Taïwan (2004-2005): Deux visites historiques
Publié le 27/09/2020
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Taïwan (2004-2005): Deux visites historiques
Les rapports politiques tendus entre Taïwan et la Chine populaire ont été
ponctués de plusieurs développements inédits, pour certains susceptibles de
rapprocher les deux « frères ennemis », tandis que les relations économiques
s'intensifiaient.
Grande première, depuis la débâcle du leader nationaliste
Tchiang Kai-chek (Jiang Jieshi), qui s'était réfugié dans l'île avec ses
partisans en 1949, plusieurs vols commerciaux ont été autorisés pour ramener
chez eux de nombreux ressortissants de Taïwan installés sur le continent.
À
partir du 29 janvier 2005, pour le nouvel an (du Coq), Pékin, Shanghaï et Canton
ont été reliées à deux villes de Taïwan pendant trois semaines.
Environ un
million de Taïwanais travaillent ou vivent en République populaire de Chine.
En mars 2005, toutefois, à Pékin, l'Assemblée nationale populaire adoptait en
bloc (2 896 voix contre 0, et 2 abstentions) une loi « anti-sécession » qui
menaçait l'île rebelle de recours à des « moyens non pacifiques » en cas de
déclaration d'indépendance.
Les affirmations énergiques du président chinois Hu
Jintao dans un discours aux forces armées et la décision d'augmenter le budget
de la défense de 12,6 % ont ajouté du poids à cette légalisation d'une possible
intervention militaire, sans oublier la menace des 600 missiles pointés vers
l'île nationaliste.
Washington a réagi en qualifiant cette loi de «
malencontreuse ».
Tokyo a abondé dans le même sens.
L'Union européenne (UE), qui
étudiait la possibilité de reprendre les ventes d'armes à la Chine, a réagi en
considérant que l'abrogation de l'embargo de 1989 était rendue « plus difficile
».
À Taipei, le président Chen Shui-bian (chef du Parti progressiste pour la
démocratie, DPP) a vite répliqué en parlant de « loi d'agression », ajoutant que
seul le peuple de Taïwan pouvait décider de son propre avenir.
Les obsèques du pape Jean-Paul II ont permis au président Chen Shui-bian de se
rendre à Rome, grâce à un visa italien, ce qui a irrité Pékin et n'a pas
amélioré les rapports entre la Chine populaire et le Vatican.
C'était la
première visite d'un chef d'État de Taïwan au Vatican, son seul lien
diplomatique européen.
Lien Chan, chef du Kuomintang (KMT), parti nationaliste fondé par Tchiang
Kai-chek et principale formation d'opposition à Taipei, a effectué en avril 2005
un « voyage de paix » de huit jours sur le continent où il a été accueilli avec
tapis rouge et il a échangé une poignée de main avec son homologue du Parti
communiste.
À la suite d'un échange de plus de deux heures avec le président Hu
Jintao au Palais du peuple, les deux hommes « sont convenus ensemble de
s'opposer à l'indépendance de Taïwan ».
Cette initiative du KMT,
ultra-médiatisée à Taïwan, a d'abord été condamnée par le président Chen
Shui-bian, malgré ses appels passés à des pourparlers avec Pékin.
Au milieu de
manifestations populaires, l'opinion publique s'est divisée à ce sujet.
Des
médias ont traité Lien Chan de « traître », d'autres ont salué la « baisse de
tension ».
À peine ce périple terminé, James Soong, chef du Parti pour le peuple
(PFP) et influent dirigeant du KMT jusqu'en 2000, a entrepris une tournée
semblable sur le continent.
Sur le plan intérieur, Chen Shui-bian, qui avait obtenu un second mandat à la
présidentielle de mars 2004 par une majorité de seulement 0,2 %, a eu gain de.
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