Sujet IFSI - Languedoc-Roussillon

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« On voit aussi des parents qui ne peuvent pas élever leur enfant. Ils sont face à un « monstre ». Cela arrive dans le cas des PMA1. Il y a des enfants sur lesquels aucune autorité n'est possible. En fait, les parents ont eu recours à une insémination artificielle avec donneur. Le père ne se sent pas autorisé à dire « non » à l'enfant. Ces situations ne sont pas insurmontables. Des entretiens réguliers peuvent permettre aux parents de dépasser leur sentiment d'avoir enfreint la loi. Il arrive aussi que des parents nous demandent de dire la vérité à leur enfant. Il vaut toujours mieux que ce soit eux qui la disent mais, quand l'enfant amène des questions parce qu'il sait intuitivement qu'il y a un mystère autour de ses origines, nous en parlons. Les enfants savent, dans tous les cas. Il n'y a pas toujours besoin d'être grandement intuitif. Bien souvent les parents, devant l'enfant, ont déjà mentionné le fait qu'il soit adopté. Il y a même des enfants adultérins, dont les frères et soeurs connaissent les origines et qui en parlent devant eux. Mais la mère continue de faire comme si de rien n'était. Par ailleurs, révéler à quelqu'un qu'il a été adopté, c'est lui révéler qu'il a été abandonné. Une femme qui accouche « sous X », bien souvent, a déjà été abandonnée par le père de l'enfant ou bien elle n'ose même pas lui dire qu'elle est enceinte. Elle a peut-être été rejetée par sa famille. Pour qu'une femme donne ou abandonne son enfant, il faut qu'elle ait été abandonnée à plusieurs niveaux. Il faut qu'elle n'ait pas été soutenue. Pour l'enfant qui en est issu, la question est : « Comment faire face à l'abandon ? Pourquoi ai-je été abandonné ? Qui suis-je et qu'est-ce que je porte qui fait si peur que l'on n'ait pas pu me garder ? » Il ne faut pas négliger la culpabilité de l'enfant. L'abandon revient constamment dans notre travail. Cela fait aussi partie de la mythologie. Celui qui a été adopté a été abandonné. Il a le choix : soit il voue une haine terrible à ceux qui l'ont abandonné, soit il voue une haine terrible au monde qui n'a pas permis à ses parents de le garder. Il risque de vivre soit sur le mode de la colère, soit sur le versant dépressif, ou de passer constamment d'un état à l'autre. Aussi, quand des parents choisissent de dire ultérieurement la vérité sur les origines de l'enfant, il est nécessaire qu'il y ait un accompagnement, individuel ou collectif, car l'attitude des parents à ce moment est importante. À partir de là, l'enfant va réaménager les images de ses parents. Savoir qu'il n'est pas l'enfant de ces parents-là lui permettra de fonctionner de nouveau sur un mode cohérent. Ce n'est pas la même chose de révéler à un enfant qu'il est né dans un pays où ses parents ont été décimés par la guerre, ou de lui dire qu'il est né dans un pays tellement pauvre que ses parents ne pouvaient pas le nourrir. C'est encore autre chose de révéler à un enfant qu'il a été abandonné parce qu'il est né trisomique. Il existe aussi des parents qui sont au clair avec les origines de l'enfant mais qui ont pris fermement la décision de ne les révéler qu'à une certaine date : quand l'enfant aura sept ans, quand il entrera à l'école primaire, etc. C'est une position claire. Cela fait partie d'un projet parental. Même si c'est une erreur de considérer que l'enfant ne peut comprendre qu'à partir d'un certain âge. Les parents vivent avec un avenir organisé. L'enfant est dans une situation cohérente sur le plan psychique. Il n'est pas dans le mensonge. Claude Housse, « L'enfant et sa famille », hors-série Dossier familial, octobre 1995 1. PMA : procréation médicalement assistée ou assistance médicale à la procréation. .. .»