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SUR LE LIVRE DES AMOURS DE PIERRE DE RONSARD - HEREDIA, Les Trophées.

Publié le 09/12/2021

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Jadis, plus d'un amant, aux jardins de Bourgueil, A gravé plus d'un nom dans l'écorce qu'il ouvre, Et plus d'un coeur, sous l'or des hauts plafonds du Louvre, A l'éclair d'un sourire a tressailli d'orgueil. Qu'importe! Rien n'a dit leur ivresse ou leur deuil; Ils gisent tout entiers entre quatre ais de rouvre; Et nul n'a disputé, sous l'herbe qui les couvre, Leur inerte poussière à l'oubli du cercueil. Tout meurt. Marie, Hélène et toi, fière Cassandre, Vos beaux corps ne seraient qu'une insensible cendre — Les roses et les lys n'ont pas de lendemain — Si Ronsard, sur la Seine ou sur la blonde Loire, N'eût tressé pour vos fronts, d'une immortelle main, Aux myrtes de l'Amour le laurier de la Gloire. HEREDIA, Les Trophées (Lemerre, édit.). Introduction. Ronsard, célébré de son vivant comme le prince des poètes, puis méconnu pendant plus de deux siècles, a été réhabilité par Sainte-Beuve. A leur tour, les Parnassiens lui rendent hommage, Sully-Prudhomme, Coppée, Heredia enfin. Ce sonnet des Trophées fait partie du cycle consacré au Moyen Age et à la Renaissance; il est précédé d'un sonnet en l'honneur de Pétrarque et suivi d'un sonnet en l'honneur de du Bellay. La composition en est simple et rigoureuse; le mouvement général de la pensée est le suivant : les amours d'antan (premier quatrain) sont vouées à l'oubli (second quatrain); trois amantes auraient subi le sort commun (premier tercet), si les chants de Ronsard ne leur avaient assuré l'immortalité (deuxième tercet).

« SUR LE LIVRE DES AMOURS DE PIERRE DE RONSARD - HEREDIA, Les Trophées. Jadis, plus d'un amant, aux jardins de Bourgueil,A gravé plus d'un nom dans l'écorce qu'il ouvre,Et plus d'un coeur, sous l'or des hauts plafonds du Louvre,A l'éclair d'un sourire a tressailli d'orgueil. Qu'importe! Rien n'a dit leur ivresse ou leur deuil;Ils gisent tout entiers entre quatre ais de rouvre;Et nul n'a disputé, sous l'herbe qui les couvre,Leur inerte poussière à l'oubli du cercueil. Tout meurt.

Marie, Hélène et toi, fière Cassandre,Vos beaux corps ne seraient qu'une insensible cendre— Les roses et les lys n'ont pas de lendemain — Si Ronsard, sur la Seine ou sur la blonde Loire,N'eût tressé pour vos fronts, d'une immortelle main,Aux myrtes de l'Amour le laurier de la Gloire. HEREDIA, Les Trophées (Lemerre, édit.). Introduction. Ronsard, célébré de son vivant comme le prince des poètes, puis méconnu pendant plus de deux siècles, a été réhabilitépar Sainte-Beuve.

A leur tour, les Parnassiens lui rendent hommage, Sully-Prudhomme, Coppée, Heredia enfin.

Ce sonnetdes Trophées fait partie du cycle consacré au Moyen Age et à la Renaissance; il est précédé d'un sonnet en l'honneur de Pétrarque et suivi d'un sonnet en l'honneur de du Bellay.

La composition en est simple et rigoureuse; le mouvementgénéral de la pensée est le suivant : les amours d'antan (premier quatrain) sont vouées à l'oubli (second quatrain); troisamantes auraient subi le sort commun (premier tercet), si les chants de Ronsard ne leur avaient assuré l'immortalité(deuxième tercet). Premier quatrain.

Heredia use d'un artifice de composition et révèle progressivement la personnalité du poète qu'ilcommémore.

Il évoque d'abord les amants de jadis dont les aventures ont eu un cadre semblable à celui des aventures vécues par Ronsard.

La litote plus d'un suggère la foule innombrable de ceux qui ont aimé; et sa reprise souligne l'effet en donnant au quatrain un certain tour oratoire.

Au lecteur averti, les jardins de Bourgueil rappellent la passion de Ronsard pour Marie Dupin, l'humble paysanne; tandis que l'or des hauts plafonds du Louvre le fait songer aux amours du poète avec Hélène de Surgères, demoiselle d'honneur de Catherine de Médicis.

Ronsard lui-même a fait allusion, dans l'un de sespoèmes, à l'éternelle coutume des amants qui gravent sur un arbre le nom de la femme aimée: et il assista souvent à ces réceptions mondaines où la passion secrète ne se révèle que par un sourire bref comme l'éclair.

La richesse des rimes, l'éclat des sonorités, suggèrent, tout au long du quatrain, une impression de vie frémissante et heureuse. Second quatrain.

Une exclamation soulignée par une forte coupe, Qu'importe!, succède à ce mouvement.

Entendons : « Qu'importent ces amours ? »; nulle trace en effet ne demeure ni de leurs épisodes joyeux (ivresse), ni de leurs épisodes amers (deuil).

Constatation désabusée, sous une forme volontairement abstraite et neutre.

La cruauté de cet oubli qui ensevelit le souvenir avec les corps (Ils gisent tout entiers) est rendue plus sensible par le réalisme de l'hémistiche entre quatre ais de rouvre, rehaussé par le choix d'un substantif rare (rouvre, du latin robur, signifie coeur de chêne).

Dans les deux vers suivants, la même idée est illustrée par de nouvelles notations (l'herbe qui les couvre; poussière).

Ronsard était hanté par l'image de la mort; et l'insistance de Heredia rappelle cette hantise.

Dans tout ce quatrain, qui contraste avec leprécédent,' une impression de tristesse est créée par les sonorités assourdies. Premier tercet.

Tout meurt : constatation générale et tragique, préparée par les remarques sur la fragilité des amours; pour le sens, le tercet s'enchaîne tout naturellement au quatrain; il débute douloureusement par deux monosyllabes quirésonnent comme un glas.

Le poète égrène maintenant les noms de trois femmes qui devaient subir l'universelle loi, Marie, Hélène, Cassandre.

Ce sont les noms des trois muses de Ronsard; le troisième n'a pas été suggéré comme les deux autres au début du sonnet; Cassandre fut pourtant sa première inspiratrice; il avait vingt ans à peine lorsqu'il la rencontra àBlois; il s'était déclaré à elle; mais la fière jeune fille l'avait repoussé.

Le vers suivant contient encore une évocation réaliste de la mort dans le goût de Ronsard (« et cendres tu reposes », écrivait-il en s'adressant à Marie); l'allitération en s, ne seraient qu'une insensible cendre, s'oppose aux sonorités pleines du début du vers, vos beaux corps et suggère l'effacement dans le néant des splendeurs, de la vie.

Dans le goût de Ronsard aussi, cette comparaison entre la femme et la fleursemblablement périssables : Les roses et les lys n'ont pas de lendemain. Second tercet.

Voici enfin le nom illustre de celui qui inspire le sonnet; il résonne avec éclat, mis en valeur par une fortecoupe : Si Ronsard...

Heredia rappelle encore les sites où il a vécu, le Louvre au bord de la Seine, Blois et Bourgueil au bord de la Loire, que les bancs de sable font paraître blonde.

Enfin est énoncée l'idée maîtresse du sonnet : seule la poésie confère l'immortalité.

Le dernier vers, sonore, imagé (myrtes, laurier), associe les dons qu'assure le poète aux femmes aimées, l'Amour et la Gloire. Conclusion. Ce sonnet fait revivre Ronsard, dont Heredia s'inspire pieusement.

Il porte aussi la marque du Parnasse.

La richesse desrimes, l'heureuse mise en valeur des noms propres, la hardiesse de quelques coupes, l'opportune disposition dessonorités, la belle venue du dernier vers, concourent à lui assurer, en dépit de quelque convention, une incontestablequalité poétique.. »

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