Troglodytes
Publié le 18/05/2020
Extrait du document
«
Lettre XII – Lettres Persanes , Montesquieu
« Qui pourrait représenter ici le bonheur de ces Troglodytes ? ».
C’est par cette question
rhétorique, mais surtout essentielle, que débute cet extrait de la Lettre XII des Lettres persanes .
Montesquieu répond immédiatement à cette question : c’est « le peuple » qui gouverne cet Etat.
L’emploi du conditionnel, les caractères imaginaire de ce peuple et utopique de cet Etat en font
un idéal politique.
Il est fondé sur le principe démocratique de la vertu.
Etymologiquement la
démocratie vient du grec ancien demos le peuple et cratein commander, diriger : le pouvoir
démocratique émane du peuple.
Dès lors, en quoi la démocratie permet-elle aux Troglodytes d’atteindre le bonheur ? Pour
Montesquieu, la vertu politique permet au peuple de vivre dans le bonheur (I).
Ce principe de
gouvernement s’appuie sur une organisation politique particulière (II).
I.
Le principe de vertu politique contribue au bonheur
1.
La primauté à l’intérêt général : l’idéal de la vertu républicaine
A la ligne 24, Montesquieu nous explique qu’après l’anarchie « des premiers
Troglodytes, et leurs malheurs » décrite dans la Lettre XI, le « nouveau peuple » [chante] « la
vertu renaissante et sa félicité .» Dans le Livre IV, chapitre 5 de De l’Esprit des lois, près de
trente ans plus tard, Montesquieu donnera une définition précise de la vertu politique : « La vertu
politique est un renoncement à soi-même, qui est toujours une chose très pénible.
On peut définir
cette vertu, l’amour des lois et de la patrie.
Cet amour, demandant une préférence continuelle de
l’intérêt public au sien propre, donne toutes les vertus particulières.
»
Le principe de vertu politique consiste donc tout d’abord à privilégier l’intérêt
général sur les intérêts particuliers.
Ainsi, toutes les décisions sont prises en « assemblées »,
les repas sont pris en commun, le travail est mis en commun pour l’intérêt général.
Usbek
emploie les pronoms « ils » ou « on » qui désignent l’ensemble des Troglodytes et non
l’individu : « ils instituèrent », « on faisait ensuite des festins », « on allait au temple », « les
bœufs ramenaient la charrue, ils s’assemblaient », « ils chantaient », « ils célébraient »,
« bientôt, ils s’abandonnaient au sommeil », et « les troupeaux étaient…confondus », « on
s’épargnait ordinairement de les partager ».
La vertu politique s’appuie alors sur un Etat un et indivisible :
L’indivisibilité : ainsi, on ne partage pas les troupeaux : dans cet Etat idéal, la propriété
reste donc indivise.
L’unité : est exprimée par le mot « union » qui est répété deux fois, les mots
« assemblées », « ils s’assemblèrent ».
Dans la phrase « Le peuple troglodyte se regardait
comme une seule famille », l’emploi du verbe pronominal « se regarder » reflète leur unité.
Le peuple a, en outre, volontairement et librement choisi cette union : le mot
« consentement » est utilisé.
Dans la phrase « c’est là que la pudeur virginale faisait un aveu
surpris mais bientôt confirmé par le consentement des pères », le mot « pudeur » désigne par
définition une honte honnête, et le mot « surpris » signifie que cet aveu arrive inopinément :.
»
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