résumé Les Caractères par chapitre
Publié le 08/06/2025
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«
PRESENTATION/ RESUME PAR CHAPITRE
CHAPITRE V : « DE LA SOCIETE ET DE LA CONVERSATION »
Le chapitre étudie l’homme dans la société de son temps (XVIIe siècle).
L’auteur centre son
propos sur les rapports entre les hommes au sein de la société, examine les mécanismes de
leurs échanges.
La « Conversation » est ici à comprendre à la fois comme dialogue et comme
sociabilité.
Le moraliste dénonce les faux-semblants de cette vie sociale : Acis qui emploie un
langage ampoulé que nul ne comprend (7), Arrias qui parle de ce qu’il ne connaît pas (9),
Théodecte qui occupe l’espace sans laisser de place aux autres (12)… Tous tentent d’imposer
leur parole et se révèlent aussi ridicules qu’insupportables, ce qui conduit le sage à la tentation
de la retraite.
(Dernière remarque du chapitre, remarque 83 : « le sage quelquefois évite le
monde, de peur d’être ennuyé »).
A ces valeurs idéales (règles de la conversation (16) et de
la convivialité (31-33)), mais dont on use mal, le moraliste va cyniquement opposer le véritable
ordre, qui selon lui, fait aller le monde comme il va : celui de l’argent et du pouvoir.
CHAPITRE VI : « DES BIENS DE FORTUNE »
Le chapitre peut se lire comme une réflexion sur la pertinence du double sens de son titre
(polysémie du mot fortune) : des biens consistant dans la richesse, et des biens venant du
hasard : La Bruyère voulant précisément montrer comment la richesse n’est qu’un hasard.
C’est ce qui explique la présence dans ce chapitre de fragments consacrés au jeu ou à
l’héritage.
Les biens de fortune sont donc à comprendre comme l’antithèse du « Mérite personnel »
(chapitre II des Caractères).
La Bruyère s’en prend particulièrement aux financiers et à ceux qui s’enrichissent de la levée
de l’impôt.
Une des conséquences de leur enrichissement est la mobilité sociale amenant à
un mélange, par le mariage, de la noblesse et qui cherche à s’enrichir, et de la roture, friande
d’ennoblissement.
L’écrivain est ici parfaitement conservateur de la différence des ordres.
Ainsi sa critique du hasard et de l’héritage s’inscrit aussi dans le cadre de ce conservatisme.
Enfin se dégage de ce chapitre un portrait particulièrement élogieux de l’écrivain philosophe
qui lui s’occupe des vrais biens.
C’est lui qui est donc véritablement l’honnête homme, celui
qui cultive les vrais biens, ceux de l’âme, et non le magistrat qui s’enferme dans son cabinet
au milieu de ses registres.
Il est intéressant de constater que La Bruyère attribue ici au
magistrat ou au financier le défaut qu’on pouvait lui reprocher sur le philosophe mal dégrossi,
peu rompu aux civilités : il y a une différence entre la bonne et la mauvaise réclusion : le vrai
philosophe, même au fond de son cabinet, doit laisser sa porte ouverte à tous.
Et face aux
changements de fortune, l’écrivain-philosophe se satisfait d’une stabilité qui le met aussi loin
du luxe que de la et lui épargne la mauvaise conscience des riches.
Face au mépris dans
lequel les gens riches tiennent les philosophes ou l’écrivain, il revendique la gloire future,
beaucoup plus longue que la réussite présente.
CHAPITRE VII « DE LA VILLE »
Ce court chapitre évoque certains aspects de la vie à Paris (il y a des noms de quartiers, on y
voit la Seine, les Tuileries…), et il est logique, dans la mesure où La Bruyère s’en est pris dans
le chapitre précédent aux nouveaux riches, qui imitent la noblesse de la Cour, qu’il s’en prenne
ici aux riches bourgeois de la ville.
On retrouve ici cette même répugnance à accepter la
mobilité sociale (le dernier fragment 22 est un modèle de l’idéologie conservatrice).
Ce qui
frappe l’écrivain, c’est d’abord le caractère vide d’une vie faite pour la parade : la ville est « le
théâtre de la vanité » (11).
Parade d’autant plus ridicule que chacun essaye d’imiter celui qu’il
n’est pas.
Les femmes, elles non plus, ne sont pas épargnées pour un comportement
identique.
Ainsi, il peint leur curiosité indiscrète (2), leur attention uniquement portée sur la
richesse (15).
Le moraliste dénonce (16) une fatuité (elles font une grossière imitation de la
Cour) qu’il juge plus condamnable que la grossièreté des femmes du peuple ou que la rusticité
villageoise, car c’est là de « l’affectation » : et donc une sorte d’hypocrisie.
Et pour finir son chapitre, La Bruyère oppose l'âge d’or champêtre et frustre au luxe insolent
des bourgeois.
En contrepoint de la ville, il évoque ainsi la simplicité des anciens temps :
quand ce raffinement n’existait pas dans les villes, et quand on connaissait mieux le monde
rural ; la ville est devenue un « non-lieu », elle singe la Cour, et elle a perdu le contact avec
les choses de la nature ; on y mène une vie anti-naturelle d’après l’auteur.
CHAPITRES VIII et IX : « DE LA COUR » et « DES GRANDS »
La Cour, avant « les Grands » parce que la Cour est la quintessence de la « civilité » (=
« civilisation »).
Elle est le sommet de la pyramide sociale, le lieu où convergent tous les
regards, le modèle que s’appliquent à imiter « les gens de la ville, le lieu que désirent rejoindre
tous les nobles provinciaux.
La Cour représente aussi ‘le monde tout entier ».
Etudier la Cour, c’est donc étudier ce que le Français se donne comme idéal.
Or La Bruyère,
prenant le contrepieds des traités qui veulent former le courtisan parfait et rejoignant la veine
satirique qui dénonce l’hypocrisie de la Cour, va s’attacher que ce qui est la pointe extrême de
la civilité est aussi le lieu où l’on voit le plus clairement ce qui fait l’essence de l’homme : la
Cour permet de voir au mieux, comme en stylisés, les ressorts de l’action humaine, et donc le
lieu d’observation par excellence, comme à l’état pur, des comportements (cf.
Des Grands 53 :
« À la Cour, à la ville, mêmes passions… etc.
ou De la Cour 100 : « Qui a vu la Cour a vu du
monde ce qui est le plus beau… Qui méprise la Cour après l’avoir vue méprise le monde »).
//
THEATRUM MUNDI
La cour : lieu de fascination
Lieu de fascination pour le courtisan comme pour l’écrivain : c’est un lieu qu’il faut voir, et
où il faut être vu : prototype de la réussite.
➢ Pour le courtisan
Il s’agit d’une part de VOIR : tout l’orgueil du courtisan réside dans cette possibilité cf.
4 ou 74
(les courtisans, leurs faces « élevées vers leur Roi »), et d’autre part d’être vu (l’un étant
corrélatif de l’autre) : être remarqué pour obtenir des faveurs cf.
71 (« mille gens… font la foule
pour être vus du Prince… etc.
» ou en 62, ce personnage « qui sait se placer pour être vu »).
Ce souci d’être vu implique que le courtisan tienne un rôle (être vu dans son meilleur aspect) :
donc un jeu permanent où le masque triomphe cf.
99 : le monde comme lieu d’une comédie
perpétuelle.
➢ Pour l’écrivain :
À ce jeu, La Bruyère en préfère un autre : il s’agit d’adopter un autre point de vue où les choses
apparaîtront dans leur vérité : VOIR ceux qui voient ou veulent être vus, pour dénoncer la
vanité et la dissimulation.
Un changement de point de vue qui ferait apparaître la Cour
comme une autre planète (74) où un œil neuf verrait enfin la réalité.
(de même en 50 : se
proposant de faire voir au lecteur la vérité d’un « visage heureux », il y lit le malheur futur.
Ainsi
il recommande au favori de s’observer avec autant d’exactitude que lui, La Bruyère l’observe,
et d’en tirer les conséquences sur la réalité des choses.
On voit donc qu’il y a un rapport double de fascination dans ce double jeu de regards : s’il
s’agit pour le courtisan de voir et d’être vu, il s’agit pour l’écrivain de voir aussi (même
fascination pour son objet, non plus le Roi mais l’Homme) et d’être vu / lu : voir pour être
ensuite l’objet des regards.
Lui aussi « joue » en faisant rire.
Mais le but est tout différent : audelà de la réussite personnelle, il s’agit de montrer la vérité des conduites ; donc avec des
moyens identiques (la parole, l’art de plaire cf.
79, le courtisan comme l’écrivain accordent une
même importance au mot, bien ou mal dit, pour obtenir fortune à la Cour, ou fortune littéraire)
le but est tout autre : le courtisan veut réussir et par là il montre sa....
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