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Synthèse XIXème siècle – 2ème partie.

Publié le 11/10/2023

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« Réalisé par Isabelle, à partir de l'Histoire de la Littérature française parue chez Larousse In Extenso sous la direction de D.

Couty. Synthèse XIXème siècle – 2ème partie. Cadre historique Miroirs de l'Histoire Le XIX e s.

fut l'âge d'or de l'Histoire et des historiens : de l'Histoire en train de se faire, pleine de bruit et de fureur, mais aussi du récit historique, de l'Histoire méditée, mythifiée ou romancée. De souvenirs en souvenirs, on pourrait voir dans la 2nde moitié du siècle comme une sorte de miroir offert aux 60 ans qui ont précédé, aux princes et aux révolutions d'autrefois : Napoléon III, ombre fade de son oncle Napoléon Ier, le comte de Chambord, espoir des légitimistes, refusant d'être Henri V pour ne pas être Louis XVI, les républicains de 1879 réinstallant, 90 ans après, le 14-Juillet et la Marseillaise dans la mémoire symbolique de la France. Désormais, l'invention politique passe par la référence à une tradition, qu'elle soit monarchiste, impériale ou révolutionnaire. Si la politique se fait en partie grâce aux souvenirs, la façon de les raconter a aussi des enjeux très immédiats pour ceux qui essaient à l'époque de penser l'Histoire et de l'écrire.

L'Histoire n'est pas neutre, elle est un regard actuel sur autrefois, parfois même une hypothèse sur ce que pourrait être demain. Intérêts contradictoires, tensions qui animent la société française de l'époque : d'abord parce qu'elle privilégie les vainqueurs, les républicains, les bourgeois, les industriels et les banquiers, parce qu'elle minore aussi les forces adverses de la monarchie, de l'aristocratie, du peuple des campagnes, de tout un monde conservateur qui constitue également la France de cette époque, encore d'Ancien Régime à bien des titres.

D'autre part, l'identification de la République bourgeoise au "Progrès" ne va pas de soi. L'empire en clair-obscur Il y a une légende noire du second empire qui doit beaucoup aux écrivains (Hugo, Michelet, Quinet, Renan, Taine).

Mais, curieusement, le coup d'Etat marque aussi l'échec et la fin d'un certain romantisme politique dont on vient de découvrir les illusions, l'impuissance : l'esthétique peut alors devenir une sorte Cadre intellectuel L'autorité des savants La science est d'abord un réservoir d'images, un embrayeur de rêves.

Les machines semblent parfois avoir pris la relève des tapis volants et des baguettes magiques.

On aurait tort cependant d'ignorer les intentions pédagogiques de Jules Verne et de tous ceux qui se trouvent, comme lui, entre le roman et l'encyclopédie. Mais, au-delà de la science, il y a encore l'exploration, la découverte : on parcourt le monde comme on parcourt la matière ou le vivant, avec le même enthousiasme conquérant : récits de voyages, récits d'aventures, le genre n'est pas neuf, mais c'est sa tonalité qui change, passant progressivement de l'exotisme romantique au relevé précis et méthodique, à une sorte d'arpentage où tout sera classé et répertorié ; comme dans une de ces grandes expositions universelles qui marquent l'époque, on y retrouvera, bien à leur place, les peuplades dans leur biotope, les animaux et les reliefs… Quant au savant qui est l'artisan de ce travail, il devient une sorte de nouvelle figure mythique susceptible d'être exploitée par le roman.

Cette accession du savant à la dignité romanesque traduit une admiration sociale et une idéologie dont on pourra voir l'articulation théorique : le savant n'est plus une sorte de magicien faustien inquiétant et maléfique, il est beaucoup porteur d'un espoir et peut-être même d'une nouvelle foi ; sa science, sa connaissance, devient une valeur quasi morale en permettant le progrès. Tous les domaines de la connaissance semblent touchés, animés d'un grand désir de science et aussi de vulgarisation ; des "magasins" pour enfants ou pour adultes, des journaux, des revues, des musées ou des livres se chargent de diffuser cette science et il existe même des spécialistes qui travaillent à expliquer ces "merveilles" (Flammarion ; Pierre Larousse, Grand Dictionnaire, 1866-1880).

Littré, quant à lui, dans son Dictionnaire de la langue française (1863-1872), cherche, de façon très positiviste, à faire pour les mots ce que d'autres font pour les plantes et les roches, en classant, en ordonnant les sens et les emplois. Le positivisme en tant que doctrine philosophique est l'œuvre d'Auguste Comte et son Cours de Philosophie positive (1830-1842) inspire une génération dégoûtée du romantisme et de Victor Cousin.

Le positivisme deviendra une sorte de religion, avec son calendrier, ses dieux, ses évangiles et ses temples, mais la pensée de Comte dépasse, par son influence, le cercle déjà nombreux des fidèles absolus.

La pratique scientifique est l'illustration et le fondement d'une culture nouvelle où l'homme agira, non plus en fonction de ses préjugés, mais en s'appuyant sur une connaissance certaine qu'il construit en se construisant lui-même.

On a souvent montré le lien entre le positivisme et les Lumières : dans les 2 cas, la connaissance scientifique et rationnelle devient le gage d'une liberté accrue de l'humanité qui assurera son émancipation et sa liberté, de l'école de village à l'institut.

D'où l'importance de l'enseignement dans une telle idéologie, l'importance, aussi, d'une vision politique en complète opposition avec l'alliance, jugée rétrograde, du trône et de l'autel sous le second Empire : l'avenir est plutôt du côté de la République, du progrès, de la raison, peut-être même, pour certains, de la libre pensée. Marcelin Berthelot, dont on peut dire qu'il est le meilleur représentant du scientisme : pour lui, la Science devient franchement une nouvelle foi et une nouvelle morale, gage d'un progrès et d'un avenir radieux.

Ce sont peut-être les excès du positivisme et du scientisme qui sont responsables d'une réaction sensible vers la fin du siècle : se manifeste alors une sorte de renouveau spiritualiste et religieux, parfois irrationaliste, qui proclame la faillite de la science, l'importance au contraire de l'intuition, du sentiment, du rêve, de l'imaginaire, de l'indicible et de l'inquantifiable. Religion et spiritualités La question posée à l'Eglise en ces années continue à être celle de son attitude face aux valeurs de 1789.

La foi catholique est-elle conciliable avec la liberté de conscience et l'idéal démocratique, avec le libéralisme dans ses versions autant économiques que politique, avec le rationalisme des philosophies ambiantes ? Si 1848 avait marqué l'alliance du catholicisme et du mouvement social, l'arrivée au pouvoir de Louis-Napoléon Bonaparte et le règne de celui-ci vont provoquer l'apparition de 2 grandes tendances adverses dans l'Eglise de France.

D'un côté, le libéralisme catholique, plutôt gallican, essaie de réunir Dieu et la Nation en s'opposant à la dictature : un des chefs de ce mouvement est Falloux, l'auteur d'une loi scolaire favorable à l'enseignement catholique (1850). Violemment opposé à cette tendance, le catholicisme intransigeant est défendu par Louis Veuillot, le polémiste de l'Univers, et par Mgr Pie, hostiles tous deux à ce qui leur paraît être une dénaturation du catholicisme dans ses principes mêmes, menacés déjà par le positivisme et la montée de l'incroyance.

Ils découvrent une contestation qui s'exprime tantôt par l'hostilité déclarée, tantôt par l'indifférence totale, tantôt encore par la moquerie et la caricature : celle, par exemple du curé Bournisien dans Madame Bovary (compense, il est vrai, par celle de Homais), celle aussi de certains prêtres dans l'œuvre de Zola.

Aux yeux des intransigeants, tous ces philosophes et ces écrivains illustrent en définitive une même pensée moderne et anticatholique qui mène au positivisme, au socialisme autant qu'à la libre pensée : il faut donc s'opposer avec vigueur à tout ce qui, dans le catholicisme même, pourrait favoriser l'adversaire, aux concessions que l'exégèse pourrait faire à la philologie athée, à un catholicisme libéral trop libéral et plus du tout catholique. Il faut dire que le Pape Pie IX semble partager ce sentiment et le fait savoir : textes, décisions, tout va dans le même sens, celui du raidissement.

Cette évolution s'accompagne en France d'un grand mouvement de dévotion qui permet au catholicisme de n'être pas seulement sur la défensive, de donner l'image d'un sentiment religieux à la fois fervent et très largement partagé. Du catholicisme le plus orthodoxe au sentiment religieux le moins théologique, la fin du siècle et le début de l'autre connaissent la contrepartie du positivisme triomphant des années 1850 et 1860.

Sur un plan philosophique, la "crise allemande de la pensée française" (à.p.

de la défaite de 1870) amène à chercher dans l'Esprit l'essence même du réel (Hegel), à voir dans le réel ce que notre esprit peut nous en donner (Kant) ; les travaux de Bergson, quant à eux, cherchent la part d'intuition qui intervient dans notre saisie de ce réel, en un moment où, justement, la poésie veut moins accepter ce réel que l'interroger et le voir "au-delà".

Le symbolisme, en effet, s'édifie pour une part contre le monde tel qu'il paraît être.

Au réel, on substituera donc l'Idéal dans une terminologie dont l'obscurité et le vague laissent la place à toutes les interprétations. Le poète devient mage ou prêtre, et c'est bien la prétention de certains symbolistes mêlant de façon syncrétique les mythologies, les panthéons et les liturgies.

Pour des écrivains comme Péladan, Barbey, L2on Bloy ou Huysmans, la démarche artistique est.... »

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