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SPIRITUALS ET GOSPEL un parcours dans les musiques sacrées afro-américaines

Publié le 12/04/2022

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". Le succès fut immédiat. On découvrit que les esclaves avaient su créer une musique originale, d'une incroyable richesse et profondément émouvante. En 1871, les spectateurs purent entendre les premiers spirituals chantés par une chorale composée d'anciens esclaves, les Fisk Julibee Singers, qui cherchaient des subsides pour leur université. Trois ans plus tard, les Fisk Jubilee Singers se produisirent devant le président des Etats-Unis, et firent même une tournée en Europe. Mais pour se plier aux conventions musicales de l'époque, les spirituals furent habillés des subtiles couleurs harmoniques de la musique des blancs. On en simplifia les rythmes. On oublia la rudesse des voix qui chantaient dans les plantations. On vit fleurir sur les meilleures scènes des groupes vocaux et des solistes, aux voix travaillées, qui interprétaient des spirituals de manière classique. C'est ainsi que ces chants se trouvèrent rapidement intégrés à la tradition musicale américaine. Dans les années 30, un compositeur blanc, Georges Gershwin, écrivit son opéra-chef d'œuvre, Porgy and Bess, alliant subtilement les deux cultures. Comme autres exemples de cette intégration, il faut évoquer les grandes voix noires du 20ème siècle qui ont toujours conservé des spirituals dans un coin de leur répertoire : Paul Robeson, Marian Anderson, ou, plus près de nous, Barbara Hendricks ou Jessie Norman. En parallèle à cette voie " classique ", les negro spirituals sont considérés, avec le blues, leur pendant profane, comme l'une des sources directes du jazz au début du 20ème siècle (cellules rythmiques, lignes mélodiques, improvisation, dialogue leader-assemblée). Après la guerre de Sécession, les noirs quittèrent les états du Sud dévastés pour rejoindre les grandes villes du Nord. Libres, mais sans travail, ils se regroupèrent en communautés. Bien qu'éloignés du monde rural de leurs pères, ils témoignaient toujours d'une intense ferveur religieuse, attisée par des pasteurs charismatiques. Mais ils préféraient désormais chanter leur confiance en Jésus dans la vie de tous les jours, plutôt que l'espoir d'une liberté dans la mort. Les spirituals des temps anciens n'étant plus adaptés à ces aspirations, des musiciens noirs de grande valeur surent créer un nouveau répertoire: les Gospel Songs. Le Gospel, né dans les années 1920-1930, fait la synthèse entre les hymnes évangéliques blancs, les spirituals, héritage du passé, et les musiques profanes noires, jazz et blues. Des grands compositeurs, comme Thomas Dorsey (1899-1993) 4 ont animé le mouvement Gospel en créant des maisons d'édition et d'enregistrement, en organisant des concerts et des grands rassemblements et, surtout, en révélant au monde les superbes voix d'artistes telle Mahalia Jackson, qui se produisit sur toutes les scènes du monde, jusqu'à sa mort en 1972. Le Gospel témoigne aujourd'hui d'une grande vitalité aux Etats-Unis et dans de nombreux pays. Sa force vient de sa capacité à intégrer les musiques du moment (soul, R&B, rap, électro), sans jamais renier ses origines. Le gospel est plus qu'une musique, c'est toute une culture, au delà des modes, qui permet aux hommes d'exprimer leur foi et leur espoir d'un monde plus fraternel. riverside.singers.free.fr/negrospi.htm

« SPIRITUALS ET GOSPEL un parcours dans les musiques sacrées afro-américaines. Médiathèque François Mitterrand Décembre 2010 1. »

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