Suzanne VALADON:RAMINOU ASSIS SUR UNE DRAPERIE.

« Suzanne VALADON RAMINOU ASSIS SUR UNE DRAPERIE Suzanne Valadon n'est pas seulement la mère de Maurice Utrillo.

Personnalité fantasque et libre, elle est un peintre de talent que ses contemporains appelaient «Valadon», titre respectueux réservé aux grands artistes.

Parlant du grand Puvis de Chavannes, pour qui elle posa et qui fut sans le savoir son pre­ mier professeur , Suzanne Valadon racontait: «Je n'osais jamais lui avouer que /·e m'es­ sayais à dessiner , moi qui, depuis 'âge de neuf ans , couvrais de croquis tous les papiers qui me tombaient sous la main , au grand désespoir de ma mère ».

L ' ARTISTE Contrainte de quitter tôt l'école, Suzanne ent re en apprentissage comme modiste puis multi­ plie les menus travaux.

En 1881 s'ouvre devant chez elle, à Montmartre, le cabaret «Le Chat noir», tandis qu' en face se dresse le cirque Fernando , où Degas et Lautrec viennent choisir leurs modèles.

A quinze ans , la jeune fille rêve de devenir acrobate; un accident l'en empêchera , décidant de sa destinée.

Suzanne devient un modèle très recherché: Puvis de Chavannes, Renoir , Lautrec, Steinlen et Forain apprécient sa beauté sensuelle et insolente.

Tandis qu'elle gagne sa vie dans les ateliers et noue avec Lautrec une relation amoureuse tourmentée, sa mère Madeleine élève l'enfant de Suzanne: ce fils deviendra le célèbre peintre Maurice Utrillo.

Mois , lors de ses séances de pose, la jeune femme observe et apprend à l'insu de tous ; en cochette et en parfaite autodidacte elle pratique le dessin.

Ra minou est encore la vedette de ce tableau où il pose en compagnie de Louison , figure don t le réalisme robuste frôle la vulgarité .

Suzanne VALADON 1865-1938 • Raminou assis sur une draperie • Huile sur toile 80 cm x 60 cm • Peint en 1920 • Signé en haut, à droite, «Suzanne Valadon 1920» • Localisation : collection particulière Sa rencontre avec Degas sera décisive.

Le vieux maître, qui lui reconnaît du talent , s'attache à elle et lui prodigue de précieux conseils.

Désormais, Susanne ose s'attaquer à la peinture et élabore un style très personnel , indépendamment des modes et des groupes.

LA CRITIQUE Selon Bernard Dorival, l' originalité de Suzanne Valadon tient à «l'aisance avec laquelle elle a su concilier les deux recherches antinomiques qu 'elle a menées toute sa vie : celle de la beauté par le décor et du caractère par le laid ...

Si elle a réussi cet accord des contraires , c'est pour une raison qui lui est bien personnelle : parce qu'elle ne s'est jamais souciée de chercher à concilier ces inconci ­ liables.

Et peut-être y a-t-il dans ce dédain de la l~gique , dans cette inconséquence et cette indifférence aux contradictions, le seul trait féminin que présente l' art de Suzanne Vala ­ don, la plus virile -et la plus grande -de toute les femmes de la peinture ».

LA COTE Dans les années vingt, les œuvres de Valadon figuraient dans toutes les grandes manifestations artistiques, et elle était liée par contrat à d'importantes galeries.

La renommée de son fils l'a injustement reléguée au second plan, et il est possible d'acquérir une gravure à moins de 10000 FF (1800 dollars).

Mais ses tableaux, rares dans les ventes, sont réservés aux musées et aux collectionneurs fortunés .... »