Rêvé pour l'hiver analyse linéaire - Arthur Rimbaud
Publié le 23/04/2024
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Texte n°1 –
Rêvé pour l’hiver, Rimbaud
Introduction :
Arthur Rimbaud, né est 1854, est un poète français qui a influencé les poètes du XIX et XXème siècle en
introduisant la modernité dans la poésie.
Adolescent révolté et poète visionnaire, il se distingue par son écriture où les images se déploient comme des
hallucinations.
Il n’a que 16 ans lorsque beaucoup de ses poèmes regroupés dans le Cahier de Douai font part de ses
premiers émois amoureux.
Parmi ces textes, Rêvé pour l’hiver, rédigé en 1870 lors d’une de ses fugues d’adolescent vers la Belgique, et qui sera
publié l’année même de la mort de l’auteur en 1891.
Ce poème joue sur un rappel de sonnet avec ses 2 quatrains et 2 tercets avec comme schéma de rimes :
abab, cdcd, eef, ggf.
Cependant il instaure une variation originale de vers de longueur et facture différente :
Alexandrins alternent avec des hexasyllabes ou octosyllabes.
Cette alternance de vers longs et courts peut rappeler l’élégie latine souvent consacrée à l’expression amoureuse et
érotique dans l’antiquité romaine.
Rimbaud était fin latiniste.
Dédié à une femme peut-être imaginaire : « A ***Elle », ce poème rêve d’un voyage amoureux à la fois plein
de douceur, de réconfort et d’espièglerie.
Mais comment s’exprime dans cette forme poétique originale, le désir d’amour, de liberté et de réconfort d’Arthur
Rimbaud ?
C’est la question que nous nous poserons et pour y répondre nous étudierons tout d’abord les vers 1 à 8, la
naissance d’un rêve de confort, d’intimité et de chaleur en lien avec l’imaginaire du voyage en train.
Puis des vers 9 à 14, avec quelle espièglerie le jeune poète met-il en vers sa stratégie de séduction et le récit
de ses jeux amoureux ?
1/ Un rêve de confort et d’intimité :
A) Un intérieur propice à l’idylle amoureuse (v.1 à 4)
Le titre « rêvé pour l’hiver » avec son participe passé (« rêvé ») et son complément de but (« pour l’hiver »),
évoque l’imagination d’un projet, l’expression d’une volonté relative à cette saison particulière.
Le futur omniprésent (« nous irons » v.1 ; « nous serons » v.3 ; « tu fumeras » v.4 …) témoigne du caractère
encore non réalisé du ces intentions.
La première image de ce voyage idéal est celle du réconfort apporté par l’étroitesse du compartiment du
wagon : (« le petit wagon rose » v.1).
En effet, la couleur est chaleureuse, féminine, et compose avec le bleu des coussins (v.2) un intérieur un peu naïf et
enfantin, plein de douceur.
Les rimes croisées soulignent cette sensation apportée par les couleurs : « rose » rime avec « repose » (v.1 et 3),
« bleus » avec « moelleux » (v.2 et 4).
La métaphore du « nid » et l’expression « nous serons bien » (v.3), ainsi que l’aspect « moelleux » de
« chaque coin » (v.4) confirment cette impression de confort et d’intimité chaleureuse.
La thématique amoureuse et sensuelle ne se fait pas attendre.
En effet, la métaphore du « nid de baisers
fous » (v.3) laisse imaginer la passion des ébats amoureux qui peuvent avoir lieu en « chaque coin » de ce
compartiment.
On observe donc que ce quatrain instaure un jeu rythmique pour évoquer les cahotements du train ou pour
donner un touche d’espièglerie et d’ironie au poème.
En effet, le vers 1 ne tient pas compte de la césure 6/6 et tend vers un rythme 5/7 mais le vers 2 rétablit le rythme
de 6 syllabes.
Le vers 3 constitue un alexandrin de facture avec sa coupe romantique 4/8, tandis que le vers 4 rétablit à nouveau le
rythme.
B) Les chimères de la nuit au dehors (v.5 à 8)
Nous passons du pronom « nous » désignant le couple au pronom « tu » (v.5) qui fait soudain apparaître le
visage de la jeune femme (« tu fermeras l’œil » v.5).
Telle que l’imagine Rimbaud, cette jeune femme est impressionnable, enfantine : elle a peur du noir.
L’Alexandrin est de nouveau déséquilibré et tend vers un rythme 5/4/3 : « tu fermeras l’œil / pour....
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