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Sur quels plans le XIXe siècle constitue une rupture dans l'histoire longue de la forêt française ?

Publié le 01/10/2022

Extrait du document

« INTRODUCTION Avec 31% du territoire métropolitain, la forêt française est en constant progrès.

Cette situation est, sur le temps long, relativement nouvelle.

Elle est caractéristique de l'époque contemporaine, et d'une rupture survenue au cours du XIXe siècle.

C'est de cette rupture que traite le document présenté ici, un article scientifique paru dans la Revue forestière française en 1980 et rédigé par un historien, Philippe Vigier. Nous nous demanderons donc sur quels plans le XIXe siècle constitue une rupture dans l'histoire longue de la forêt française. Nous verrons donc en quoi cette période constitue une rupture économique, puis en quoi elle est un changement politique, avant d'en aborder les aspects environnementaux La forêt est d'abord une ressource à valoriser, c'est de ce point de vue que le XIXe siècle constitue une rupture. Sous l'Ancien régime, avant la Révolution française et avant la Révolution française, la forêt répondait à plusieurs types de besoins.

Les forêts étaient d'abord utilisées par les communautés paysannes, qui y exerçaient différents types de droits, les deux principaux sont ceux qui concernent la forêt « comme productrice de bois » (1.6) et ceux « qui la concernent comme terrain de parcours pour le bétail » (1.7).citation Depuis le Moyen Âge, il est habituel de récolter les glands pour les porcs (glandée) ou, plus largement d'envoyer « pacager les bêtes » (4).

Le bois coupé ou ramassé par les paysans était essentiellement du combustible, mais il existait d'autres types de demande.

Les usages sur les forêts étaient effectivement partagés avec les seigneurs et avec le pouvoir royal, qui pouvait orienter la forêt vers des besoins plus spécifique.

L'ordonnance de Colbert en 1669 est célèbre pour avoir voulu protéger du « bois de haute-futaie pour la marine royale », ce qui suppose d'exclure ou du moins de limiter la présence des paysans en forêt. Cette situation change à l'époque contemporaine, pour plusieurs raisons.

La première tient à l'émergence de nouveaux besoins.

Alors que le « progrès agricole » (1.9) permet de nourrir les bêtes avec des pommes de terre ou des betteraves et rend donc obsolète le pacage en forêt, le développement de l'industrie s'accompagne de nouveaux besoins.

Il s'agit d'abord de besoins en combustible, par exemple pour la métallurgie (I.17), comme c'est le cas en Ariège (1.31).

C'est cependant le charbon de terre (houille) qui répondra principalement à ces besoins.

Il s'agit surtout de la demande en bois d'œuvre (1.16), à la fois pour l'industrie naissante (traverses de chemin de fer, barres pour les mines...) et pour le bâtiment à une époque d'urbanisation rapide et de « spéculation immobilière» (I.16).

On assiste donc à une vraie « industrialisation » de la forêt, dont le meilleur exemple est la plantation de la forêt de pins des Landes sous le Second Empire. La valorisation économique de la forêt se modifie donc progressivement, et ces changements ont des implications sociales et politiques, comme nous allons le voir maintenant. La forêt est aussi un espace juridique, c'est d'ailleurs étymologiquement ce caractère d'espace « à part » (« foris ») qui lui donne son étymologie.

C'est aussi du point de vue politique que le XIXe siècle constitue une rupture. Avant la Révolution, les forêts étaient partagées entre plusieurs usagers (1.15).

Les communautés paysannes avaient des droits sévèrement encadrés par les seigneurs ou par le pouvoir royal des Eaux et Forêts.

Les maîtres des Eaux et forêts étaient avant tout des juristes, et les « délits forestiers » (1.3) étaient courants, car il fallait surveiller que les paysans n'aillent pas couper du bois ou faire paître des bêtes dans des lieux interdits.

Ces droits étaient alloués à la « communauté villageoise » (1.6) et ils étaient férocement négociés avec le seigneur, et, de plus en plus avec le roi.

L'ordonnance de 1669 marque de ce point de vue une étape importante, elle prétend que les forêts du royaume sont mal gérées afin d'étendre son pouvoir sur le territoire.

Cette politique est de plus en plus marquée avec le temps et trouve son aboutissement à la Révolution. La Révolution bouleverse en effet la propriété forestière.

Elle aboutit à la distinction de trois types de propriétés : la propriété d'Etat (forêt domaniale), la propriété communale (1.11) et la propriété privée, qui profite aux « riches propriétaires.... »

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