RENOUVIER

« RENOUVIER (1815-1903). Les premiers disciples français de KANT ont été séduits surtout par la morale du maître, avec son postulat de librearbitre.

Nettement idéalistes, ils pensent que notre vue du monde dépend foncièrement d'un acte libre qui décide dece qui est vrai.

En réaction contre les positivistes, leurs contemporains, ils sont des philosophes de la contingenceet de la liberté.

Dans l'ensemble, ils sont très religieux : le mathématicien Augustin COURNOT (1801-1877), JulesLEQUIER (1814-1862), Jules LACHELIER (1832-1918), sont des catholiques fervents; le Suisse Charles SECRÉTAN(1815-1895) et Charles RENOUVIER sont des protestants convaincus.

LACHELIER a exercé une profonde influencesur ses élèves, mais il n'a presque rien écrit.

Nous ne parlerons que de RENOUVIER, chef du « néo-criticisme ».Charles RENOUVIER naquit à Montpellier et fut polytechnicien, comme COMTE.

qu'il eut d'ailleurs pour répétiteur.Principaux ouvrages : Essais de critique générale (1851-1864) et Science de la morale (1869).I° Phénoménisme.

RENOUVIER reconnaît avec KANT que notre connaissance ne dépasse pas les phénomènes, c'est-à-dire des relations; mais, plus logique, il rejette le noumène.

Il n'y a que des apparences qui apparaissent à uneapparence.2° La liberté.

Parmi les phénomènes, le plus irrécusable est la liberté.

Il est à la base de tous les autres.

En effet, iln'est pas d'évidence absolument contraignante, pas même celle du principe de contradiction.

Celui-ci u se ramène àla ferme volonté de refuser son assentiment et le titre de vérité à toute proposition qui renferme des élémentscontradictoires entre eux ».

(Critique philosophique, II, 244.) Autrement dit, le point de départ de la connaissanceest une option.3° Postulats de la liberté.

Les postulats de la liberté sont la moralité, l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu.4° Finitisme.

Un nombre infini, c'est-à-dire innombrable, est contradictoire.

D'où la loi du nombre : toute totalité ouréalité est finie.

La série des phénomènes est limitée dans l'espace et dans le temps.

Dieu lui-même, conçu selon untype volontariste, est fini.5° Personnalisme.

A la fin de sa vie, dans la Nouvelle monadologie (1899), RENOUVIER fait de chacun des sujetslibres ou personnes de véritables substances dynamiques à la façon des monades de LEIBNIZ.

Si on donne aux motsleur sens actuel, il ne s'agit pas de personnalisme, mais plutôt d'individualisme, puisque chaque monade est isolée,sans rapports avec les autres.. »