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Rimbaud, Cahier de Douai : émancipations créatrices

Publié le 16/04/2024

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« Rimbaud, Cahier de Douai : émancipations créatrices Le Cahier de Douai est un ensemble de 22 poèmes rédigés entre mars et octobre 1870 par Arthur Rimbaud : un adolescent qui n'avait même pas seize ans(1).

Ces premiers poèmes témoignent déjà du talent et de la fougue de ce jeune poète traversant, comme un météore, le monde des lettres : en seulement cinq ans d'écriture, Rimbaud a considérablement marqué la poésie française.

Il cessera d'écrire après 1875, envoyant son dernier poème connu, « Rêve », à son ami Ernest Delahaye. I.

Sous la plume d'un écolier buissonnier Feuilles volantes Le titre de ce recueil ne fait toujours pas l'unanimité et on peut les trouver publiés aussi bien sous le titre de Cahier de Douai, au singulier, que celui de Cahiers de Douai, au pluriel.

À cela, une raison simple : ces poèmes ont été rédigés par Rimbaud sur deux types de feuilles différents.

Les quinze premiers poèmes ont été écrits sur du papier écolier et les sept derniers sur du papier à lettres, de format plus petit.

On peut alors y voir un seul « cahier » composé de ces deux ensembles de feuilles distinctes ou deux « cahiers » si l'on prend en compte la différence de papier.

La localisation, « de Douai », a, elle, été choisie en référence à la ville où Rimbaud s'est rendu pour recopier ses textes, chez son ancien professeur Georges Izambard, et les remettre à leur ami, le poète Paul Demeny, dans l'espoir sans doute de les faire publier.

En 1871, dans une lettre datée du 10 juin, Rimbaud demande pourtant à Demeny de les détruire. Ce dernier n'en fera rien.

Mais c'est grâce à l'intérêt que l'écrivain Rodolphe Darzens portera à Rimbaud, des années plus tard, que ces 22 poèmes seront pour la première fois publiés ensemble(2) (avec d'autres poèmes écrits ultérieurement), en 1891, peu de temps avant que l'on apprenne sa mort. Une écriture au jour le jour Outre la différence de papier, la raison pour laquelle la critique littéraire se divise sur le fait de considérer ces poèmes comme un « recueil » est l'absence patente de construction d'ensemble.

On ne trouve pas, en effet, d'unité thématique, bien que certaines veines soient repérables comme la satire politique, religieuse ou sociale et l'expression des sentiments amoureux.

Il n'y a pas non plus d'unité formelle : les quinze poèmes du premier feuillet sont de forme très variable ; les sept poèmes du deuxième feuillet sont, eux, tous des sonnets.

Il faut donc percevoir ces poèmes comme écrits au jour le jour et inspirés à Rimbaud par la découverte qu'il fait du monde à cette époque.

Si les poèmes ne sont pas classés par ordre chronologique et si certaines des dates qui les accompagnent sont les dates auxquelles Rimbaud les a recopiés et non écrits, il n'en reste pas moins qu'ils sont fortement liés aux événements historiques comme aux événements personnels de la vie de Rimbaud.

Le poème « Morts de Quatre-vingt-douze...

» porte ainsi la mention « Fait à Mazas, le 3 septembre 1870 » : Mazas est la prison où Rimbaud, ayant fugué, fut incarcéré quelques jours entre fin août et début septembre pour avoir voyagé sans billet de train(3).

Le lecteur le suit ainsi à travers ses pérégrinations, de fugues en retours, de retours en fugues comme dans « À la musique », « Au Cabaret-Vert », « Ma bohème ». II.

La fureur de la poésie Appétit de vivre et truculence poétique Car Rimbaud ne tient pas en place et ses poèmes reflètent son appétit de vivre.

Tout fait poésie chez lui, il ne s'interdit aucun sujet, et surtout pas ceux jugés non poétiques, s'inscrivant en cela dans le sillage tracé par Baudelaire.

Ainsi, point de beau dans la « Vénus anadyomène », mais au contraire le portrait grotesque et terrible d'un corps de femme abîmé par la vie et luttant vainement contre l'usure du temps, se « pommad[ant] », se « ravaud[ant] » et parée seulement d'un « ulcère à l'anus », chute sur laquelle se conclut le poème.

Rimbaud ne sépare pas vie et poésie, bien au contraire, il fait entrer la vie et son cortège de prosaïsmes dans la poésie.

Il nous ouvre les portes du cabaret dans « Au Cabaret-Vert » et « La Maline », sans rien retrancher de la réalité des choses : ni la « gousse d'ail » qui « parfume le jambon rose et blanc », ni la faute d'accord de la servante qui.... »

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