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scène 10 de Lagarce Juste la fin du monde

Publié le 30/03/2022

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« Jean-Luc Lagarce, dramaturge et metteur en scène de la seconde moitié du XXème siècle, est désormais un auteur reconnu notamment grâce à Juste la fin du monde , considérée comme une pièce testamentaire bien que ce ne soit pas sa dernière composition, inscrite au répertoire de la Comédie-Française depuis 2008.

C’est le Sida qui l’emporte à trente-huit ans.

Dans Juste la fin du monde, il ne va cependant pas être question de la maladie, mais de la difficulté de se faire entendre et de dire, au sein d’une collectivité comme la famille, lieu de toutes les ambivalences et de toutes les violences.

Louis, qui a coupé les ponts avec les siens, revient pour leur annoncer sa proche prochaine. La pièce alterne scènes de dialogue et scènes qui relèvent du soliloque, ou monologue.

Nous allons nous intéresser à un de ces monologues à travers le début de la scène 10, où Louis dans une sorte de confidence tragique, raconte l’histoire de sa relation avec la mort qu’il ne peut assumer comme sienne, qui le fait se débattre en eaux troubles avec l’idée de cette mort encombrante et impossible qu’il apprivoise comme il peut.

Nous verrons comment cette scène donne à voir un protagoniste que ne grandit pas, comme on dit de certaines épreuves, la pensée de sa mort prochaine, mais au contraire, comment cette idée révèle en lui une humanité amère, vindicative et violente, qui réinvente poétiquement la réalité pour l’endurer, en fuyant dans un fantasme de destruction et de maîtrise une « mort prochaine et irrémédiable », son statut de « prochain sur la liste », en somme un sort qui lui échappe.

Pour ce faire, nous étudierons dans un premier temps de la ligne 1 à la ligne 14, la première rencontre avec cette idée non pas impensable, mais invivable à son propre compte et qu’il préfère fantasmer collective ; dans un deuxième temps, il raconte comment il est passé à un fantasme de jugement et de domination ou toute-puissance, de la ligne 15 à la ligne 39 pour finir, de la ligne 40 à la ligne 58 par l’évocation de la « Terreur », d’un accès de violence qui soulage sa rage d’avoir à mourir seul ou le premier. Voyons donc comment Louis rend compte dans ce nouveau monologue, de sa relation chaotique avec la mort, qu’on ne peut recevoir comme argent comptant, qui pose ce problème tragique de la finitude, de la rupture inconcevable d’avec les vivants, ceux qui vont rester.

C’est donc bien comme d’un parcours initiatique dont il s’agit ici comme l’atteste le groupe prépositionnel complément circonstanciel de temps « Au début » et qui prend d’emblée une tournure poétique dans la tentative de l’auteur de dire d’une façon ou d’une autre, ce qui ne peut être froidement dit.

La difficulté de dire, l’incommunicabilité, qui fonde la relation conflictuelle au sein de la famille, gagne ici la relation avec soi.

D’infinies précautions retardent le premier aveu : « ce que l’on croit – j’ai cru cela- ce qu’on croit toujours, je l’imagine ».

Louis fait alterner la tournure impersonnelle introduite par le pronom indéfini « on », qui a pour fonction de noyer le poisson, de mettre à distance une parole qu’il peine à assumer, avec l’emploi du pronom « je » qui rend automatiquement sujet donc responsable de son discours.

Le recours d’autre part à des modalisateurs qui expriment le doute ou la conjecture : « j’ai cru », dont le passé composé nous apprend que cette croyance est révolue et « je l’imagine », montre à quel point la question est problématique, difficile à résoudre et pleine d’embûches.

Les présentatifs : « c’est rassurant », « c’est pour avoir moins peur », contribuent à donner cette impression de précautions, de parole différée, justifiée, annoncée, qu’on ne sait plus comment proférer tant elle est gênante, honteuse peut-être.

Le lecteur voit d’emblée Louis se colleter avec l’inavouable pour dire comment il a essayé « d’encaisser » l’impensable.

Cela dit, la première stratégie, qui relève ici de l’évitement, laisse à désirer : « on se répète à soi-même cette solution comme aux enfants qu’on endort ».

Elle est présentée comme puérile, comme peu crédible : « c’est que le reste du monde disparaîtra avec soi ».

L’emploi du futur a beau faire passer le subterfuge pour réel, c’est trop « beau » ou trop énorme pour être vrai.

Cette échappatoire « rassurante » dans la mesure où il n’y aurait plus cette solitude tragique face à un destin écrasant, ne tient pas debout.

C’est une hypothèse qui se lézarde et se défait comme le suggère la lente détérioration de l’édifice : d’abord, « on croit toujours », mais c’est vite nuancé par « je l’imagine » ; puis « on croit un instant »,. »

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