Sargon d'Agadé, roi de Sumer et Accad2340-2284 av.

« Sargon d'Agadé, roi de Sumer et Accad 2340-2284 av.

JC De toutes les dynasties qui ont régné en Mésopotamie durant près de trois mille ans, et elles sont nombreuses, il n'en est pas qui puisse rivaliser en renommée avec celle qui fut fondée par Sargon d'Agadé au XXIVe siècle avant notre ère.

Elle compta cinq rois et elle se maintint au pouvoir pendant un siècle et demi.

De ces cinq rois deux noms se détachent vigoureusernent, celui de Sargon, le fondateur, et celui de Narâm-Sin, son petit-fils.

Ils ont laissé l'un et l'autre un souvenir extrêmement vivace, dont témoignent les scribes et les devins de Babylonie et d'Assyrie avec leurs copies d'inscriptions officielles du règne de ces deux monarques, des textes de présages et des textes littéraires.

Ce n'est pas sans raison que les historiens modernes ont voulu marquer qu'avec l'avènement de Sargon commençait une nouvelle époque historique et qu'ils appellent volontiers “ présargoniques ” les époques antérieures où s'était affirmée la prédominance du pouvoir sumérien.

Avec Sargon commençait une nouvelle ère historique, où l'élément sémitique allait désormais jouer un rôle important et décisif non seulement en Babylonie mais aussi en Mésopotamie et dans toute l'Asie occidentale ancienne. Nous ignorons le vrai nom de Sargon, qui est, en accadien, Sharrou-kîn et qui signifie “ Roi légitime ”.

C'est là une appellation plutôt inattendue pour un usurpateur ; son nom original nous échappe.

Aussi bien cette singularité n'était-elle pas la seule.

Sa naissance aussi avait été mystérieuse.

Une chronique qui provient de la “ bibliothèque ” d'Assourbanipal le fait parler comme il suit, à ce sujet : “ Je suis Sargon, roi puissant, roi d'Agadé : ma mère était une prêtresse, mon père, je ne le connais pas ; le père de mon père habitait le désert ; ma ville est Atsoupiranou située sur le bord de l'Euphrate ; ma mère, la prêtresse qui m'a conçu, m'a mis au monde en secret.

Elle m'a placé dans un panier de jonc et elle en a fermé la porte avec du bitume ; elle m'a déposé dans le fleuve qui ne m'a pas recouvert.

Le fleuve m'a emporté jusqu'au moment où Aqqi, l'irrigateur, m'a enlevé.

” La suite du texte nous apprend que Aqqi a élevé l'enfant comme son propre fils, qu'il lui a appris le métier de jardinier et que la déesse Ishtar l'aima au cours de l'exercice de son métier.

La déesse de l'amour, Ishtar, qui est aussi la déesse des combats, accordait donc déjà sa protection à Sargon, futur “ roi des batailles ” et de “ l'Univers ”. La légende attribuait donc à Sargon une origine extrêmement modeste : “ ne pas avoir de père ”, en Orient, désigne l'enfant comme un “ enfant trouvé ” ; par ailleurs, le père qu'elle lui a donné appartenait à la classe sociale la plus misérable.

Son destin, comme celui des grandes figures historiques, en sera d'autant plus glorieux.

On le voit tout d'abord à la cour du roi de la ville de Kish : Our-Zababa ; il y obtient la fonction d'échanson du roi.

A cette époque, prévalait toujours sur tout le pays la puissance des cités sumériennes sur lesquelles régnait le roi d'Ourouk, Lougalzagesi.

Sargon conçut le projet de ramener le pouvoir détenu par le Sud sumérien aux mains du roi de Kish, ville importante du Nord, où s'était installé sans doute l'élément sémite.

Il avait réussi à prendre la place de son propre roi, en le détrônant.

Pour parvenir à ses fins, il prit prétexte d'un mauvais traitement que le roi d'Ourouk aurait infligé à un des ambassadeurs de la cour de Kish pour lui déclarer la guerre.

Il avait devant lui un. »