théathre
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
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Issu d'un rite religieux lié au culte de Dionysos, le théâtre a quitté la sphère sacrée à la chute des
civilisations antiques.
Mais il a toujours gardé une dimension rituelle qui incite à considérer cet art
avec un respect parfois disproportionné ou, au contraire, à le remettre en question par provocation
ou par désir d'en faire ressortir l'intemporalité.
Au XIXe siècle, les romantiques s'en sont emparés
pour y exprimer leur quête d'absolu ; mais les contraintes techniques et morales de cette époque ont
poussé Musset à imaginer des intrigues détachées des règles de forme et de bienséance.
Problématique : cette attitude de contournement d'Alfred de Musset, au nom de la liberté
d'écriture, nous conduit à nous poser la question de la liberté d'interprétation d'une œuvre
dramatique : quel accès à l'œuvre théâtrale nous offre la plus grande liberté d'interprétation de son
sens ?
Présentation du plan : Nous verrons dans un premier temps que le face-à-face avec le texte permet
de tisser avec l'œuvre un rapport intime et révélateur.
Cependant, force est de constater que le sens
d'une pièce peut être enrichi par le jeu des comédiens ou l'interprétation d'un metteur en scène, ce
que nous développerons dans un deuxième temps.
Enfin, nous verrons que le théâtre ne doit pas être
limité à la question de l'interprétation d'un texte, et que le langage théâtral peut dépasser nos attentes
en matière de révélations.
I – Lire le théâtre
Accéder à une œuvre théâtrale par la lecture de son texte nous garantit de façon évidente la
jouissance intime de son contenu et la liberté de son interprétation.
A – Le théâtre, c'est d'abord un texte, une œuvre poétique ou polémique, qu'il s'agisse de Jean
Racine, de Bertolt Brecht ou de Bernard-Marie Koltès.
La lecture permet de s'approprier le texte.
Livre en main, on peut en prendre possession par des relectures, des retours en arrière, des notes
personnelles...
Exemple : Dans la solitude des champs de coton de Koltès, une pièce de théâtre composée de longs
monologues dépourvus de ponctuation, qui ouvre un espace nouveau dans notre imaginaire.
B – La lecture permet aussi d'imaginer les personnages, les espaces dans lesquels ils évoluent, ainsi
que l'intensité de leurs actions et réactions.
On peut concevoir tout cela à partir de sa propre
expérience, de ses propres désirs.
Exemples : les pièces antiques ou celles de Shakespeare ; les scènes d'amour ou de meurtre.
C – Lire une pièce de théâtre, c'est aussi avoir accès aux didascalies, dont on connaît l'importance
dans le théâtre du XXe siècle.
Exemple : l'importance des indications de "Silence" dans Fin de partie de Samuel Beckett.
Transition : Mais ces incursions de l'auteur dans notre appréhension du texte se substituent-elles
pleinement à la réalisation scénique de l'œuvre dramatique ? Dans ce cas, pourquoi Beckett lui-
même a-t-il tenu à faire représenter ses textes sur une scène de théâtre ?
II – La force de la représentation
Nous allons rappeler dans cette deuxième partie que l'essence même du théâtre est de toucher le
destinataire par le moyen d'une représentation scénique.
Cf.
Molière : "Les comédies ne sont faites
que pour être jouées."
A – Les individualités qui constituent le public, si elles partagent le temps et l'espace de la
représentation, n'en demeurent pas moins libres dans leurs émotions et leur perception de l'œuvre.
Exemple : les critiques des pièces sont rarement unanimes.
Une sortie scolaire au théâtre fait aussi
ressortir la liberté d'interprétation du spectateur.
Autre exemple littéraire : Hernani de Victor Hugo
et la fameuse "bataille" que cette pièce a engendrée.
B – L'interprétation d'une œuvre dramatique apporte des éléments que nous n'aurions pas saisis en
lisant la pièce.
Les comédiens comme le metteur en scène donnent une dimension supplémentaire à
l'œuvre..
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