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Rimbaud Roman explication linéaire

Publié le 06/03/2024

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« Séance 2 : Explication linéaire 1 « Roman » Les Cahiers de Douai ont été écrits en 1870 par Arthur Rimbaud, jeune poète de 16 ans et recopiés lors de son séjour à Douai chez son professeur George Izambard, encouragé par Paul Demeny, son ami poète.

Ce dernier décidera de les conserver alors que Rimbaud lui avait demandé de les brûler.

Les Cahiers seront publiés à titre posthume en 1893. Le recueil est composé de 22 poèmes divisés en deux parties : le premier cahier comporte 15 poèmes et le second 7.

Le poème « Roman » fait partie du premier Cahier.

Il est composé de 8 strophes regroupées en 2 quatrains, formant ainsi quatre sections numérotées comme dans un roman.

Il est écrit en alexandrin avec des rimes croisées. Rimbaud, adolescent, y raconte ses premiers émois amoureux avec la rencontre d’une jeune fille, reprenant certains codes du romantisme. (Lecture du poème) Pour répondre à la problématique « Comment Rimbaud détourne-t-il les codes du romantisme ? », seront étudiés quatre mouvements : d’abord l’insouciance adolescente, puis les premiers émois amoureux avec la rencontre de la jeune fille et enfin la rupture de cet amour éphémère. Tout d’abord, le premier vers du poème « On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

» semble se présenter d’abord comme une confidence autobiographique, mais l’emploi et la répétition du pronom indéfini « on » modère cette première impression pour suggérer une expérience plus large, universelle, à laquelle le lecteur peut s’identifier.

Le choix du « on » - et non l’emploi du « je », cher aux poètes romantiques pour exprimer leurs états d’âme - révèle aussi le souhait de Rimbaud d’opérer une distance critique et de s’écarter des codes lyriques traditionnels pour relater avec ironie ses premiers élans amoureux. Les circonstances du récit s’organisent en deux temps : l’auteur donne d’abord des éléments d’ordre autobiographique : les « dix-sept ans » évoquent l’âge de Rimbaud, né en 1854. Un cadre spatio-temporel précis est mis en place dans un second temps : la scène se déroule « un beau soir » (v.

2), à la fin du printemps et au début de l’été « bons soirs de juin » (v.

5).

La saison ainsi que l’heure sont donc propices à la rencontre amoureuse. Le poète quitte donc les « cafés tapageurs » de la ville pour profiter de la nature environnante qui éveille tous ses sens : sa vue (« les tilleuls verts, v.

4), son odorat (« les tilleuls sentent bon », v. 5), son ouïe (le « vent chargé de bruits », v.

7) puis son goût (« parfums de bière », v.

8).

Le jeune poète s’ouvre avec délectation à la sensualité du monde. Cet enthousiasme sensoriel se traduit également par l’usage d’une ponctuation expressive avec les deux points d’exclamation des vers 3 et 5 qui révèlent la joie éprouvée par le poète. Enfin, cet élan passionné se manifeste aussi par les répétitions des termes « bons » (v.

5) et « parfums » (v.

8). Cette deuxième section du poème retrace les premiers émois amoureux du jeune poète.

Les vers 9 à 12 décrivent sa rêverie sentimentale déclenchée par la vue d’« un tout petit chiffon / D’azur sombre » qui évoque probablement le vêtement de couleur bleu porté par la jeune fille entrevue par le poète. Cette rencontre amoureuse ne se caractérise pourtant pas par son romantisme.

Rimbaud en atténue le lyrisme et modère l’enthousiasme du jeune poète par la description qu’il donne du ciel nocturne : l’adjectif « petit » répété à 3 reprises (v.

9, 10, 12) déprécie la beauté de la nuit. L’enthousiasme amoureux de l’adolescent s’exprime par de nombreux procédés, notamment les exclamatives du vers 13 « Nuit de juin ! Dix-sept ans ! ».

La brièveté de ces deux phrases nominales brise le rythme et la régularité de l’alexandrin pour signifier l’ivresse qui s’empare du jeune homme. Cette ardeur se signale aussi par l’emploi du champ lexical de l’ivresse :« griser », v.

13 ; « champagne », v.

14 ; « monte à la tête », v.

14 ; « divague », v.

15.

La romance vécue par le poète se place sous le signe de l’excellence : le « champagne », boisson noble, se substitue à la bière (v.

8) au caractère populaire. Le premier hémistiche du vers 14 insiste également sur la griserie que procure ce champagne, dont le goût évoque la sève des tilleuls présents le long de la promenade.

Cette sève symbolise bien l’éveil du jeune homme à une sensualité qui le rend euphorique. Enfin, l’usage des points de suspension aux vers 12, 14 et.... »

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