Tiyi

« Tiyi Lorsqu'Aménophis III épousa Tiyi (vers 1408 av.

J.-C.), l'événement fut d'importance.

Dédaignant toutes lesprincesses, le despote choisit une roturière issue d'un fonctionnaire sacerdotal.

Cependant le fils de cette femmesera roi.

Sur le “ scarabée commémoratif ” portant le texte chargé d'apprendre la nouvelle au monde, on introduisit,pour la première fois dans le sacro-saint Protocole, le nom d'une épouse accolé à celui du souverain : ainsidevenait-elle fille du Dieu.

Aucune femme n'avait connu un tel pouvoir depuis la reine Hatchepsout.

Si elle n'est pasappelée à mener directement le pays, elle va dominer d'une emprise totale le souverain d'un Empire immense, àl'apogée d'une période d'opulence. Les monuments nous ont conservé l'image d'une femme d'une beauté prenante, les yeux en amande, rappelant ceuxde son époux.

Mais certains petits bustes révèlent davantage encore le visage harmonieusement charpenté decette belle et mince fille de Nubie, au nez très fin, les lèvres assez charnues, le menton volontaire. Partout elle s'impose, siégeant avec son époux.

Autre innovation, voici que sur tous les monuments officiels, seulesles filles du couple royal reçoivent le droit de figurer, à côté des souverains, et la reine participe à l'action quirevenait au prince héritier.

L'architecte Amenhotep, fils de Hapou, intime du couple royal, a tenu un rôle essentieldans la montée de Tiyi ; il est, au reste, chargé de la Maison de la princesse Sat Imen, laquelle sera épousée “rituellement ” par le souverain, son père.

A ce moment, Tiyi a déjà joué sa chance.

Elle est certainement à l'originede la réforme menée contre la religion officielle.

Thèbes est délaissée ; il faut dégager Pharaon d'une atmosphèreincompatible avec l'expression “ repensée ” de la théologie.

Sur la rive gauche, une nouvelle capitale est créée :Malgatta, où les murs et les sols du palais sont ornés de scènes bucoliques.

La reine encourage un luxe inouï,partout manifesté.

Pour elle, le roi est prêt à faire tous les prodiges : en quelques jours, un lac est creusé afinqu'elle puisse vaguer sur le bateau portant le nom du Disque d'Aton.

Cependant Tiyi n'est pas frivole et n'en négligepoint, pour autant, de peser sur l'orientation qu'elle donne à la royauté.

Elle travaille, elle lit : les vestiges de sabibliothèque nous suggèrent ses délassements intellectuels. Son fils Aménophis, le quatrième du nom, suit les audacieuses réformes qu'elle a juré de faire appliquer.

Le souveraintémoigne d'un caractère trop faible pour réaliser le rêve de La Grande Épouse, mais elle peut compter sur son Aînéqui devient corégent.

Elle doit l'inciter à créer la cité qui sera appelée “ L'Horizon du Disque ” (Amarna).

Mais elle enlaisse toute la gloire à celui qui prend alors le nom d'Akhenaton, ainsi qu'à son épouse Nefertiti.

Smenkéré, sonsecond fils (?), l'accompagne avec le roi dans la cité du Disque, où la princesse Baket-Aton lui naîtra, et trèsprobablement le prince Toutankhaton, dernier rejeton d'un souverain épuisé, relégué dans le calme moelleux d'unpalais amarnien, pendant que la reine-mère reçoit les honneurs du réformateur attentionné à suivre sa loi.

Il luiconsacra au moins un grand temple, lui offre des festivités fréquentes, et lui réserve une place privilégiée dans lesaffaires du pays : les archives étrangères retrouvées en Amarna nous apprennent combien elle était active àentretenir les relations avec les derniers vassaux asiatiques fidèles à la couronne.

Son Palais est important, elle y ason sculpteur attitré : Iouiouty.

Son intendant Huya règne sur sa “ Maison ”, tandis que, dans plusieurs provinces,ses domaines personnels lui versent redevance. La fin de Tiyi (vers 1362 ?) semble avoir eu lieu à Thèbes, qu'elle aurait peut-être regagné avant la chute d'Amarna,suivant, en cela, son sens politique.

On a retrouvé sa tombe pillée, dans la Vallée thébaine, contenant uncatafalque de bois plaqué d'or, consacré par Akhénaton.

Mais plus rien ne subsistait de la fille de Thouya et deYouya, de celle qui régna sur son souverain et sur les hommes, durant la période la plus poignante et la plusattirante de l'histoire égyptienne, si ce n'est une magnifique mèche de cheveux contenue dans un coffret du mobilierfunéraire de son fils Toutankhamon.. »