Rafael Albertiné en 1902En Andalousie maritime, parmi les marais salants et les vignobles, en cet extrêmeSud-Ouest de l'Espagne où la blancheur des maisons contraste violemment avec le bleu duciel.

« Rafael Alberti né en 1902 En Andalousie maritime, parmi les marais salants et les vignobles, en cet extrême Sud-Ouest de l'Espagne où la blancheur des maisons contraste violemment avec le bleu du ciel.

En cet endroit d'Espagne où la contradiction entre riches et pauvres atteint son paroxysme, à Puerto de Santa-Maria — relié à Cadiz par une simple langue de sable — dans cette région de gros propriétaires de terres, de caves et de taureaux sauvages, d'hommes qui passent leur vie entre les champs et les pressoirs naît Rafael Alberti, d'une famille fortunée, d'une de ces familles qui furent pendant des siècles le miroir et le symbole de la seigneurie dominatrice du pays. L'enfance de Rafael est celle d'un petit garçon riche ; il va au collège de Puerto et joue dans ce paysage de son “ enfance passée dans les vignes et à la pêche ”.

Puis une adolescence difficile, passionnément consacrée à la peinture, s'avère chaque jour plus incompatible avec le traditionnel et sévère cercle familial. A 18 ans, il part pour Madrid.

Une lésion pulmonaire l'oblige à s'éloigner dans la Sierra de Guadarrama.

Il écrit un recueil de poèmes intitulé Mer et Terre.

Quelqu'un l'incite à présenter ce livre au Prix national de Littérature.

Il s'y décide en lui donnant un nouveau titre : Marin à terre .

Antonio Machado, Menéndez Pidal, Gabriel Miro et Moreno Villa, membres du jury, lui décernent le prix.

Rafael Alberti est entré dans le monde poétique de l'Espagne.

En 1926, il publie la Maîtresse et l'année suivante l'Aube de la giroflée , livres qui gardent la fraîcheur de leurs sources de tradition populaire.

Arrive 1927, année où la jeune génération de poètes espagnols, s'appuyant sur la revalorisation de Gongora lors de son troisième centenaire, renoue en réalité avec le surréalisme triomphant en Europe. Ce phénomène, dont l'évolution était sensible dans Chaux et chant , s'introduit dans le monde confus et pathétique de ses esprits qu'il appelle ses “ anges ”. A propos des anges paraît en 1929.

A cette époque, au moment même où la patrie est en pleine crise révolutionnaire (1930), Alberti traverse sa crise poétique que marque un poème intitulé Élégie civique qui allie une forme encore surréaliste avec la révolte sociale la plus enflammée. Alberti, homme et poète, cherche sa voie.

Il la cherche et la trouve ; il rencontre Maria Teresa Leon, la compagne de sa vie.

Il la cherche dans l' œ uvre théâtrale ; ému par les héros républicains, il écrit et présente son œ uvre intitulée Fennin Galan .

Il voyage en Espagne et en Europe avec Maria Teresa.

Il est décidé à rompre avec le passé.

Il ne veut pas “ mourir... sans laisser de participation dans les hymnes futurs, de souvenir aux hommes qui jugent le passé mélancolique de la Terre ”.

Il appelle ses anciens serfs pour “ que sonne l'heure où le monde va changer de maître ”. Il se lance à fond dans la poésie et combat et écrit Consignes, pamphlets poétiques où réapparaît la forme néo-populaire.

Il fait avec Maria Teresa son premier voyage en Union soviétique, fait la connaissance de Gorki, de Romain Rolland, de Malraux et d'Aragon. Toujours avec Maria Teresa, il fonde et dirige la revue Octobre “ d'écrivains et d'artistes révolutionnaires ”.

En 1935, il part pour l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale.

De ce voyage naît un livre intitulé Treize bandes et quarante-huit étoiles , d'essence hispanique et antiyankee, qui possède aujourd'hui d'étranges résonances d'actualité.. »