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Sonnet à Marie de Ronsard (Commentaire)

Publié le 16/05/2020

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« Sonnet à Marie de Ronsard (Commentaire) Je vous envoie un bouquet, que ma mainVient de trier de ces fleurs épanouies,Qui ne les eut à ces vêpres cueillies,Tombées à terre elles fussent demain. Cela vous soit un exemple certain,Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,En peu de temps, seront toutes flétries,Et, comme fleurs, périront tout soudain. Le temps s'en va, le temps s'en va ma Dame,Las ! le temps non, mais nous nous en allons,Et tôt serons étendus sous la lame, Et des amours, desquelles nous parlonsQuand serons morts, n'en sera plus nouvelle :Donc, aimez-moi, cependant qu'êtes belle. Introduction. — On ne peut comprendre pourquoi Ronsard a cru devoir retrancher de l'édition définitive des Amours quelques-uns de ses plus beaux sonnets.

En voici un dont l'inspiration épicurienne est familière au poète : comme dans l'odelette : « Mignonne, allons voir si larose...

s, la fragilité de la fleur est le symbole de la fragilité du plaisir.

Marie, à qui la pièce est dédiée, est la fille d'un villageois deBourgueil; le poète a fait sa connaissance, comme elle avait quinze ans, un jour qu'il se promenait aux champs avec Baïf. Le sonnet.

— Premier quatrain.

— Le mouvement du premier vers : Je vous envoie un bouquet que ma main, est inspiré du premier vers d'une épigramme de Marulle, poète néo-latin d'Italie, imitateur de Catulle : Has violas atque haec tibi candida lilia mitto, « je t'envoie cesviolettes et ces lis blancs » ; l'idée d'ensemble du sonnet est inspirée aussi de l'idée d'ensemble de l'épigramme; mais l'expression, chezRonsard, est très différente.

D'ailleurs, cet envoi de fleurs est sans doute réel; une autre fois, le poète a fait présent à Marie d'unequenouille.

Les deux premiers vers sont liés étroitement par l'enjambement : que ma main vient de trier...

et la voix se pose sur le motharmonieux épanies, dont le sens est important, puisque la trop grande beauté de la fleur épanouie annonce sa mort prochaine; ce motjustifie et porte les deux vers suivants, d'une tournure syntaxique ramassée et hardie, qui permet de mettre en valeur l'expression chutesâ terre au début du quatrième vers; en outre, la sonorité chaude et voilée du mot vépre se détache dans l'harmonie douce de l'ensembledu quatrain. Deuxième quatrain. — Le premier vers du second quatrain : Cela vous soit un exemple certain, rappelle à nouveau, et de plus près, Marulle : Lilia ut instantis monearis virgo senectai « Des lis, afin que tu songes, jeune fille, à la vieillesse qui vient ».

Cet avertissementest d'autant plus émouvant que Marie devait mourir fort jeune.

Ce second quatrain, fait d'une seule phrase, développe le parallèle entrela jeune fille et la fleur; les mêmes mots, fleuries, flétries, sont appliqués aux beautés et aux fleurs.

La rime en ies produit le même effetde douce harmonie qu'au premier quatrain. Premier tercet. — Le mouvement admirable du premier tercet appartient uniquement à Ronsard, bien qu'on l'ait rapproché du mouvement de l'ode d'Horace à Postumus : Eheu, fugaces, Postume, Postume, /Labuntur anni...

« Hélas, fuyantes, Postumus, Postumus,glissent les années ».

Il n'y a pas chez le poète latin la répétition mélancolique de l'expression le temps s'en va...

qui évoque la fuite, etcrée dans le rythme un balancement nostalgique; l'expression labuntur anni, d'ailleurs très évocatrice, n'a pas la familiarité del'expression de Ronsard et surtout, il n'y a pas chez le poète latin cette conversion de pensée si profonde du second vers : Las! le temps,non, mais nous nous en allons.

Ronsard, comme font les grands poètes, donne un retentissement profond à deux expressions toutessimples, le temps s'en va et nous nous en allons, en les rapprochant l'une de l'autre; et ce vers, ralenti par les nombreux accents et lesnombreuses poses, sur le mot las sur le mot temps, sur le mot non, sur le mot nous, scandé par la rime intérieure non-allons, seprolonge comme une rêverie intime.

La mort est évoquée concrètement au vers suivant par l'image du corps couché sous la lame. Deuxième tercet.

— Les deux premiers vers du second tercet sont liés aux vers du premier tercet.

Ils développent, après l'idée de la mort des humains, l'idée de la mort des amours.

L'expression continue à être familière et évocatrice de la réalité quotidienne, desquelles nousparlons...

n'en sera plus nouvelle.

Quant au dernier vers, détaché du reste, il sert de conclusion au sonnet, Pour c'aimez-moi maintenantqu'êtes belle.

Il développe cette idée contenue dans le carpe diem d'Horace, que Ronsard a tant de fois exprimée à son tour; il l'exprimecette fois sans image, sans pointe; les mots les plus simples et les plus courants de la langue s'y détachent : aimez-moi, mis en valeurpar la césure, belle, qui est, à la dernière rime, comme la dernière note d'une mélodie.

Victor Hugo a mis ce dernier vers en épigraphe àsa ballade l'Aveu du Châtelain. Conclusion. — L'imitation. — Mettons ce sonnet en regard de l'épigramme de Marulle; nous comprenons avec quelle liberté et avec quel bonheur Ronsard imite, quand il est guidé par un sentiment personnel.

Il cueille çà et là une image, un tour, une idée, et puis recomposeà sa mode un autre poème.

C'est l'imitation classique, telle que la pratiquera La Fontaine.

Et ce n'est certes pas à une pièce aussi pureque Boileau pouvait songer quand il reprochait à la muse de Ronsard de parler grec et latin.L'inspiration. — On reproche parfois à Ronsard d'avoir trop souvent traduit en vers cette invitation épicurienne à jouir du plaisir qui fuit. C'est qu'il n'y a pas là seulement l'expression d'une idée, mais de tout un tempérament.

L'âme de Ronsard était épicurienne, et nousdevons à cet amour de la vie fugitive ses chansons les plus sincères, donc les plus profondes.L'expression. — Le style de Ronsard, dans ce sonnet, est caractéristique du style des Amours de Marie et des odes horaciennes.

Aucun mot rare, aucune recherche d'expression; ce sont les termes de tous les jours, recréés par les prestiges d'une syntaxe élégante et libre,d'un rythme souple, qui suit tous les caprices de la pensée, d'un instinct de l'harmonie dans le choix des rimes, dans l'accent dessonorités, qui fait de ces quatorze vers une chanson plutôt qu'un poème.. »

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