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"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" déclare Gargantua à Pantagruel. Dans quelle mesure peut-on dire que cette affirmation reflète une des valeurs idéales de l'Humanisme ?

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" déclare Gargantua à Pantagruel. Dans quelle mesure peut-on dire que cette affirmation reflète une des valeurs idéales de l'Humanisme ?. Ce document contient 1162 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
A ce titre, la mise en garde de Pantagruel fonctionne bien à la manière d?une mise en garde contre la dynamique infinie du mouvement de compréhension du réel. L'humanisme tel qu'on l'enseigne de nos jours a son mauvais génie, qui est Machiavel. La Lettre au prince est bien l'exemple dans système dans lequel les principes moraux ne sont plus définis par un discours catégorique, mais naissent au contraire des mécanismes particuliers qui régissent les situations politiques. Ce que Pantagruel nomme « conscience » est bien une « connaissance intérieure », un savoir qui ne relève ni du raisonnement ni de l'observation empirique. _ Quel est donc le rôle des activités rationnelles, réunies sous le terme de « science », dans la formation de l'individu souhaitée par la pensée humaniste ? Cette dernière se présente principalement comme la recherche de l'excellence humaine. L'étymologie de l'humanisme est « humanitas », qui ne signifie pas « humanité », mais « culture ». L'individu se livre quotidiennement à l'exercice de la vertu antique, qui consiste en une acquisition des savoirs les plus profonds et les plus variés. A ce titre, le savoir presque universel de Leibniz, ainsi que sa parfaite maîtrise des langues classiques autant qu'européennes est souvent citée. Si ces connaissances ne peuvent suffire à la définition d'une « morale » au sens chrétien, elles n'en conservent pas moins un profond intérêt pour l'accomplissement des tâches terrestres, et permettent à l'individu de développer une éthique, au sens aristotélicien, c'est-à-dire à déterminer les moyens de satisfaire la disposition naturelle de l'Homme à faire le bien, disposition fréquemment invoquée dans Gargantua, et sur la quelle repose l'ensemble de l'entreprise humaniste.

« _ Quiconque tente de définir un « idéal humaniste » se heurte à un paradoxe.

En effet, l'attribut fondamental del'Humanisme réside dans son anthropocentrisme, sa volonté de faire de l'Humain l'objet principal du savoir et des activitéshumaines, par opposition à la scolastique traditionnelle, pour laquelle toute entreprise devait être une déclinaison duculte, un moyen d'accession au réalité divines.

Dès lors apparaît l'étrangeté de l'affirmation du père de Gargantua : si une« science », une connaissance des réalités terrestre est légitime, au nom de quoi doit-elle s'embarrasser de principestranscendantaux qui la dépassent ? I Une critique rabelaisienne du scientisme _ C'est au sein de l'Humanisme que s'est élaborée, sinon la notion de science, du moins les procédés essentiels de saforme moderne.

Notamment développée autour des travaux de Copernic, puis de Galilée, la science humaniste se définitpar son indépendance vis-à-vis de tout discours de type dogmatique.

Ainsi, l'astronomie ne peut n'admettre comme unepreuve le géocentrisme affirmé par un texte, fût-il sacré.

En ce sens, le penseur humaniste découvre un domaine danslequel les notions de Bien et de Mal perdent leur sens : comment la science pourrait-elle bénir ou damner quiconque, dansla mesure où elle ne fait que décrire des états de choses ?_ Il est remarquable que la citation de Pantagruel soit devenue l'emblème de l'humanisme : en effet, la phrase estmarquée par une légère ironie de la part de Rabelais, puisqu'elle conclut une longue lettre dans laquelle Pantagruelprescrit à son fils une somme de lectures et de travaux titanesques, pour finalement lui rappeler que tout cela n'est rien auregard du service, de l'amour et de la crainte de Dieu.

Cette dichotomie manifeste reflète bien l'ambiguïté de l'Humanisme,qui prend ses distances vis-à-vis de l'attitude dogmatique sans cesser d'affirmer son rattachement à la traditionchrétienne, et qui va parfois jusqu'à critiquer l'Eglise pour sa trop grande imprécision vis-à-vis du texte biblique.

II Humanisme et Raison _ Le discours de Pantagruel est à entendre dans le contexte général de la pensée du XVIe siècle.

En effet, son attaques'inscrit dans un engouement général de l'Europe pour le développement des procédés techniques et des sciencesappliquées, dont Léonard de Vinci est l'exemple le plus célèbre.

L'humanisme précartésien ne rompt pas avec la visionclassique d'une Raison strictement horizontale.

A ce titre, la mise en garde de Pantagruel fonctionne bien à la manièred‘une mise en garde contre la dynamique infinie du mouvement de compréhension du réel.

L'humanisme tel qu'onl'enseigne de nos jours a son mauvais génie, qui est Machiavel.

La Lettre au prince est bien l'exemple dans système danslequel les principes moraux ne sont plus définis par un discours catégorique, mais naissent au contraire des mécanismesparticuliers qui régissent les situations politiques.

Ce que Pantagruel nomme « conscience » est bien une « connaissanceintérieure », un savoir qui ne relève ni du raisonnement ni de l'observation empirique._ Quel est donc le rôle des activités rationnelles, réunies sous le terme de « science », dans la formation de l'individusouhaitée par la pensée humaniste ? Cette dernière se présente principalement comme la recherche de l'excellencehumaine.

L'étymologie de l'humanisme est « humanitas », qui ne signifie pas « humanité », mais « culture ».

L'individu selivre quotidiennement à l'exercice de la vertu antique, qui consiste en une acquisition des savoirs les plus profonds et lesplus variés.

A ce titre, le savoir presque universel de Leibniz, ainsi que sa parfaite maîtrise des langues classiques autantqu'européennes est souvent citée.

Si ces connaissances ne peuvent suffire à la définition d'une « morale » au senschrétien, elles n'en conservent pas moins un profond intérêt pour l'accomplissement des tâches terrestres, et permettent àl'individu de développer une éthique, au sens aristotélicien, c'est-à-dire à déterminer les moyens de satisfaire ladisposition naturelle de l'Homme à faire le bien, disposition fréquemment invoquée dans Gargantua, et sur la quelle reposel'ensemble de l'entreprise humaniste.

III Pour une république des lettres _ Ces éléments nous permettent ainsi de préciser l'exigence de « conscience » proposée par Rabelais, qui est une écoutede soi-même, par opposition à la science qui est l'étude des objets extérieurs.

L'humanisme met en place une hiérarchieimplicite, semblable à celle proposée par Saint Augustin, dont les étapes successives doivent rapprocher l'individu de safonction la plus haute qui serait une forme de conscience pure, et en vertu desquelles est organisée la formation du jeuneGargantua.

L'astrologie et la divination sont ainsi bannies du monde de la connaissance, au profit des sciences ditesnaturelles, suspectes toutefois puisqu'elles ont pour objet la matière et non l'esprit (quoique les premières expériencesanatomiques en Europe soient bien réalisée par l'Humanisme).

Pourtant, la science, qui est l'étude des faits, s'efface dansla perspective humaniste au profit de l'étude du langage, et de toutes les activités propres à l'Homme._ Ainsi, Pic de la Mirandole propose l'image idéale d'une « république des lettres », autrement dit une Cité au sein delaquelle les conduites individuelles ne seraient plus déterminées par des Lois, mais par l'aptitude des habitants àinterpréter les textes.

Ainsi s'éclaircit le rapport étroits entre l'Humanisme et l'herméneutique chrétienne dont il est né.

Lesauteurs dits « humanistes » sont les premiers traducteurs de la Bible en langue vivante.

De ce point de vue, la« conscience » rabelaisienne, plus qu'une simple introspection, peut se définir comme un travail de déchiffrement du réel,et une identification entre le monde et l'intériorité du sujet, grâce à laquelle ce dernier pourra découvrir son penchantnaturel à faire le bien, ainsi que celui de la Création toute entière.

_ Pour conclure, la condamnation humaniste du scientisme ne porte pas sur les procédés scientifiques ni sur la validité deleur conclusion, mais sur leur possible prétention à s'ériger en principes absolus.

C'est le sens de l'essai d'Erasme, L'Elogede la folie, qui se plaît à inverser la définition commune du fou : la Raison pure est folle en ce qu'elle est une hybris, tandisqu'il existe une vertu du fou, qui est de ne jamais se prendre tout à fait au sérieux.. »

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