Rwanda (2000-2001): Dissidences et dissensions
Publié le 23/09/2020
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Rwanda (2000-2001)
Dissidences et dissensions
Le premier semestre de l'année 2000 avait été marqué par la démission puis la
fuite à l'étranger du président de l'Assemblée nationale Joseph Sebarenzi Kabuye
et du Premier ministre Pierre-Célestin Rwigema, suivies par l'accession à la
présidence de la République du général-major Paul Kagame, contrôlant dès lors
tous les leviers du pouvoir.
Cette clarification politique n'a cependant pas
produit les effets attendus.
Malgré la tutelle étroite exercée par le Front
patriotique rwandais (FPR) sur les autres partis, dont seule l'existence
formelle était tolérée, une opposition interne multiforme s'est structurée.
De
plus, des dissensions se sont fait jour au sein de l'armée (exerçant la réalité
du pouvoir).
Plusieurs officiers de celle-ci ont fait défection au début de
l'année 2001.
Les principales initiatives politiques du pouvoir, comme la conférence sur la
réconciliation d'octobre 2000 ou la tenue d'élections communales en février-mars
2001, ont fait l'objet d'appréciations contrastées.
L'éviction brutale du
ministre de l'Intérieur Theobald Rwaka Gakwaia en mars 2001 et sa fuite, le 27
avril suivant, en Ouganda puis aux États-Unis ont ouvert une nouvelle phase de
durcissement autoritaire du régime.
En juin 2001, une décision du ministre de
l'Administration locale, Désiré Nyandwi, a évincé la direction élue du Mouvement
démocratique républicain, le plus ancien parti rwandais et membre de la
coalition au pouvoir, pour nommer à sa tête des éléments minoritaires proches du
FPR.
Le 25 juin, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité une résolution
demandant l'inculpation de l'ancien président de la République, Pasteur
Bizimungu, en fonctions de juillet 1994 à mars 2000, en réaction à l'annonce par
ce dernier de la création d'un parti politique indépendant, le Parti pour le
renouveau démocratique.
Dans le domaine de la justice, le Parlement a défini en mars 2001 un nouveau
système de justice populaire (gacaca) devant permettre de juger en cinq ans la
plupart des 120 000 prisonniers inculpés de génocide (celui-ci avait fait
plusieurs centaines de milliers de victimes tutsi en 1994).
Toutefois,
l'acquittement en juin 2000, faute de charges consistantes, de l'évêque
catholique Mgr Misago, puis sa nouvelle inculpation en avril 2001 ont relancé
une polémique plus large sur l'utilisation des poursuites judiciaires à des fins
partisanes.
De son côté, souvent critiqué pour sa lenteur (huit condamnations de
1996 à 2000), le Tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR) a connu de
nouveaux atermoiements.
Le 7 juin 2001, le seul jugement rendu en un an a conclu
à l'acquittement du prévenu et relancé une vive polémique sur les
dysfonctionnements du bureau du procureur.
Vis-à-vis des pays voisins, l'Armée patriotique rwandaise s'est imposée comme
garante de l'ordre régional.
En juin 2000, elle a pris le contrôle de Kisangani
(Congo-Kinshasa) après avoir défait les troupes de son ex-allié ougandais.
En
décembre 2000, malgré des pertes très importantes, elle s'est emparée de
plusieurs villes congolaises stratégiques au Katanga, près de la frontière
zambienne, et a sécurisé le Burundi.
Ces succès militaires sur le terrain
étaient néanmoins ternis au niveau diplomatique par le vote d'une résolution du.
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