courage et l'énergie du jeune Pachacutec, aidé selon la tradition par une miraculeuse intervention divine(des pierres se transformèrent en soldats pour repousser l'ultime assaut de l'ennemi) sauvèrent la ville.
Devenuempereur, Pachacutec ne se contenta pas de défendre Cuzco et le territoire avoisinant : il entreprit de consoliderson État par une série de conquêtes sur le haut plateau et dans la région du lac Titicaca.
À partir de 1463, TupacYupanqui, assumant sous l'autorité de son père le commandement des troupes, dirigea vers le nord l'effortd'expansion des forces incasiques.
La côte septentrionale, le royaume du Grand-Chimú et le sud de l'actuellerépublique de l'Équateur furent annexés à l'empire.
Une troisième série de campagnes conduites par Tupac Yupanqui de 1471 à 1493 porta le pouvoir de la dynastie lelong de la côte sud et vers l'intérieur, jusqu'à la province argentine de Tucuminán et dans le nord du Chili, jusqu'à larivière Maule.
Ce cours d'eau fut considéré comme la frontière méridionale de l'empire : au-delà s'étendait leterritoire des belliqueux Araucans.
Le successeur de Tupac Yupanqui, Huayna Capac (1493-1525) n'ajouta à ces conquêtes que des territoiresrelativement restreints au nord-est et au nord.
L'empire avait atteint sa forme définitive avec Pachacutec et TupacYupanqui.
Il couvrait dans les Andes et sur la côte une superficie de six cent douze mille kilomètres carrés environ,égale à celle de la France, de l'Italie, de la Suisse et des Pays-Bas.
L'époque incasique correspond à une phase culturelle tardive au Pérou.
Comme au Mexique, le guerrier a pris le passur le prêtre.
En dépit de la fabuleuse richesse déployée dans l'orfèvrerie, l'art incasique est loin d'égaler ceux despériodes précédentes.
Son architecture, majestueuse, manque cependant de variété et de souplesse ; ses œuvresles plus accomplies sont de grandioses forteresses comme celle de Sacsahuamán, que Tupac Yupanqui fit construireen y employant, dit-on, trente mille travailleurs.
Les structures impériales furent mises en place par Pachacutec et à sa suite, par Tupac Yupanqui.
Elles sesuperposaient à de multiples États de dimensions diverses, depuis les petits royaumes montagnards jusqu'à lagrande monarchie Chimú et à des sociétés dont la cellule de base était l'"ayllu", clan censé descendre d'un ancêtrecommun et exerçant un droit de propriété collective sur un certain territoire.
La dynastie inca elle-même tirait sonorigine de l'"ayllu" de Paccaritambo, à vingt-cinq kilomètres au sud-est de Cuzco.
À l'époque historique, il y avaitdans la capitale onze "ayllu" impériaux, dont les membres portaient le titre d'Inca ; en outre, certains "ayllu" etcertains individus avaient été anoblis et accédaient de ce fait aux prérogatives et aux privilèges des Incas.
À la têtede cette caste souveraine se trouvait le "Sapa-Inca", l'empereur, descendant du Soleil, qui, pour conserver pur lesang divin de la lignée, épousait sa sœur, la "Coya".
C'est dans la caste incasique que se recrutaient les plus hauts fonctionnaires et dignitaires de l'empire.
Les chefslocaux ("curaca") provenaient le plus souvent des populations soumises elles-mêmes.
Au dessous d'eux, un réseautrès serré de "responsables", commis à la surveillance de groupes de dix mille, mille, cinq cents, cent et dixtravailleurs, devait s'assurer de l'exécution des travaux, corvées et tâches diverses que l'empereur imposait à sessujets.
L'"ayllu" traditionnel était donc fortement contrôlé et limité par l'administration impériale.
On attribue à Tupac Yupanqui le premier recensement exact des populations et des ressources de l'empire.
LesIncas n'ayant pas utilisé d'écriture ni de pictographie, c'est au moyen de cordelettes à nœuds ("quipou") que desfonctionnaires spécialisés, les "quipoucamayoc", tenaient à jour les "statistiques" des provinces, villages et "ayllu",des terres, des cultures, des productions.
Dans les provinces, les terres étaient divisées — aux dépens des anciens "ayllu" — en trois fractions : les terres del'Inca, celles du Soleil, celles que l'on laissait aux "ayllu".
Les habitants, classés en dix catégories selon leur âge etselon leur aptitude au travail, devaient cultiver les champs de l'Inca et du Soleil (le produit de ces derniers étantdestiné aux temples et au clergé).
De même, une partie des troupeaux de lamas et d'alpacas était réservée à l'Étatet au clergé.
Les fonctionnaires impériaux distribuaient aux unités de travail des matières premières telles quel'argile, la laine, le bois et exigeaient en retour des quantités déterminées de poteries, de tissus, de vases en bois,d'armes, etc.
Soit pour réaliser de grands travaux, soit pour disperser des populations rétives, les Incas ont pratiqué en grand lamigration forcée.
Des peuples entiers étaient déplacés de leur province pour être installés dans une autre, souvent.
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